30 mai 2018

À la rencontre des requins-baleines de Ningaloo Reef

Aujourd’hui, c’est enfin le grand jour ! Celui que j’attendais tant, dont je rêvais depuis des mois voire même depuis mon arrivée en Australie, en septembre 2015. Il m’aura fallu patienter un très long moment avant de pouvoir exaucer ce vœu : rencontrer des requins-baleines et nager à leur côté au milieu de l’océan Indien.

En route pour l’aventure !

Un peu avant 7h30, nous arrivons devant la réception de notre camping, point de rendez-vous avec l’agence Ningaloo Whale Sharks. Grâce à cette compagnie, nous allons partir en mer à la recherche des requins-baleines – Je ne reviendrai pas sur le choix de Ningaloo Whale Sharks (déjà expliqué dans un article précédent) mais pour ceux prévoyant de faire cette activité, je ne peux que vous conseiller fortement de partir avec eux.

Nous attendons environ 10 minutes avant qu’un bus ne s’arrête juste devant nous, sûrement la navette nous amenant au port de plaisance d’Exmouth. Une jeune Australienne sort du car et nous demande nos noms et prénoms afin de vérifier notre présence sur la liste des clients de la journée. Une fois le contrôle d’identité terminé, celle-ci nous invite à prendre place dans la navette où une quinzaine de personnes sont déjà installées.

Sur la route, l’Australienne, qui sera notre photographe et animatrice principale, nous explique le déroulement de la journée et nous propose de faire connaissance puisque nous sommes au complet. Notre groupe, de petite taille, est plutôt éclectique : entre 18 et 60 ans, australiens ou étrangers, seul ou en groupe, touristes lambda ou backpackers comme nous. À travers ces profils divers et variés, je comprends que la rencontre avec les requins-baleines est une activité intéressant tout le monde et connue dans le monde entier.

Les présentations faites, notre chef de groupe profite des dernières minutes en bus pour nous parler du requin-baleine, en nous en faisant une description détaillée. De la famille des poissons cartilagineux, cet animal est un requin à part entière mais prête certaines caractéristiques à la baleine d’où son nom. Il se déplace de la même manière qu’un requin, en mouvant sa queue de droite à gauche. Concernant son alimentation, celle-ci est composée principalement de plancton, d’algues et d’animaux microscopiques, un régime identique à celui de la baleine bleue. Pouvant atteindre 20 mètres de long et peser jusqu’à 34 tonnes, le requin-baleine est considéré comme étant le plus grand poisson vivant actuellement sur Terre. Son caractère dénué de toute agressivité en fait un animal totalement inoffensif pour l’homme contrairement à son « cousin » le grand requin blanc.

Malheureusement, c’est une espèce animale en danger dont les principaux prédateurs sont l’orques mais surtout l’Homme. Même si, aujourd’hui, seules la Chine et Taïwan consomment du requin-baleine, cela suffit à les menacer d’extinction. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le tourisme joue un rôle plutôt « positif » à la survie de cet animal. Certains pays comme les Philippines ont arrêté la pêche, se rendant compte que les requins-baleine rapportent plus d’argent vivant que mort dans une assiette. Beaucoup de voyageurs paient pour pouvoir nager avec ces gros poissons de l’océan, incitant d’anciens pêcheurs à se reconvertir en guides touristiques. Bien évidemment, ce n’est pas une solution miracle car même s’il s’agit d’un éco-tourisme, celui-ci entraîne des problèmes comme la perturbation de son habitat naturel. En Asie, la plongée avec les requins-baleines n’est pas aussi contrôlée et restrictive qu’en Australie mais bon c’est toujours mieux que de chasser et tuer cet animal.

Une plongée test avant le grand bain

Au port, nous attendons à peine 20 minutes avant d’embarquer dans le bateau où toute l’équipe nous accueille : le capitaine et son assistant, les deux animateurs de plongée et une personne chargée des petites tâches sur le bateau telles que la préparation du repas, le nettoyage ou encore le rangement du matériel de plongée.

Au démarrage des moteurs, notre photographe nous propose d’acheter un « pack VIP » nous permettant d’être prioritaire sur les photos qu’elle prendra durant les différentes plongées. Pour une cinquantaine de dollars, nous serons les « mannequins stars » et aurons accès à toutes les photos prises, en version HD bien entendu. Même si je suis muni d’une GoPro, je me laisse tenter par cette offre. Cela me permettra de me focaliser sur l’expérience du moment sans avoir à me préoccuper des photos souvenirs.

Puis, nous partons au large pour un premier « baptême » de plongée, en masque et tuba, afin d’observer le comportement et l’aisance de chaque client dans l’eau. Ceci servira de test avant d’essayer d’approcher un requin-baleine. Cette première plongée est obligatoire depuis que des personnes, ne sachant pas nager et n’ayant pas informer l’agence de ce « handicap », ont voulu tenter cette expérience. Je vous laisse imaginer la catastrophe que cela peut entraîner, d’autant plus que nous sommes à des kilomètres de la côte, en eau profonde, sans rien autour.

Le groupe est divisé en deux équipes dont la composition devra être respectée tout au long de la journée. Les animateurs nous expliquent une nouvelle fois que la nage avec les requins-baleine est très réglementée en Australie (ce qui est une excellente idée). Il ne doit pas y avoir plus d’une dizaine de personnes à l’eau et des distances de sécurité doivent être respectées pour ne pas gêner l’animal. De plus, les professeurs de plongée profitent de cette session pour nous habituer aux différentes règles et signaux qu’ils pourraient utiliser dans l’eau.

Règles plongée Ningaloo Whale Sharks
Explication des règles de plongée par le professeur. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Cours de plongée Ningaloo Whale Sharks
On écoute attentivement les recommandations des animateurs de plongée. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation

Nous nageons autour d’un récif corallien où des petits poissons tropicaux ont élu domicile. Comme promis, la photographe ne me lâche pas d’une semelle et me propose de prendre de nombreux clichés. Nous « pataugeons » pendant environ une demi-heure avant de retourner sur le bateau où les choses sérieuses vont commencer.

Première plongée Ningaloo Reef
Comme un poisson dans l’eau pour cette première immersion à Ningaloo Reef. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Plongée océan Indien
Non il n’y a aucun trucage ! Beau travail de la photographe. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Plongée Ningaloo Reef
Encore moi nageant sous l’océan Indien. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Corail Ningaloo Reef
Première plongée autour des coraux de Ningaloo Reef. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Etoile de mer bleu marine Ningaloo Reef
Une belle étoile de mer bleu marine. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Poisson Ningaloo Reef
Un petit poisson étrange se baladant seul au milieu des coraux. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Bénitier Ningaloo Reef
Un gros bénitier au milieu de nulle part. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Des rencontres inoubliables

Tout le monde à bord, nous recevons un appel de l’avion de l’agence, en train de survoler les environs, ayant déjà trouvé un requin-baleine. Les coordonnées reçues, le capitaine nous amène sans plus attendre à l’endroit où nous allons rencontrer notre nouvel ami.

Arrivés à destination, l’équipage arrête les moteurs, laissant la photographe plonger la première pour trouver la position exacte de ce gros poisson. Il ne lui faut que quelques secondes pour faire signe à la première équipe de venir la rejoindre. Faisant partie du deuxième groupe, j’observe du bateau, attendant impatiemment mon tour.

Au bout d’un quart d’heure, nous les voyons revenir. Enfin, c’est à nous ! Nous plongeons à l’eau et partons vers la photographe restée à proximité du requin-baleine. Et là, j’assiste à un des plus beaux spectacles que j’ai pu voir dans ma vie. Devant moi, un immense poisson, tacheté de blanc, nage librement, sans se préoccuper un instant de notre présence. Je suis impressionné par sa taille et la vitesse à laquelle il nage. Même s’il ne va pas à l’allure d’un bolide de Formule 1, il faut quand même une bonne condition physique pour arriver à le suivre pendant plusieurs minutes (je comprends pourquoi chaque session ne dure pas plus d’un quart d’heure).

Son énorme bouche reste constamment ouverte, sûrement pour aspirer la tonne de plancton qu’il doit ingurgiter par jour. Par ailleurs, le requin-baleine possède de tout petits yeux, ce qui est amusant par rapport à sa corpulence. Il dispose d’énormes nageoires, d’une grande gueule mais niveau optique c’est tout l’inverse. N’ayant pas beaucoup de prédateurs, il ne doit pas avoir besoin d’une vision extraordinaire pour faire face au danger.

requin-baleine Ningaloo Reef
Une superbe photo de face du requin-baleine rencontré dans la matinée. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Enorme requin-baleine Ningaloo Reef
Avouez que sa taille est impressionnante ! Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Requin-baleine Ningaloo Reef
Les photos prises avec ma GoPro rendent moins bien que l’appareil de la photographe… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
requin-baleine GoPro
Une autre tentative de photo avec ma GoPro. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Tout autour de lui, des dizaines de poissons-pilotes nagent en totale harmonie profitant ainsi de sa protection contre d’éventuels prédateurs. De plus, leur alimentation est constituée principalement des parasites se trouvant sur le corps du requin-baleine. On peut dire que c’est une association gagnant-gagnant où tout le monde y trouve son compte.

Poissons-pilotes requin-baleine
Une dizaine de poissons-pilotes suivent le requin-baleine. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
requin-baleine et poissons-pilotes
Le requin-baleine, chef de gang avec ses vassaux, les poissons-pilotes. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation

Au bout de quinze minutes, nous devons dire adieu à notre ami et repartir sur le bateau. Cette première expérience a été fantastique. Mais pas le temps de se reposer, notre avion nous informe qu’un autre requin-baleine se trouve à quelques kilomètres de notre position. Du coup, nous partons sans plus attendre pour trois autres sessions d’un quart d’heure, tout aussi inoubliables. Le deuxième requin-baleine, ayant une allure plus lente que le premier, nous permet de plonger à plusieurs reprises.

Requin-baleine Ningaloo Reef
On prend la pose devant le requin-baleine ! Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation
Requin-baleine Ningaloo Reef
Le requin-baleine et moi, une grande histoire d’amour. Crédit photo : photo achetée à la compagnie Ningaloo Whale Sharks et reproduite avec son autorisation

Notre excursion en mer se termine en début d’après-midi. Nous déjeunons à bord du bateau qui est reparti vers la côté et s’est amarré dans une petite crique. Pour ceux qui le souhaitent, les animateurs proposent de faire une initiation de plongée en bouteille ou de faire du snorkeling autour du bateau. Le soleil n’étant pas au rendez-vous et le vent frais ont eu raison de ma motivation. Étant frigorifié et commençant à avoir les lèvres bleues, je ne repars pas à l’eau. D’ailleurs, les animateurs ayant vu que je tremblais depuis un certain temps, m’ont déconseillé de faire une autre plongée. Seulement une personne ira à l’eau durant l’après-midi, les autres restant à bord pour contempler les photos qu’elles ont prises. La photographe me propose de voir tous les clichés où je pose et je dois le reconnaître, ils sont bien mieux que ceux que j’aie pris avec ma GoPro. Je ne regrette absolument pas d’avoir acheté le pack VIP.

En milieu d’après-midi, nous repartons au port, heureux de ce que nous avons vécu durant cette journée. Je n’ai pas de mot pour décrire cette expérience qui a été forte en émotion et m’a permis de réfléchir sur la place de l’Homme sur Terre ainsi que notre pseudo « supériorité ». À côté de cet animal, je me suis senti tellement petit et insignifiant. Même si celui-ci n’est pas dangereux pour l’être humain, il n’en reste pas moins un colosse comparé à nous qui peut, s’il le souhaite, nous tuer d’un simple coup de nageoire.

Au fur et à mesure des rencontres animales, que j’ai eu la chance de faire en Australie, je me rends compte à quel point nous avons à apprendre des autres espèces et des responsabilités que nous avons par rapport à leur protection. Si vraiment nous sommes les êtres les plus « évolués » de notre planète, cela nous impose d’avoir des charges et des devoirs envers tous les autres êtres vivants. Nous devons avoir une chasse et une pêche responsable, bannir totalement de notre alimentation certaines espèces animales et limiter la pollution, les déchets inutiles. Je ne dis pas qu’il faut faire marche arrière et vivre dans le passé mais nous devons utiliser la modernité, les nouvelles technologies au profit de l’environnement. En Europe, je crois que nous commençons à aller dans le bon sens et ce serait merveilleux que d’autres emboîtent le pas (plus particulièrement l’Asie et les Etats-Unis, les plus gros pollueurs de notre planète).

Les voyages, les rencontres m’ont permis de réfléchir sur ça et de me remettre en question : peut-être est-ce la solution pour une prise de conscience massive ? Voir et observer d’autres cultures, en apprendre plus sur les animaux et les végétaux qui nous entourent pour se dire que nous ne sommes pas mieux que les autres, nous avons seulement eu plus de chance en termes d’évolution.

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