19 juillet 2017

Port Macquarie

Les adieux à Coffs Harbour faits, nous partons vers notre 2ème destination, Port Macquarie, une station balnéaire, située à environ 390km au nord de Sydney. Mais avant de nous lancer pour 4h de voiture, un arrêt à des douches publiques ne serait pas du luxe. N’ayant pas eu l’occasion de nous laver ni la veille, ni cette journée, nous avons comme une envie de nous savonner un peu, nous sentir frais, revigorés, bref dans les meilleures conditions possibles avant que la nuit ne tombe. Pour palier à cette situation, je me munie de mon meilleur ami durant ce road trip à savoir mon smartphone et ouvre l’application « Campermate ». Ni une ni deux, mon Samsung nous géolocalise sur la map de l’Australie et affiche toutes les douches publiques dans les alentours. Après avoir lu les avis des autres utilisateurs, j’en sélectionne une à quelques kilomètres de Coffs Harbour sur une plage un peu isolée, lieu parfait pour ne pas être trop dérangé par les gens.

C’est ainsi que nous arrivons à Hungry Head Beach où nous trouvons des douches à l’intérieur du Surf Club de la plage. A cet instant, un sentiment de bonheur nous envahit, je ne me serais jamais douté que le paradis sur terre pouvait ressembler à ça : un jet d’eau froide, sans rideau bien entendu, avec comme déco du carrelage blanc usé par le temps et un tag rouge à moitié effacé. Pour couronner le tout, une petite odeur d’urine s’échappe des toilettes, placées juste derrière, et embaume l’ensemble de la pièce. Malgré tout cela, je peux vous assurer que vous remercier Dieu de ce magnifique cadeau ! Au moins, la douche n’est pas à l’extérieur et il n’y a personne dans un rayon de plusieurs kilomètres. J’attrape mon savon, ma serviette et mon rechange pour courir vers la « salle de bain » où je me lave rapidement dû à l’eau glacée qui jaillit du pommeau. La douche est assez spartiate mais bon ce n’est rien par rapport à ce que les vrais spartiates devaient endurer. C’est vrai, comparé au fait de passer un hiver entier à devoir vivre (ou plutôt survivre) loin de tout, à seulement 12 ans afin d’être reconnu et accepté par sa tribu, se laver à l’eau froide dans un endroit peu accueillant, c’est le Club Med !

Douche Hungry Head Beach
La fameuse douche de Hungry Head Beach

 

Les ablutions terminées, nous profitons d’être ici pour visiter les alentours. La plage de sable fin est totalement déserte. Non loin de là, nous apercevons une falaise où l’on devrait avoir une vue sur Hungry Head Beach. Sans hésiter, nous nous y rendons et avons droit à un spectacle splendide : sous un ciel dégagé et ensoleillé, une plage s’étend sur des kilomètres avec l’océan à perte de vue. Après avoir admiré ce paysage pendant une dizaine de minute, il est maintenant temps de partir pour éviter de devoir rouler dans la nuit qui va tomber d’ici 2h.

Hungry Head Beach
La plage de Hungry Head Beach
Vue Hungry Head Beach
Vue sur la plage de Hungry Head Beach

 

Je prends le volant mais fatigué, je laisse très vite ma place à Jade. J’en profite alors pour chercher un free camp où passer la nuit aux abords de Port Macquarie. La tâche n’est pas facile et 2 possibilités s’offrent à nous :

  • Une aire d’autoroute, trop proche de la voie rapide, où le bruit est paraît-il insupportable,
  • Une clairière, au calme, à l’intérieur d’une forêt un peu angoissante quand la nuit tombe.

Exténué, je choisis la clairière où je pourrais dormir sans être dérangé par les moteurs de voiture. Cependant, lorsque nous nous engageons dans la forêt, je me rends compte que le lieu est beaucoup plus effrayant que je ne l’avais pensé. Le décor est digne d’un film d’horreur : un petit sentier que nous devons emprunter très prudemment au vu des trous disséminés un peu de partout, des arbres immenses où des cris d’oiseaux émanent des branches et une clairière située devant l’entrée d’un terrain de paintball. Cerise sur le gâteau, nous sommes seuls, ce qui n’est pas du tout rassurant.

Trop tard pour changer d’avis. Nous déballons les affaires nécessaires pour passer la nuit ici et discutons autour de notre table de camping, allumée par une simple bougie. Au bout d’un moment, un camping car s’arrête devant nous. Aveuglés par les phares, j’aperçois une silhouette s’approcher tout doucement. C’est parti, le film d’horreur peut commencer : qui va être la 1ère victime ? Je ne sais pas mais j’espère que ce ne sera pas moi… Au bout de quelques secondes, nous voyons qu’il s’agit simplement d’un backpacker comme nous, oufff… Ce dernier nous demande si nous sommes bien sur un free camp et soulagés nous lui répondons par l’affirmative. Hésitant à l’idée de s’arrêter ici, nous lui supplions pratiquement de rester, ce qu’il accepte. Comme on dit, plus on est de fous, plus on rit !

Maintenant, nous pouvons partir nous coucher l’esprit tranquille. Cette fois-ci, c’est à mon tour de dormir dans la tente et je ne peux pas dire que le sommeil ait été réparateur. Malgré le calme du lieu (étrangement trop calme), je passe ma nuit à chercher la position la plus confortable possible sans grand succès. Pire, je suis réveillé par des bruits de pas qui se sont arrêtés juste à côté de notre tente. Mon cœur commence à battre de plus en plus vite, je retiens ma respiration et mon imagination envisage les scénarii les plus fous. Je commence à avoir en tête les visages les plus horribles des serial killers de film tels que Freddy et sa peau complètement brûlée, muni de ses griffes rouillées ou encore Jason Voorhees avec son masque de hockey et une hache à la main. Au bout de quelques minutes (qui m’ont paru des heures), les bruits de pas lourds s’éloignent de la tente. Je reprends alors mes esprits, il devait s’agir d’un kangourou tout simplement.

Levé à l’aurore, je sors de la tente et observe le campement à la lumière du jour, totalement différent et moins effrayant que la veille à la nuit tombée. Les filles se réveillent peu de temps après, ce qui nous permet d’être prêt assez rapidement. Pendant que nous terminons notre rangement, le camping car des jeunes backpackers reprend sa route, nous laissant une fois de plus seuls. Les affaires rentrées dans la voiture, j’allume le contact pour rejoindre la voie rapide mais surprise, le moteur ne démarre plus… D’après le bruit que fait Furiosa, j’ai comme l’impression que la batterie a rendu l’âme. 3ème jour de road trip et les galères commencent. Je ne pensais pas que cela arriverait aussi vite. Après avoir râlé quelques minutes, je réfléchis afin de trouver une solution à notre problème mécanique. Je n’en vois qu’une, appeler la RACQ (Royal Automobile Club of Queensland), mon assurance afin qu’un garagiste vienne nous aider.

Au téléphone, je tombe sur une dame très désagréable avec un fort accent australien qui me pose je ne sais combien de questions. Ayant beaucoup de mal à la comprendre je lui fais répéter plusieurs fois, en la suppliant de parler plus lentement. Bien entendu, cette dernière ne fait aucun effort et excédée, crie pour se faire entendre. Pour couronner le tout, elle a le même problème que moi et n’arrive pas à déchiffrer ce que je dis à cause de mon accent français. Au même instant, une voiture s’arrête à côté de nous. En ayant marre de ce dialogue de sourd avec la RACQ, je décide de raccrocher et demander plutôt de l’aide à la conductrice, qui n’est autre que la propriétaire du terrain de paintball. Je lui explique notre problème et très gentiment, elle essaie de nous aider avec notre panne. Afin de redémarrer la batterie grâce à celle de son 4×4 , nous avons besoin de câble qu’elle n’a pas en sa possession. Pas de chance ! Cependant, elle nous informe que des clients ne devraient pas tarder à arriver. L’un d’entre eux aura peut-être l’équipement nécessaire et pourra nous dépêtrer de cette situation qui dure depuis plus d’1h.

Au bout de 30 min, des voitures se garent et là miracle, nous tombons sur un groupe de garagistes munis de câbles ! Ils arrivent à faire redémarrer notre voiture au bout de plusieurs minutes. Nous avons aussi droit à un conseil de leur part à savoir changer la batterie qui est quasiment morte. Voilà, 1er coût que je n’avais pas forcément prévu dans mon budget initial… Préférant la jouer « safe », je décide de suivre leur conseil. Je trouve un magasin « Supercheap Auto » (équivalent d’un « Norauto ») qui sera le 1er lieu que nous visiterons à Port Macquarie. Durant le trajet, j’ai droit à une réflexion de la part de Patricia qui me conseille d’être moins stressé, que la solution n’était pas si compliquée. Il suffit juste de payer les réparations et aller de l’avant. Facile à dire lorsque l’on ne participe pas aux frais… Je préfère ne pas relever ce commentaire totalement inutile et surtout ne pas lui dire le fond de ma pensée (ses réflexions, elle peut se les mettre où je pense) surtout lorsque l’on n’a pas forcément aidé au moment de la panne.

Après m’être délesté de 190$, nous pouvons profiter de la journée et visiter les lieux incontournables de Port Macquarie. 1er arrêt, le phare de la ville. Nous partons sur les hauteurs de Port Macquarie pour profiter également de la vue sur les plages ainsi que de la route côtière que nous avons prévu d’emprunter plus tard. Devant la falaise, se dresse fièrement le phare, gardien des transports maritimes de la ville. L’architecture et les couleurs (blanc et bleu) me font tout de suite penser aux maisons des îles grecques comme Mykonos ou Santorin. Contrairement aux phares que j’ai eu l’occasion de voire en Australie, celui-ci est beaucoup plus petit et atypique.

Lighthouse Port Macquarie
Le phare de Port Macquarie
Lighthouse Beach
Vue sur la plage Lighthouse Beach

 

Le vent étant assez fort, nous prenons quelques photos puis partons rapidement pour rejoindre la plage « Lighthouse Beach ». Nous nous installons sur l’herbe et déjeunons en toute tranquillité, abrités des rafales qui donnent à l’eau une couleur blanche écume. Après ce repas frugal, nous partons faire un peu d’exercice pour éliminer tout ça. Nous empruntons un chemin de randonnée qui longe toute la côte de Port Macquarie. Nous marchons de plage en plage toutes aussi magnifiques les unes que les autres.

Coastal Road Port Macquarie
Le chemin côtier de Port Macquarie
Plage Port Macquarie
Plage de Port Macquarie
Coastal Road Port Macquarie
Plage de Port Macquarie sur la Coastal Road

 

Au bout de plus d’1h de marche, nous décidons de rebrousser chemin afin de récupérer la voiture et nous rendre à notre 3ème arrêt, le « Breakwall ». Situé à l’entrée d’un bras de mer, commencement de la rivière Hasting, le Breakwall est célèbre pour ses rochers peints à la main par des touristes ou les habitants des alentours. Chaque rocher a une peinture qui lui est propre et témoigne d’un message que les personnes ont voulu laisser. Certains sont uniquement une trace du passage d’un groupe d’amis ou d’une famille à Port Macquarie. D’autres, sont des œuvres d’artistes qui ont voulu représenter une plage, un surfeur sur une vague, un dragon… Ils utilisent intelligemment la forme du rocher pour donner vie à leur peinture, donnant l’impression que celle-ci va jaillir de la roche. Enfin, certains sont des hommages à des personnes chères, disparues trop tôt et deviennent ainsi des pierres tombales exprimant la tristesse mais aussi l’amour des auteurs envers leur proche décédé.

Breakwall
Les rochers du Breakwall
Breakwall beach
Vue sur la plage du Breakwall
Rochers Breakwall
Moi posant sur les rochers du Breakwall

 

Cette petite balade terminée, nous avons encore une fois l’envie de nous doucher, d’autant plus que le soleil et la marche nous ont fait quelques peu transpirer. Juste devant nous, nous apercevons un camping payant dont les entrées sont totalement ouvertes, sans aucune surveillance. Une idée me vient alors à l’esprit… Qui dit camping, dit douche ! Je propose aux filles de partir à la voiture prendre nos affaires de toilette et rentrer dans le camping afin de profiter gratuitement d’une douche qui ne sera pas glacée cette fois-ci. Les filles approuvent cette suggestion et nous mettons notre plan à exécution. Nous rentrons dans le camping le plus naturellement possible pour nous diriger vers les douches. Ici, nous avons droit à des cabines individuelles avec réglage de la température de l’eau. Des prises électriques à disposition, nous branchons nos téléphones et batteries externes afin de faire le plein. Oui avec les campings, les douches et les toilettes, les prises électriques font partie des biens et services indispensables pour notre road trip. En effet, sans un téléphone chargé, je ne peux pas accéder aux applications « Wikicamps », « Campermate » ou encore « Fuel Map », ce qui rendrait notre voyage plus compliqué. Bien entendu, j’ai une prise USB qui se branchent sur l’allume cigare de la voiture mais que nous devons partager à 3.

Bizarrement, la douche prend beaucoup plus de temps que la veille. Après avoir pleinement profiter de la salle de bain du camping, nous nous dirigeons vers la voiture pour nous rendre au 4ème et dernier arrêt de la journée, l’hôpital des koalas. Comme son nom l’indique, cet hôpital est réservé aux koalas malades, handicapés ayant été trouvés par des gens en forêt ou sur le bord de la route. Ces petites boules de poil sont alors envoyés à Port Macquarie où des bénévoles en prennent soin. En fonction des blessures ou de l’avancée de la maladie, les koalas restent dans cet hôpital plusieurs jours ou mois avant d’être relâchés dans la nature. Certains resteront toute leur vie ici, leur état, handicap, rendant impossible leur survie à l’extérieur des murs de cet hôpital. L’entrée étant gratuite, nous pouvons accéder directement aux cages où les koalas dorment et mangent paisiblement. A leur vue, nous fondons littéralement. Le koala doit être l’animal le plus mignon du monde ! C’est impossible de ne pas craquer devant cette peluche vivante avec ses petits yeux.

Hôpital des koalas
L’entrée de l’hôpital des koalas
Koala dort
Un koala en pleine sieste
Koala mange
Si les koalas ne dorment pas, ils mangent

 

Durant notre visite, nous croisons un groupe qui suit une bénévole de l’hôpital. Cette dernière présente les différents résidents, expliquant les raisons de leur présence ici. Certains ont été heurtés par une voiture, d’autres ont été brûlés lors d’un « bushfire » (feu de forêt). D’autres encore ont attrapé une maladie dont la plus dangereuse et la plus répandue, les chlamydias. Cette MST (maladie sexuellement transmissible) cause des ravages chez les koalas, les rendant totalement aveugles et incapables de survivre dans la nature. Pauvre petite bête ! Heureusement qu’il existe des endroits comme celui-ci pour prendre soin d’eux jusqu’à leur bon rétablissement. La bénévole finit son discours en nous expliquant les différentes étapes avant la remise en liberté des koalas totalement rétablis. Tout d’abord, durant leur passage ici, les bénévoles essaient de ne pas rester trop proche d’un koala afin d’éviter de les apprivoiser, ce qui les rendrait incapable de vivre à l’état sauvage. Les interactions sont uniquement réservées aux soins de l’animal, au nettoyage de sa cage et le remplissage de leur « gamelle » d’eucalyptus. Une fois que le vétérinaire estime qu’un koala est guéri, il faut alors le « mettre en quarantaine ». Ils le déplacent dans une cage à l’abris des regards des touristes qui viennent visiter l’hôpital afin de les déshabituer à la présence de l’Homme. Au bout d’un certain temps, les bénévoles relâchent l’animal dans la nature, en espérant ne plus jamais le revoir ici !

La visite terminée, nous décidons de mettre un peu d’argent dans l’urne pour les dons. L’hôpital ne fonctionnant que comme cela, je me vois mal sortir d’ici sans rien donner. Les actions que mettent en œuvre ces personnes sont d’utilité publiques et doivent être récompensées ! Sans argent, l’hôpital fermerait sûrement ses portes et avec eux la vie de centaines de koalas seraient en danger. Il est également possible d’adopter un résident permanent pour environ 150$. Non, vous ne repartirez pas chez vous un koala dans les bras, si c’est ça que vous pensez. En adoptant un koala, vous aurez régulièrement de ses nouvelles par voie postale avec des photos bien évidemment. Je trouve l’idée assez sympa.

Voilà, avec l’hôpital des koalas, la visite de Port Macquarie est déjà terminée. Avant de partir, nous faisons un barbecue dans le parc de la ville, se trouvant face à la mer. Je me charge de faire griller les saucisses tandis que les filles coupent les légumes et préparent le riz. Cette fin de journée ne pouvait pas mieux se passer ! Ce moment de partage nous permet de nous poser un peu car nous n’avons pas arrêté un seul instant. Après avoir fait la vaisselle, il est l’heure de quitter la belle ville de Port Macquarie et continuer notre aventure vers le sud où nous attendent de somptueux paysages et des surprises plus ou moins agréables…

Barbecue Port Macquarie
Jade en plein épluchage d’oignons
Barbecue Port Macquarie
Le roi du barbecue !
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