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Calme et convivialité au Yanchep National Park

Le jour J est enfin arrivé ! C’est aujourd’hui que nous partons à la découverte de la côte ouest pour un road trip de 3 310 kilomètres ! Mais avant de se lancer dans cette nouvelle aventure, nous devons finaliser les derniers préparatifs afin de quitter Perth en toute sérénité.

Bonjour Justin… Et adieu Furiosa

En début de matinée, nous rendons les clés de notre chambre à la réception de l’auberge de jeunesse que je recommande à tous les backpackers (pour plus d’informations, je vous invite à vous rendre sur leur site Internet).

Puis, nous mettons nos affaires dans le coffre de ma voiture Furiosa pour une dernière virée à son bord. Ce n’est qu’une voiture mais j’ai comme un pincement au cœur à l’idée de m’en séparer, sachant le sort qui lui est réservé… Cependant, pas le temps de se laisser aller et traîner, nous devons encore récupérer notre nouveau compagnon de voyage qui attend sagement dans le quartier de Northbridge.

Aux environs de 11 heures, nous voilà arrivés à Lucky Rentals, une agence de location de camping-cars ou plutôt de petites camionnettes aménagées. Ne restant que quelques minutes, le temps de récupérer notre nouveau moyen de locomotion, je choisis de me garer dans un parking non loin de l’agence, sans payer. Grosse erreur ! Notre camionnette n’étant pas du tout prête, nous attendrons près de deux heures à la réception, tout comme trois autres groupes de backpackers assis à côté de nous.

Pendant ce temps, nous en profitons pour remplir un formulaire classique de location, mentionnant l’assurance, notre responsabilité en cas d’accident… Deuxième surprise dont je me serais passé, j’apprends qu’une partie de notre trajet nécessite le paiement obligatoire d’une assurance complémentaire. Près de la moitié de notre route se situe dans une zone difficile d’accès pour un mécanicien, devant parfois faire plus de 1 000 kilomètres pour venir récupérer des backpackers malchanceux. Je ne l’aurais pas imaginé mais les collisions avec les kangourous, émeus (gros oiseaux australiens ressemblant un peu à des autruches), vaches et bien d’autres animaux sont des accidents très fréquents sur une route peu empruntée. La faune du désert de la côte ouest a l’habitude de traverser le bitume, n’importe où et n’importe quand compte tenu du trafic quasi inexistant. N’ayant pas tellement le choix, nous effectuons le paiement sans discuter. Vers 13 heures, notre mini camping-car est enfin prêt ! Il s’agit d’une Toyota Tarago de 1997 ayant déjà fait un grand nombre de road trips au vu du kilométrage inscrit sur le compteur.

La personne chargée de la clientèle nous explique le fonctionnement (très simple vu qu’il s’agit d’un boitier automatique) puis checke la présence d’une table et de chaises pliantes, d’un duvet, de vaisselle et autres ustensiles de cuisine compris dans la location. Tout ceci terminé, nous retournons là où nous avons laissé Furiosa afin de transvaser nos affaires à l’arrière de notre camionnette baptisée Justin. Sans surprise, sur le pare-brise, je trouve une belle amende de 75$ (47,50€) pour avoir stationné sans payer (troisième surprise de la journée). Ça fait toujours plaisir !

Les connaissances avec Justin faites, nous partons déposer Furiosa chez un « wrecker » (ou casse en français). Ne souhaitant pas nous attarder dans ce cimetière automobile, nous déposons mon amie, récupérons ses plaques d’immatriculation à renvoyer au département des transports ainsi que 150$ (soit 95€, meilleur montant que j’ai pu négocier après avoir appelé presque toutes les casses de Perth). Une dernière photo en guise de souvenir, me replonge dans mes aventures passées, jalonnées de bons et mauvais moments tels que la recherche d’un travail en ferme à Cairns, le road trip sur la côte est, ma vie à Surfers Paradise

Furiosa Adieu
Adieu Furiosa… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Yanchep National Park

Je prends le volant de Justin pour rouler en direction de notre première étape, le parc national de Yanchep, situé à une heure au nord de Perth.

Vous connaissez l’expression jamais deux sans trois… Eh bien j’en ai inventé une nouvelle : jamais trois sans quatre ! Sur la route qui nous mène à Yanchep, un voyant orange apparaît sur le tableau de bord de la voiture : problème d’huile de moteur 🙁 Nous arrêtons l’engin et vérifions le niveau d’huile qui à ma grande surprise est inexistant. Nous avons attendu deux heures à l’agence de location et ces bras cassés n’ont même pas vérifié qu’il y ait suffisamment d’huile pour un road trip de plus de 3 000 kilomètres. Passablement énervé, j’appelle Lucky Rentals pour leur faire part de mon mécontentement profond. Ces derniers s’excusent et me demandent de me rendre dans une station essence afin d’acheter un bidon d’huile qui me sera remboursé en intégralité à mon retour (c’est la moindre des choses). Profitant de cet incident, je demande à rendre la camionnette en fin de journée au lieu du début de matinée comme c’était initialement prévu. Gênés, ils acceptent sans broncher.

Le problème mécanique clos, nous arrivons enfin au Yanchep National Park. Contrairement aux parcs nationaux de la côte est, dont l’entrée est gratuite, ceux de la côte ouest nécessitent un pass payant. Les prix dépendent du nombre de parcs que vous souhaitez visiter ainsi que de la durée de votre voyage. Pour notre part, nous choisissons le pass de 45$ (28,50€) nous permettant d’entrer dans quasiment tous les parcs durant un mois.

À peine garés, nous utilisons un plan, donné par la personne à l’entrée, pour choisir un des chemins de randonnée. N’ayant plus assez de temps pour faire des treks de plusieurs heures de marche, nous nous rabattons sur celui faisant le tour de Loch McNess, l’étang du parc, ainsi qu’un circuit nommé Yanchep Rose.

Carte Yanchep National Park
Carte du parc national de Yanchep. Crédit photo : Google

Mais avant de débuter, nous passons faire un petit coucou aux koalas, résidant dans les arbres non loin de l’hôtel du parc. Comme à l’heures habitudes, nous retrouvons ces marsupiaux assis voire allongés sur les branches en train de faire la sieste ou de « chiller » (se relaxer). Même après en avoir vu je ne sais combien de fois, je ne me lasse pas de les observer à… ne rien faire. Quand on y pense, regarder quelqu’un dormir n’a rien de transcendant mais lorsqu’il s’agit d’un koala, cela prend une toute autre dimension. Ce qui est amusant, c’est qu’au moment d’entrer dans la partie qui leur ait dédié, tous les visiteurs se taisent ou parlent à voix basse pour ne pas les déranger dans leur sommeil, essayant de faire le moins de bruit possible. Bon, après c’est plutôt normal : si une personne dort, on ne va pas faire du boucan (enfin normal lorsque l’on a un minimum d’éducation, ce qui n’est pas le cas de tout le monde).

Sommeil koala
Un koala en plein sommeil. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Koala Yanchep National Park
Dur dur la vie d’un koala. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce petit chemin qui sent la noisette…

L’observation des koalas nous ayant rendu amorphes, nous empruntons le premier sentier de randonnée afin de profiter de la nature autour du Loch McNess. À peine avons-nous commencé la marche que nous rencontrons un groupe de kangourous. Ni une, ni deux, je sors ma GoPro et mon téléphone pour tenter un selfie avec eux. Peine perdue, même s’ils ne sont pas effrayés par l’Homme, ces derniers restent méfiants. Ne pouvant les approcher de trop près, j’essaie tant bien que mal d’en avoir quelques-uns en arrière-plan. En revanche, j’arrive assez facilement à les avoir lorsqu’ils posent seuls sur les photos.

Gang Kangourous
Un gang de kangourous à l’entrée du parc. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Selfie kangourous
Tentative ratée de selfie avec des kangourous. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kangourou Yanchep National Park
Le seul kangourou se laissant approcher de près. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Durant la randonnée, nous profitons d’une flore verdoyante avec un étang paisible où de nombreux oiseaux viennent profiter de ce calme sans se préoccuper d’un quelconque prédateur. À plusieurs reprises, nous croisons des kangourous qui ne sont pas du tout perturbés par notre présence.

Loch McNess
Calme et détente devant le Loch McNess. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Balade Loch McNess
Une balade autour du Loch McNess. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kangourou Yanchep National Park
Un kangourou dérangé durant son déjeuner. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kangourou Loch McNess
Dévisagé par un kangourou sur les bords du Loch McNess. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Revenus à notre point de départ, nous empruntons le mini trek Yanchep Rose. Comme son nom l’indique, les fleurs sont très présentes tout le long du sentier. Quand je dis les fleurs, il s’agit plutôt d’un type très particulier, le Diplolaena Angustifolia, mieux connu sous le nom de Yanchep Rose.

Marche Yanchep Rose
Marche sur le sentier du Yanchep Rose. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Yanchep Rose
Le Diplolaena Angustifolia ou Yanchep Rose. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Arbre Yanchep Rose
Un arbre avec des Yanchep Roses. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La fin de journée approchant à grand pas et le soleil commençant à décliner, nous quittons le Yanchep National Park pour passer la nuit dans un camping gratuit à environ une heure de route. Arrivés dans l’obscurité la plus totale, nous avons la chance de prendre la dernière place encore disponible. Seul bémol, le camping se trouve juste à côté d’un pont où des travaux de nuit sont réalisés. Malgré des projecteurs pouvant éclairer une ville entière, nous arrivons sans aucune difficulté à nous endormir pour découvrir, demain, l’une des merveilles de la nature de la côte ouest.


Éveil des sens à la Swan Valley

Si je vous dis Saint-Émilion ou Napa Valley, à quoi pensez-vous ? Bien évidemment, cela vous évoque des régions viticoles dans le sud-ouest de la France et en Californie ! Avec cet indice, vous commencez peut-être à comprendre où je veux en venir. Comme certains doivent s’en douter, cet article sera dédié à la culture du vin, agricole d’une région australienne réputée dans ce secteur d’activité.

Sans plus attendre, embarquez dans ma voiture, destination la Swan Valley pour un circuit « gastronomique » à ne surtout pas louper.

Mise en bouche, histoire de la région

Située à l’est de Perth, la Swan Valley longe le cours supérieur du fleuve Swan depuis la ville de Guildford. Divisée en 14 secteurs (Middle Swan, Herne Hill, Upper Swan, Baskerville…), la région a été découverte en 1827 par le capitaine James Stirling qui fut étonné par l’incroyable richesse des terres. Des arbres bien feuillus, une nature verdoyante et vallonnée, un fleuve, cœur et poumons, apportant fertilité et vie, offrent aux premiers colons une terre accueillante et propice à une sédentarisation.

Le paysage de la Swan Valley est d’autant plus surprenant, qu’il s’oppose à celui de la région de Perth plutôt sec et aride. Rappelez-vous, l’emplacement de la prison de Fremantle (située à quelques kilomètres au sud) avait été choisi pour son côté désertique, ne laissant que peu de possibilités de survie aux hypothétiques évadés. D’ailleurs, à la naissance de Perth, au XIXème siècle, Stirling développa trois principaux points d’ancrage : le port de Fremantle, le centre de Perth (aujourd’hui le CBD et ses quartiers alentours) et la Swan Valley. Ainsi, la capitale du Western Australia s’était développée intelligemment en fonction des secteurs d’activité vitaux pour la pérennisation d’une société :

  • Activités maritimes, pêche, import/export avec Fremantle ;
  • Tertiaire, commerce, politique avec le centre-ville de Perth ;
  • Agriculture avec la Swan Valley

Aujourd’hui, la Swan Valley est bien plus qu’un domaine viticole, qui par ailleurs ne produit pas uniquement du vin mais bien d’autres denrées telles que les fruits et légumes, le chocolat, le café… Elle est devenue un haut lieu touristique où les voyageurs peuvent découvrir et déguster toutes les spécialités de la région dans un cadre bucolique et chaleureux.

Entrée, planification de la journée

En un peu plus de trois quarts d’heure, nous arrivons dans la ville de Guildford, point de départ de notre tour dans la Swan Valley. Nous nous arrêtons au centre d’information afin d’obtenir des conseils sur la meilleure manière d’optimiser notre journée et voir les principaux sites touristiques. Munie d’une carte de la région, la personne à l’accueil du centre nous indique le chemin à suivre et les arrêts obligatoires qui en réalité dépendent de vos envies. En effet, certains touristes souhaitent uniquement visiter des domaines viticoles tandis que d’autres, comme nous, préfèrent avoir une vision globale des cultures de la Swan Valley.

Concernant le chemin à emprunter, celui-ci est très simple puisqu’il s’agit de suivre la route principale qui forme une boucle, partant de notre position actuelle. Les commerces et fermes sont répartis de chaque côté de la route et sont très bien indiqués.

Swan Valley carte
Carte de la Swan Valley. Crédit photo : Google

Désormais, ayant toutes les informations nécessaires, nous pouvons entamer, dans les meilleures conditions possibles, notre circuit touristique sur-mesure.

Je me répète souvent à ce sujet mais je recommande fortement à tous les voyageurs et backpackers de faire un tour par ces centres qui permettent de vous aiguiller sur les endroits à voir afin de ne pas perdre votre temps à chercher constamment votre direction.

Plat principal et dessert, les richesses de la Swan Valley

Premier arrêt, Sandalford Wines pour une dégustation de vin. Il s’agit d’un des principaux domaines de la région dont la qualité des produits est, paraît-il, très réputée. Étant loin d’être un expert en œnologie, je veux bien croire ces avis.

Après avoir franchi les grilles d’entrée, nous sommes mis rapidement dans l’ambiance. De part et d’autre du chemin en terre, s’étendent des hectares de vignes, plantés de manière parfaitement rectiligne. N’ayant jamais visité de vignobles, hormis lors de reportages à la télévision ou dans des magazines, c’est exactement l’image que je m’en faisais !

Vignes Sandalford Wines
Les vignes de Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sandalford Wines vigne
Un beau cadre pour une balade gourmande. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après avoir admiré ces ceps robustes, nous nous dirigeons vers l’accueil et la boutique où l’on nous invite à goûter certains vins selon nos envies. Rouge, blanc, moelleux ou sec, tout le monde peut y trouver son bonheur. En fonction de votre choix, le sommelier vous propose une sélection de vins en vous décrivant pour chacun d’entre eux les arômes plus ou moins fruités, les sensations procurées au niveau du palais… Une fois la dégustation terminée, vous pourrez alors acheter une ou plusieurs bouteilles de votre vin préféré. Si vous ne souhaitez rien acheter, vous devrez payer la dégustation (qui est gratuite en cas d’achat) entre cinq et huit dollars selon le domaine que vous visitez.

Boutique Sandalford Wines
La boutique de Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sandalford Wines dégustation vin
Dégustation de vin à Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Alors que je bois très peu d’alcool, je me laisse tout de même tenter par un vin blanc moelleux. Puis, nous quittons Sandalford Wines en passant par le restaurant dont la terrasse extérieure, abritée par une petite pergola en bois, propose un joli cadre sur les champs de vignes.

Restaurant vignoble
Le restaurant du Sandalford Wines. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Deuxième arrêt, la coopérative de café Yahava. Comme je l’avais dit précédemment, la Swan Valley ne se résume pas aux vignobles. Ici, vous pourrez vous arrêter pour déguster une grande diversité de café venant des quatre coins du monde et plus particulièrement d’Amérique Latine. Contrairement à Sandalford, la production ne se fait pas en Australie, la matière première étant importée. Par contre, la torréfaction est réalisée par la coopérative qui transforme les grains en un délicieux breuvage pour les amateurs de café, ce qui n’est malheureusement pas mon cas.

Entrée coopérative Yahava
L’entrée de la coopérative de café Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Yahava Café vente
La partie Coffee Shop de Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Machine torréfier café Yahava
Une machine à torréfier exposée dans la boutique Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis la dégustation de café, le Yahava propose également de petites douceurs afin d’accompagner votre boisson chaude. Vous pourrez ainsi prendre votre petit-déjeuner ou votre brunch dans l’effervescence de la boutique ou en terrasse pour profiter du calme, juste devant une petite étendue d’eau.

Yahava Café
Du café en vrac en libre service. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Boutique Souvenir Yahava
Produits vendus dans la boutique Yahava. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pour les plus pressés, il est possible de s’arrêter à un drive, installé à l’entrée, pour acheter votre café et repartir sans plus tarder sur les routes de la Swan Valley.

Troisième arrêt, les chocolats de Providore. Il s’agit du meilleur moment que j’ai passé pour le fan de chocolat que je suis. Étape gourmande phare du circuit, celle-ci est prise d’assaut par les touristes. D’ailleurs, arrivés au parking, impossible de trouver une place. Nous sommes obligés de nous garer à l’extérieur du domaine, sur le bas-côté comme une dizaine d’autres voitures.

En rentrant dans la fabrique, une odeur sucrée me met l’eau à la bouche. Outre l’odorat, la vue est également sollicitée avec des milliers de chocolat, de toutes sortes, exposés devant mes yeux. Enfin, pour m’achever, une dégustation gratuite de chocolat est proposée à toute la clientèle qui s’agglutine devant le stand. Du coup, tous mes sens mis en ébullition, je ne peux résister à la tentation (ce qui est le cas de 90% des visiteurs). En vitrine, de belles friandises m’attirent tel un aimant et je me laisse tenter par des noix de macadamia et des noix de cajou enrobées de chocolat au lait. Un vrai délice ! Ne voulant pas prendre 10 kilos et perdre tout l’argent que j’ai dans mon portefeuille, je préfère quitter rapidement ce lieu de plaisir. D’autant plus que mon regard commence à se porter sur une boite de mignons petits quokkas en chocolat (marsupiaux rencontrés lors de ma visite à Rottnest Island).

Providore Chocolat
De délicieux chocolat chez Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Chocolat Providore Swan Valley
Trop de chocolat chez Providore ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Providore Quokka
Des quokkas en chocolat chez Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Machines Chocolat
Des machines produisant le chocolat. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Dans une autre aile de la fabrique de Providore (ressemblant fortement à celle de Willy Wonka), a été installée une épicerie fine proposant vin, moutarde, vinaigrette, miel et autres produits nobles que vous pouvez également déguster gratuitement. Étant restés plus longtemps que de raison, nous préférons mettre un terme à ce supplice de regarder, goûter et sentir sans rien n’acheter hormis deux petits sachets de chocolat.

Epicerie Providore chocolat
L’épicerie fine de Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Produits épicerie Providore
De délicieux produits vendus dans la partie épicerie fine de Providore. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Bon, je ne vais pas vous décrire tous les stops que nous avons fait sur la Swan Valley mais je peux vous dire qu’ils sont tout aussi intéressants que les trois décrits ci-dessus. Distillerie de rhum (the Kimberley Rum Company), fabricant de glace (Oggies Icecream Cafe), d’autres vignobles dont un à la particularité de proposer également huile d’olive et fromages artisanaux (The Cheese Barrel), une superbe chocolaterie et mes deux préférés : la maison du nougat et des noix (Mondo Nougat & Morish Nuts) ainsi que la maison du miel (The House of Honey) !

The Kimberley Rum Company
La distillerie de rhum. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fûts de Rhum
La cave où sont entreposés les fûts de rhum. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Glacier Oggies Swan Valley
L’entrée du glacier Oggies. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Bonbons Oggies Swan Valley
Des bonbons vendus chez le glacier Oggies. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dégustation vin Swan Valley
Une deuxième dégustation de vin dans un autre domaine. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fromage Swan Valley
Une boutique de fromage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Types de fromage
Des fromages d’origines diverses et variées. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Boutique Chocolat Swan Valley
Une deuxième chocolaterie à la Swan Valley. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Chocolat sculpture
Une oeuvre en chocolat dans une chocolaterie. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mondo Nougat Swan Valley
La maison du nougat. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Morish Nuts Swan Valley
Une grande variété de noix vendue chez Morish Nuts. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
The House of Honey
Bienvenue à la maison du miel. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Miel vente
Les amateurs de miel y trouveront sûrement leur bonheur. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En milieu d’après-midi, nous terminons notre circuit, s’avérant être une belle surprise, où tous mes sens ont été en éveil. La Swan Valley est un véritable enchantement qui n’a rien à voir avec mes visites précédentes dans la région de Perth. Cette culture gastronomique, généralement peu présente en Australie, m’a fait penser en certains points à la France qui reste le meilleur pays du monde dans ce domaine (sans chauvinisme aucun).

Tout ça pour vous dire que Perth recèle une grande diversité d’activités, de paysages et d’histoires. Cette ville a été une découverte incroyable dont je n’aurais jamais imaginé la richesse et la culture à mon arrivée. Cependant, toutes les bonnes ont une fin et bientôt une nouvelle aventure va commencer à travers les routes de l’ouest de l’Australie.


Découverte des banlieues de Perth

La visite instructive de la prison de Perth terminée, nous profitons d’être dans les alentours pour découvrir le quartier de Fremantle. La météo clémente avec un ciel ensoleillé, sans l’ombre d’un nuage à l’horizon, nous incite à déjeuner dans un parc, à proximité de la marina.

La côte et le centre-ville de Fremantle

Ce pique-nique improvisé nous permet de nous reposer des deux heures de marche à l’intérieur de la prison et d’être d’attaque pour la fin de la journée.

Après un bon repas, nous partons du côté de la promenade qui longe la côte de Fremantle. Nous arrivons sur une petite plage où les gens profitent de la vue sur l’océan, assis à la terrasse d’un restaurant.

Balade plage Fremantle
La promenade près de la plage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage Fremantle
La plage de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage Fremantle
Balade sur la plage de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Puis, nous empruntons un chemin menant à une jetée dont la vue donne sur le port et les quais où j’avais pris un ferry pour me rendre à Rottnest Island.

Vue marina Fremantle
Vue sur la marina de Fremantle depuis la jetée. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Port Fremantle
Le port de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En revenant sur nos pas, nous arrivons très rapidement dans le cœur du quartier qui me fait penser à celui d’Adelaïde (capitale du Southern Australia). De petits immeubles au style victorien abritent boutiques souvenirs, bars/pubs/restaurants ou encore auberges de jeunesse/hôtels. Tout est fait pour satisfaire touristes et backpackers venus passer quelques heures ou jours à Fremantle. Cette « banlieue » de Perth est plutôt un bon compromis pour ceux ne souhaitant pas s’installer dans l’effervescence des quartiers tels que Northbridge, sans en être trop éloignés. En un peu plus d’une demi-heure de train, vous arrivez dans le CBD et avez tout le temps pour découvrir le cœur économique de la ville.

Immeuble Fremantle

Un immeuble typique de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Commerces Fremantle
Des commerces installés dans des immeubles victoriens. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par l’église, située dans une rue piétonne, et la découverte de quelques peintures murales au style très similaire à celui de Melbourne, dans le quartier de Fitzroy, qui, mis à part cette caractéristique pseudo-commune, n’a rien à voir avec Fremantle. Ce dernier a un esprit traditionnel et paisible tandis que Fitzroy est plutôt arty, jeune et dynamique.

Eglise Fremantle
L’église de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Tag Fremantle
Tag sur un mur à Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Changement de backpack

Nous reprenons la voiture afin de rentrer à notre auberge de jeunesse pour notre dernière nuit dans l’un des pires backpacks que j’ai connu. D’ailleurs, j’ai découvert que, depuis ma visite, ce dernier a définitivement fermé ses portes, ce qui ne m’étonne guère.

Le lendemain, à peine levés, nous rangeons rapidement nos affaires pour larguer les amarres dès neuf heures du matin. Deux jours plus tôt, j’ai trouvé sur Booking une auberge à quelques pâtés de maisons, toujours dans Northbridge, ayant de très bonnes critiques. Le Beatty Lodge dispose d’un grand parking, d’un Wifi gratuit, de grandes chambres modernes et propres, d’une cuisine avec tous les ustensiles nécessaires, d’une piscine ainsi que d’une salle de sport.

Quelques minutes après avoir fait nos adieux à Paolo, le concierge flippant et mentalement « dérangé », nous arrivons au Beatty Lodge où nous sommes accueillis très chaleureusement par le réceptionniste. Même si les chambres ne sont disponibles qu’à partir de 14 heures, ce dernier a l’aimable gentillesse de nous donner les clés aux alentours de 11 heures pour avoir notre après-midi de libre. À la vue de notre chambre, je suis entièrement réconforté par le choix de cette auberge. Nous passons de l’enfer du Palmerston Lodge à ce paradis.

Les plages de Perth

Une fois installés, je propose à Steven de nous balader dans les banlieues ouest de Perth, sur les plages de Cottesloe et City Beach. En dehors de Scarborough, il existe d’autres endroits où il est possible de se baigner. Pour vous situer géographiquement, Scarborough est la plage la plus au nord. Juste en dessous, vous avez City Beach suivi de Cottesloe.

Quelques minutes de voiture suffisent pour se retrouver les pieds dans l’eau. Une promenade côtière permet de longer les plages et d’observer les surfeurs. Des sculptures faisant face à l’océan ont été installées sur le chemin. L’art allié à la beauté de la nature donne des photos qui deviendront de magnifiques souvenirs.

Promenade Cottesloe
Promenade le long de la plage de Cottesloe. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cottesloe surf
Cottesloe, un des spots de surf de Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cottesloe Fremantle
Depuis Cottesloe, on peut voir le port de Fremantle tout au fond. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sculpture Cottesloe
Sculpture installée à la plage de Cottesloe. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Art Cottesloe
L’art moderne en face de l’océan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Seul hic, le temps nuageux n’incite pas à s’installer sur le sable pour prendre un bain de soleil. Du coup, une demi-journée suffit pour visiter Cottesloe et City Beach.

City Beach plage
City Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Désert plage City BEach
La plage de City Beach déserte. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà, je pense avoir visité les principaux quartiers de Perth, une ville dont je ne regrette pas du tout mon arrêt prolongé. Il reste encore un dernier endroit à découvrir où il est nécessaire d’avoir une voiture pour s’y rendre et parcourir le circuit dans son ensemble. Cependant, ce lieu que j’ai beaucoup apprécié sera le sujet d’un prochain article. Mais chut, je ne vous en dis pas plus.


Dans les couloirs de la prison de Fremantle

Depuis mon arrivée à Perth, j’ai eu l’occasion de pratiquer divers types de tourisme : balnéaire avec Scarborough, citadin avec le CBD & Elizabeth Quay ou encore vert avec Rottnest Island & Kings Park. Pour cette nouvelle journée dans la capitale du Western Australia, il est temps de s’intéresser à la culture et l’histoire de la région. Rien de mieux qu’une visite dans la plus célèbre prison d’Australie pour satisfaire cette envie irrépressible !

L’histoire de Fremantle

Le centre pénitentiaire se situe à Fremantle, au sud du centre-ville de Perth où j’avais pris le ferry pour rejoindre Rottnest Island. Le quartier s’est développé grâce à la prison, principale activité économique au XIXème siècle. Ironie de l’histoire, ce sont des bagnards qui ont construits eux-mêmes leur future résidence d’une surface de 60 000 m².

Le choix du site n’est pas le fruit du hasard bien au contraire. Afin d’éviter au plus possible les évasions et les courses poursuites, la prison a été érigée dans une « impasse » où le prisonnier en cavale a deux options :

  • Tenter sa chance en traversant l’océan Indien (encore faut-il être muni d’un bateau et arriver indemne en Afrique du Sud ou en Indonésie, pays les plus « proches » de l’Australie) ;
  • Partir dans le désert aride pour rejoindre la côte Est (une des seules régions habitées à l’époque et située à des milliers de kilomètres de Fremantle) avec de grande chance de mourir de déshydratation.

Face à ce choix cornélien, mieux vaut rester dans la prison. Néanmoins, la vie au sein du pénitencier est loin d’être un long fleuve tranquille avec encore une fois la mort comme seule échappatoire. Mourir enfermé ou mourir en liberté, c’est un sujet philosophique sur lequel les prisonniers de Fremantle ont dû réfléchir quotidiennement dans leur cellule.

Une visite guidée en deux parties

En milieu de matinée, nous arrivons, Steven et moi, devant un grand édifice, austère et lugubre, encerclé par une enceinte infranchissable, décoré de barbelé et morceaux de verre très aiguisés. Rassurez-vous, plus personne ne purge de peine dans cette prison depuis longtemps (le 7 novembre 1991 pour être exact). Au début des années 90, les criminels ont été transférés dans un autre centre pénitentiaire, celui de Casuarina, à 30 km au sud de Perth. Ouvert au public depuis 1992, Fremantle est désormais un musée attirant des milliers de visiteurs chaque année.

Bienvenue prison
Bienvenue à la prison de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
barbelés murs prison
Les barbelés entourent les murs de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous franchissons la porte d’entrée et sommes accueillis chaleureusement par un employé qui nous explique tous les tours proposés par les guides. Outre la visite classique de l’enceinte, il est possible de traverser les souterrains de la prison à pieds et/ou en bateau mais aussi de faire des tours à thème. Voulant en connaître davantage sur ce lieu, regorgeant d’histoires et de légendes, nous choisissons de compléter la visite guidée classique par celle des évasions (ou tentatives) les plus spectaculaires et des prisonniers les plus célèbres.

Bienvenue à Fremantle

Le groupe de visiteurs au complet, le guide nous ouvre les portes, en fer forgé, et commence la visite par la « salle d’accueil » des futurs résidents de Fremantle. Pour nous mettre dans l’ambiance, il nous explique que la majorité des personnes, entrant dans ce centre pénitentiaire, allaient certainement y mourir soit lors d’une échauffourée entre prisonniers, soit par peine capitale, soit par suicide, soit lors d’une tentative d’évasion… À Fremantle, vous avez une multitude de possibilités pour partir de cet enfer les pieds devant.

La population pénitentiaire, âgée au minimum de 12 ans, arrivait boulet au pied, en file indienne, attendant qu’on les appelle pour une fouille intégrale et recevoir la tenue qu’ils porteront jour et nuit jusqu’à la fin de leur peine. Je n’imagine même pas le traumatisme d’un pré-ado, assis dans cette pièce, entre un serial-killer et un pédophile…

Nous quittons cet endroit, qui me donne des frissons, et passons quelques instants par la cour intérieure pour rentrer dans un des nombreux bâtiments où se trouvent les cellules. Dans les couloirs, le guide nous explique que les prisonniers étaient classés par division en fonction de leur âge et/ou de leur crime. Par exemple, la première division rassemblait les mineurs de 12 à 17 ans, les rares à ressortir de Fremantle vivants. La deuxième division, séparée de la première par un mur en béton, regroupait les pédophiles, mis à part des autres prisonniers pour leur propre sécurité. Puis, au fur et à mesure que l’on augmente de division, on trouve des personnes de plus en plus dangereuses, commençant du « simple voleur » pour finir au tueur en série.

Entrée cour intérieure
La grande cour intérieure à l’entrée de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
étages cellules
Les cellules d’une division réparties sur plusieurs étages. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les femmes, absentes à l’ouverture de la prison, sont entrées à Fremantle des années plus tard. Il a alors fallu aménager un bâtiment rien que pour elles, situé à l’opposé des dortoirs masculins. Éloignées des hommes, ces dernières étaient toutes mélangées quel que soit leur crime. La petite délinquante pouvait se retrouver à côté d’une tueuse impitoyable. En effet, certaines détenues étaient loin d’être des jeunes femmes frêles et sans défense.

La vie à Fremantle

Dans chacune des divisions, les cellules sont réparties sur deux étages avec un filet en métal séparant le rez-de-chaussée du premier niveau. Pourquoi ce filet ? Eh bien, pour éviter que les prisonniers ne meurent, soit en se jetant afin de se suicider, soit poussés par un autre repris de justice.

Filet sécurité prison
Les filets de sécurité entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Couloirs division
Dans les couloirs des divisions. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les cellules, très rudimentaires, ne sont pas forcément les mêmes. Certaines sont individuelles, d’autres peuvent accueillir deux personnes, avec des surfaces variant du simple au double, munies de lits classiques ou hamacs.

cellule prison Fremantle
Une cellule individuelle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Cellule partagée prison Fremantle
Plus spacieuse, par contre il faut partager sa « chambre ». Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Bien que toute décoration murale soit interdite, des prisonniers se sont improvisés décorateurs d’intérieur avec plus ou moins de succès. Une cellule attire plus particulièrement mon attention avec de splendides peintures. Ces dernières, représentant uniquement des paysages, sont très réalistes et reflètent sans aucun doute le mal être de la vie carcérale où ces personnes, enfermées entre quatre murs, rêvent d’évasion, de revoir les splendeurs que nous offre la nature. C’est étrange d’admirer des œuvres d’art d’une beauté époustouflante et de ressentir à travers elles l’horreur du quotidien à Fremantle. Bon, je ne vais pas non plus pleurer sur leur sort. Je n’oublie pas que beaucoup d’entre eux étaient des criminels avec de dangereux troubles psychologiques.

Peinture détenu Fremantle
Des peintures faites par un détenu de Fremantle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
cellule peinture
Une peinture aborigène dans une cellule. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fresque cellule
Des fresques religieuses dessinées par un prisonnier. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Passant devant le planning de la prison, je m’arrête pour lire et connaître l’organisation classique d’une journée. Levé à 6h45 du matin, puis, une heure pour prendre son petit-déjeuner et se laver avant de commencer le travail (souvent en cuisine, à la laverie et autres parties communes de la prison) pour les moins dangereux bien évidemment. Les autres restaient en quarantaine dans leur cellule jusqu’au déjeuner. L’après-midi se déroulait comme la matinée avec une extinction des feux à 23h15.

Planning Fremantle
Le planning de la semaine en prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En parlant des parties communes, nous visitons les cuisines et petites cours intérieures bétonnées où se prennent les repas. Très vite, nous arrivons à la chapelle de la prison où sont affichés les 10 commandements, sur une fresque, derrière l’autel. Petite anecdote, le sixième commandement « Tu ne tueras point » a été modifié par « Tu ne commettras point de meurtre ». La peine capitale étant pratiquée au sein de Fremantle il n’aurait pas été logique d’avoir ce commandement tel qu’il est mentionné dans la Bible.

Cuisine Fremantle
Les cuisines de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Repas Fremantle
La « salle » de repas. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Chapelle prison Fremantle
La Chapelle de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Christ Chapelle
Représentation du Christ sur l’un des murs de la chapelle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
10 commandements
Les 10 commandements. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pour ceux que cela intéresse, il est possible de se marier dans cette chapelle en s’y prenant à l’avance (comme pour un mariage classique, la liste d’attente et de réservation est assez longue).

La mort au bout du couloir

Maintenant, passons à la partie morbide de la visite. Nous rejoignons une cour où des prisonniers recevaient des châtiments corporels pour mauvaise conduite. Afin de « mater les mauvais élèves », les gardiens pouvaient avoir recours au fouet, punition douloureuse et interminable. Debout, les mains attachées à une structure en bois, le prisonnier pouvait recevoir jusqu’à 100 coups de fouet en fonction du crime commis au sein de la prison. Les bourreaux étaient tous volontaires car certains matons ne pouvaient supporter les hurlements poussés par les détenus, retentissant dans le centre pénitentiaire.

Chaque coup de fouet était compté méticuleusement car le châtiment pouvait durer sur plusieurs jours. Très souvent, les prisonniers tombaient dans les pommes avant la fin. Ils allaient alors à l’infirmerie où ils étaient soignés avant de reprendre, les jours suivants, les coups de fouet. Pour désinfecter les plaies béantes et sanguinolentes, de l’alcool et du gros sel étaient jetés sur le dos du malheureux (je vous laisse imaginer la douleur). Certains ne survivaient pas à cela et finissaient leur vie dans d’atroces souffrances.

Fouet prison Fremantle
Démonstration d’une séance de flagellation. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après nous avoir expliqué tous ces détails, le guide nous montre une petite maisonnette juste à côté et nous invite à y entrer. Il s’agit de la salle de pendaison où étaient exécutés les condamnés à mort. De 1889 à 1964, 43 hommes et une femme ont été pendus dans cette pièce (pour info, la peine de mort en Australie a été abolie en 1984). Les plus chanceux mourraient la nuque brisée à l’ouverture de la trappe, située sous les pieds du criminel, tandis que les autres mourraient étranglés lentement.

Potence Fremantle
La potence de la prison. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà les principaux temps forts de cette visite qui aura duré environ une heure. Nous revenons à l’entrée de la prison où nous attend le deuxième tour sur les plus illustres prisonniers de Fremantle.

Les évasions ratées et réussies dans la prison

Un nouveau guide nous prend en charge et nous ramène dans l’enceinte du centre pénitentiaire. Cette fois-ci, nous allons nous immerger dans la peau des grands criminels ayant tenté de s’évader de cette forteresse. Je ne vais pas vous raconter l’histoire de tous ces personnages mais sachez qu’en un siècle et demie, seulement une dizaine de prisonniers ont réussi cet exploit.

Le plus célèbre d’entre eux est Joseph Bolitho Johns, surnommé Moondyne Joe. Il a réussi à quitter Fremantle à cinq reprises, ce qui a créé sa légende d’artiste de l’évasion. Le gouverneur lui a même construit une cellule spéciale d’où il s’est encore évadé avant de se faire capturer une nouvelle fois par les forces de police, deux ans plus tard. Une autre histoire passionnante est celle des six « Fenians » (nationalistes irlandais) ayant réussi l’évasion parfaite de quitter l’Australie pour les Etats-Unis à bord d’un baleinier en 1876.

Le guide nous parle également des plus grands serial-killers d’Australie tel qu’Eric Edgar Cooke, surnommé « The Night Caller » ayant avoué l’assassinat de huit personnes (sans compter les cambriolages, viols et tentatives de meurtre). Ce dernier fut exécuté en 1964 et est le dernier condamné à mort de l’Etat du Western Australia.

Le centre pénitencier a également été victime d’une mutinerie, causant un grand incendie en 1988. Anecdote « amusante », les prisonniers ayant pris en otage plusieurs gardiens, avaient négocié une libération, à condition d’être livré de 700 burgers Hungry Jacks (que l’on connait dans le reste du monde sous le nom de Burger King).

Des personnalités connues ont aussi fait un tour par la case prison de Fremantle dont Bon Scott, le chanteur du groupe AC/DC, mort en 1980 d’un coma éthylique.

Après toutes ces histoires fascinantes, nous sortons ravis, ne regrettant absolument pas d’être venus. La prison de Fremantle est un passage obligatoire lorsque l’on voyage dans les environs de Perth. Cela change des visites classiques. Les guides s’improvisent acteurs et vous racontent de manière vivante et ludique tout ce que vous avez besoin de connaître sur le plus légendaire centre pénitentiaire d’Australie.


Promenade au jardin botanique de Perth

Après cette magnifique journée à Rottnest Island, nous repartons, fatigués mais heureux, à notre auberge de jeunesse. Dans la soirée, coup de théâtre, Jennifer m’apprend sa décision de quitter le Western Australia pour rejoindre une de ses amies à Melbourne. La voiture hors service et le fait de devoir louer un camping-car l’ont dissuadée de s’engager dans un road trip sur la côte ouest.

Celle-ci m’avoue que depuis la visite chez le garagiste, elle réfléchissait beaucoup à la suite de son aventure. Elle avait alors contacté une amie, habitant dans la capitale du Victoria, qui lui a proposé de voyager sur la Great Ocean Road durant quelques jours. Elle a sauté sur l’occasion et a décidé de quitter Perth dès demain matin.

À cette nouvelle, je ne peux qu’acquiescer et lui souhaiter un bon voyage et une bonne continuation pour la suite de son périple. Je comprends son choix mais pour ma part, je n’aurais pas laissé tomber aussi facilement. J’ai déjà eu à surmonter des difficultés beaucoup plus compliquées que celle-ci (notamment dans le Queensland avec Fabiolà et Nina) et je n’ai jamais abandonné.

Rencontre avec mon nouveau compagnon de voyage

Après avoir appris la décision de Jennifer, je pars me coucher afin d’être en forme pour le lendemain, riche en visites et découvertes.

Au petit matin, je me lève et rencontre dans le salon mon autre partenaire de road trip, Steven, un français arrivé quelques mois de cela en Australie. Ce dernier vient de finir ses 88 jours de travail dans le secteur agricole, obligatoires pour rester une année supplémentaire au pays des kangourous (pour ceux qui n’auraient pas suivi mes aventures depuis le début, je vous invite à lire mes articles concernant mes jobs en usine et le bilan de cette expérience).

Steven est resté plus de trois mois dans la région de Canberra où il a travaillé dans un abattoir de bovins (ça donne envie). Ce travail physique et éprouvant lui a permis d’économiser pas mal d’argent afin de s’offrir des vacances sur la côte ouest. Ce genre de boulots étant peu attractif, la main d’œuvre est très recherchée, d’autant plus que la moitié des nouveaux arrivants abandonnent dès la première semaine. Du coup, les salaires sont assez élevés afin de compenser le manque de candidatures.

Déjà informé du problème de la voiture, je lui explique le choix de Jennifer qui ne fera pas partie du convoi. Malgré cela, Steven préfère rester et trouver une location de camping-car.

Une cérémonie à Kings Park

Ayant déjà visité le centre-ville de Perth, je propose à Steven de découvrir le jardin botanique de Kings Park situé non loin d’Elizabeth Quay avant de se promener dans les rues du CBD. Sans plus attendre, nous prenons nos affaires et partons à pieds. Rien de mieux que la marche pour prendre le temps de visiter une ville à moindre frais.

Sur la route, nous passons par l’Arena, une des plus grandes salles de concert de Perth. Manque de chance, nous arrivons au moment où les gens sortent du spectacle de « La Reine des neiges »… Nous devons slalomer entre les parents et leurs enfants, habillés en robe bleue et tenant à la main baguettes magiques, ballons de baudruche et tous accessoires à l’effigie de ce personnage de Disney.

Arena spectacle
L’Arena, principale salle de spectacle de Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La foule s’étant éparpillée dans les rues de Perth, nous reprenons notre route sans plus aucun ralentissement. Arrivés à destination, nous avons la surprise de constater que Kings Park se trouve sur les hauteurs d’une colline. Pour s’y rendre, nous devons emprunter un chemin plutôt pentu où beaucoup de joggeurs montent et descendent les escaliers en pierre afin de se muscler les jambes. N’ayant pas la tenue adéquate, nous préférons marcher tranquillement jusqu’au sommet.

Comme je m’y attendais, nous avons droit à une superbe vue sur le CBD de Perth ainsi que le fleuve qui traverse la ville. Focalisé sur le paysage, il me faut quelques minutes pour me rendre compte que juste derrière moi a lieu une cérémonie en l’honneur des soldats morts durant la guerre de 1914-1918. Comme j’ai pu le constater à Sydney, Melbourne et dans bien d’autres villes, les Australiens sont très attachés à rendre hommage à leurs combattants ayant pris les armes pendant les deux Guerres Mondiales. Avant d’arriver en Australie, je n’aurais pas pensé que ce pays, si éloigné de l’Europe, s’était autant engagé dans les batailles en France et au nord de l’Afrique. Dans mes souvenirs d’école, on nous parle toujours de l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la France ou encore les Etats-Unis mais je n’ai jamais entendu parler de l’Australie. Certes, ils ne faisaient pas partie des principaux acteurs mais ils étaient quand même présents. Il ne me semble pas que nos livres d’histoire fassent référence aux soldats venus d’Océanie.

Vue CBD Kings Park
Vue sur Perth depuis les hauteurs de Kings Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
CBD Elizabeth Quay
À gauche, le CBD et Elizabeth Quay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Fleuve Swan
Le fleuve Swan traversant Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous observons de loin la cérémonie où participent d’anciens militaires, des écoliers de tout âge ainsi que des personnes arborant les tenues et maquillages aborigènes. Une fanfare, composée d’instruments classiques (trombones, tambours…) mais aussi de trois didgeridoos (instruments de musique aborigènes) joue après chaque discours à la gloire des personnes mortes sur les champs de bataille. Nous voyons également des gens déposer des gerbes sur l’estrade ainsi que des bougies avant la traditionnelle minute de silence.

Cérémonie Kings Park
Cérémonie d’hommage des soldats australiens. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
obélisque hommage
Un obélisque érigé à la mémoire des soldats. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Promenade dans le jardin botanique

L’hommage terminé, nous empruntons un petit sentier permettant aux visiteurs de faire le tour de Kings Park. Nous avons alors la chance de découvrir un très beau jardin :

  • Des statues de grands personnages de l’histoire australienne trônent fièrement sur un gazon parfaitement tondu,
  • Des bassins aménagés hébergent poissons et canards, dérangés de temps à autre par des jets jaillissant de l’eau,
  • Des arbres et fleurs disséminés sur plusieurs hectares de terrain,
  • Des ponts en bois permettant de passer au dessus du vide et de profiter de la vue sur le fleuve Swan…
John Forrest
Statue de John Forrest, un explorateur australien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kings Park jets d'eau
Des jets d’eau au cœur du jardin botanique. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kings Park
Kings Park. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Il nous faudra plusieurs heures avant de faire un tour complet et quitter Kings Park pour revenir sur les rues goudronnées de Perth.

Déjeuner à Chinatown

Après avoir fait un tour du CBD et d’Elizabeth Quay, nous décidons de chercher un restaurant pas très cher. Qui dit prix bas, dit nourriture asiatique ! Du coup, nous partons dans les rues du Chinatown de Perth où un grand choix de restaurants s’offre à nous.

En passant devant la vitrine de l’un d’entre eux, je découvre avec joie que les assiettes sont plutôt copieuses. Je propose à Steven de déjeuner ici. Installés à une table, nous sommes très rapidement servis. Les plats ne sont pas d’un grand raffinement mais compte tenu du prix, je suis satisfait de la qualité et la quantité de mon assiette.

Déjeuner Chinatown Perth
Un bon déjeuner à Chinatown. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Durant le déjeuner, je règle enfin le dossier de la location de camping-car. Je ne vous en avais pas parlé dans les articles précédents mais depuis trois jours, je cherche sur Internet et dans des agences de voyage pour backpackers une solution pas trop chère qui nous permettrait de visiter la côte ouest et d’aller jusqu’à Darwin. Malheureusement, le coût de la location pour s’y rendre est beaucoup trop cher et je dois me rabattre sur un plan B : louer un camping-car deux places, aller jusqu’à Exmouth (où j’ai organisé une journée en mer) et revenir sur Perth. Cette solution me permettra d’économiser plus de 500$ comparée à un trajet Perth-Darwin.

Déçu de devoir renoncer à une partie du voyage, je suis tout de même soulagé d’avoir trouvé une solution plus que satisfaisante. La partie Perth-Exmouth est celle où est située la majorité des sites incontournables sur la côte ouest. En y regardant de plus près, je ne raterais que 10% du programme que j’avais planifié il y a quelques semaines de cela. Seul petit problème, le camping-car ne sera prêt qu’en début de semaine prochaine alors que nous aurions dû partir dans deux jours. Qu’à cela ne tienne, ce contretemps nous permettra d’explorer les alentours de Perth. D’ailleurs, j’ai déjà en tête quelques idées de visite qui nous feront patienter jusqu’à notre départ.