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Exmouth, une destination phare du Western Australia

Levés au milieu d’un désert de termitières, nous remballons toutes nos affaires pour reprendre la route. Aujourd’hui, pas de trajet en van interminable comme nous l’avons déjà vécu. Un peu moins d’une heure de voiture suffit pour atteindre la ville d’Exmouth, dernière étape avant de rebrousser chemin et retourner gentiment sur Perth.

Les principales attractions de la région

Exmouth n’a, en soi, rien de bien particulier. Une ville du Western Australia coincée entre l’océan et le désert où les habitants se comptent sur les doigts de la main (bon j’exagère un peu sur ce dernier point). Et pourtant, des milliers de touristes s’arrêtent chaque année ici ! D’ailleurs, le site attire tellement de monde qu’un aéroport a été construit à l’entrée d’Exmouth afin de faciliter l’accès aux voyageurs.

Une question se pose alors : pourquoi un tel engouement ? Eh bien, vous allez le découvrir à travers les prochains articles car un seul post ne suffit pas pour vous raconter tout ce qu’il y a à voir et à faire ici.

Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, attardons-nous un peu sur notre arrivée et la planification du séjour. Premier arrêt, le centre d’information touristique d’Exmouth, situé sur la rue principale (impossible de le rater). Même si j’ai une idée de ce que nous pourrions visiter, je préfère demander conseil auprès d’un expert de la région afin de ne pas passer à côté d’un lieu incontournable.

Niveau activités physiques, les sportifs en auront pour leur argent. Exmouth fait partie de la Ningaloo reef, un récif corallien de 260 kilomètres (l’un des plus importants d’Australie). Qui dit récif, dit forcément plongée pour découvrir une faune marine incroyable et atypique. Outre les gros poissons et tortues, Ningaloo accueille de manière saisonnière des raies manta, des baleines ainsi que des requins-baleines venant se nourrir au large de la côte.

Et voilà l’une des premières attractions attirant tant de touristes : la plongée afin de nager avec ces géants des mers ! Mais attention, il ne suffit pas de prendre masque et tuba pour avoir la chance de les voir. Une rencontre pareille nécessite de passer par une agence spécialisée dans ce type d’excursion en mer. Impossible également de faire une seule virée pour voir raies manta, baleines et requins-baleines. Chaque excursion est allouée à un animal particulier et ces derniers ne sont pas forcément présents au même moment. Par exemple, les baleines ne côtoient pas les requins-baleines (même si leur nom est plus ou moins similaire).

Baleine à bosse
Une baleine à bosse, fréquente à certaines périodes de l’année. Crédit photo : Skeeze via Pixabay
Raie Manta
Raie manta que l’on peut rencontrer sur la Ningaloo Reef. Crédit photo : Eychenne via Pixabay
Requin-baleine
Le fameux requin-baleine que j’aurais l’occasion de rencontrer dans quelques jours. Crédit photo : Skeeze via Pixabay

Ayant déjà prévu cette expérience deux mois à l’avance, j’ai réservé ma place avec la meilleure compagnie qui soit. Pour ceux que ça intéresse, il s’agit de l’agence Ningaloo Whale Sharks. Celle-ci est la seule possédant un avion personnel permettant de faire un repérage pour dénicher cet animal hors du commun. Une fois trouvé, le pilote communique sa position au bateau où attendent patiemment les plongeurs.

Toutes les autres compagnies se partagent un ou deux avions ce qui entraîne l’arrivée de plusieurs bateaux à un même endroit. Sachant que la plongée avec les requins-baleines est très réglementée, l’attente peut être longue avant que vous puissiez rentrer dans l’eau. Le fait que Ningaloo Whale Sharks ait son propre avion fait gagner du temps de manière considérable.

Pour ceux préférant rester plus près de la côte, il est aussi possible de faire de la plongée ou du « snorkeling » (terme anglais signifiant la plongée en masque, tuba et palmes) à proximité d’une plage. Pour cela, il faudra vous rendre dans le parc national de Cape Range où plusieurs spots sont ouverts au public.

Enfin, on ne peut pas parler de parc national sans mentionner les nombreuses randonnées que les touristes peuvent emprunter pour découvrir des gorges, rivières…

Bien entendu, tout ceci fera partie intégrante de mon programme pour ces quelques jours à Exmouth !

Installation et repérage

Après avoir discuté des loisirs qu’offre la région, il est temps de s’occuper du logement. Ici, pas de camping gratuit (le plus proche étant celui utilisé la nuit dernière). Mais ne vous inquiétez pas, il existe un grand choix d’hôtels, campings, auberges et autres résidences de vacances à Exmouth.

Toujours dans un souci d’économie, nous choisissons l’option la moins chère à savoir le camping Ningaloo Lighthouse situé à quelques kilomètres au nord, à l’extérieur de la ville. Très bien placé, ce dernier est quasiment aux portes du parc national de Cape Range ainsi que du port d’attache des bateaux organisant les excursions en mer à la recherche des requins baleines.

Niveau hébergement, si vous en avez l’occasion, je vous conseille d’utiliser un des campings situés à l’intérieur de Cape Range afin de dormir au milieu de la nature. En revanche, prévoyez à l’avance car la liste d’attente s’étale sur plusieurs jours. Du coup, impossible pour nous de tester ces campings…

La conversation terminée, nous partons avec toutes les informations nécessaires ainsi qu’une carte de la région et du parc national. Nous profitons d’être en ville pour marcher dans les rues d’Exmouth dont le cœur « économique » se résume aux supermarché, petits commerces et agences de croisières quasiment tous regroupés au même endroit. Nous passons par les bureaux de Ningaloo Whale Sharks pour confirmer nos places pour l’excursion en mer qui aura lieu dans trois jours. Un peu inquiet quant aux conditions météorologiques, je demande à l’employé de l’accueil si notre tour en bateau sera maintenu. Grand soulagement, la météo sera suffisante pour sortir ! Nous avons beaucoup de chance car pour ces deux prochains jours la météo est, par contre, calamiteuse. Il est annoncé de la pluie et un vent fort pour ces prochaines 48 heures.

Un ciel qui n’annonce rien de bon

En fin de matinée, nous partons pour le Ningaloo Lighthouse afin de prendre nos quartiers. Au pied d’un phare (d’où le nom de lighthouse), le camping fait face à l’océan. À la réception, nous sommes bien accueillis et prenons une place basique, sans électricité pour une trentaine de dollars par nuit et par voiture seulement, soit 15 dollars chacun. On ne peut pas trouver moins cher !

Au fur et à mesure que la journée passe, comme il était annoncé, la météo est de plus en plus mauvaise. Le vent souffle très fort, amenant avec lui quelques nuages gris. Avant que ça ne soit trop tard, je pars faire un petit tour sur la plage en face du camping et profiter du coucher de soleil. Durant cette balade, seul sur le sable, je commence à me rendre compte que mon aventure en Australie touche à sa fin. Déjà deux ans passés dans ce pays où j’ai vécu des moments formidables tout au long de mon parcours m’ayant amené dans des lieux emblématiques mais aussi des endroits dont je n’avais jamais entendu parler avant mon arrivée. Seulement 15 jours me séparent de mon retour en France que j’appréhende fortement. Mais avant que le rêve ne se termine, profitons de ces instants magiques dont les prochains seront riches en émotion.

Exmouth dunes de sable
Les dunes de sable cachent le camping situé juste derrière. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Exmouth Coucher soleil plage
Coucher de soleil sur la plage d’Exmouth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien


Carnarvon & Coral Bay, l’eau dans tous ses états

Nous disons adieu à Shark Bay où nous avons passé une superbe journée pour reprendre la route en gardant notre cap (remonter la côte ouest). La fin de journée étant déjà bien entamée, nous ne roulons que deux petites heures avant de nous arrêter sur une aire de repos pour passer la nuit.

Un sommeil mouvementé

Contrairement aux autres campings gratuits et bondés où nous nous sommes déjà arrêtés, celui-ci n’est occupé que par une seule voiture, ce qui m’étonne fortement. Cependant, en y réfléchissant bien, cette désertification paraît plutôt logique. On ne peut pas dire que cette aire d’autoroute soit des plus confortables. Collée à la voie rapide, sans aucune commodité, dans un lieu sec et aride, vous avouerez qu’il y a quand même mieux comme endroit pour dormir.

Le seul avantage vient de sa situation géographique. Ce camping est le plus proche de l’une des « principales villes » (tout est relatif) de la côte ouest. De plus, l’obscurité approchant à grand pas, je préfère stopper la voiture maintenant pour éviter des accidents de kangourous inutiles, plus fréquents la nuit que le jour.

Nous profitons des dernières lueurs du soleil pour nous installer et préparer le repas. Nous parlons également avec le conducteur de la voiture d’à-côté, un backpacker allemand à la recherche d’une ferme pour faire ses 88 jours de travail dans le secteur agricole (obligatoires si l’on veut renouveler son visa un an de plus). Puis, épuisé par cette journée harassante, je pars me coucher pour une nuit dont je me souviendrai longtemps.

Camping Carnarvon
Camping en bord de route. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le fait d’être proche d’une ville accroît fortement le trafic routier, même à une heure du matin. D’énormes camions décorés de guirlandes lumineuses, ne cessent de défiler et font un boucan d’enfer lors de leur passage. Même avec les boules Quies, j’arrive encore à les entendre… Par ailleurs, je suis très incommodé par un problème gastrique qui s’est déclaré aux alentours de 23 heures. Ayant choisi un camping sans toilettes, je vous laisse imaginer les difficultés pour me soulager. Heureusement qu’il y avait un petit arbuste permettant un peu de s’isoler. Malgré les médicaments et mes nombreux passages dans mes cabinets de fortune, rien n’y fait, je n’arrive pas à fermer l’œil de la nuit.

Carnarvon, ville de backpackers

Bien évidemment, levé aux aurores, j’attends que Steven sorte de son sac de couchage afin de décoller le plus rapidement possible de ce camping dont je ne garderai pas de bons souvenirs. Heureusement, ce n’est pas un gros dormeur, ce qui me permet de ne pas attendre trop longtemps.

Fatigué et toujours patraque, je demande à mon compagnon de voyage de prendre le volant pour la matinée jusqu’à ce que nous arrivions en ville. Seulement, trois quarts d’heure nous sépare de Carnarvon, nom que j’ai déjà entendu à plusieurs reprises même si, en soi, cet endroit n’a rien d’exceptionnel.

Carnarvon est surtout connu pour être l’une des principales villes où les backpackers se rendent afin de trouver une ferme ou une usine pour effectuer leurs 88 jours. Étant moi-même passé par là, Carnarvon faisait partie de ma short-list avant que je ne choisisse de partir à Mareeba, dans la région du Queensland, vers Cairns. Lorsque vous êtes des backpackers, la moitié des conversations tourne autour des fameux emplois agricoles/industriels. Lors de ces discussions, des noms de ville fusent tels que Bundaberg, Gayndah, Darwin, Innisfail, Carnarvon ou Mareeba, représentant le Saint Graal pour beaucoup de jeunes en WHV (Working Holiday Visa). Cependant, ces villes sont aussi considérées comme des pièges et arnaques si l’on n’y prend pas garde. Des fermiers peu scrupuleux pourraient user de votre gentillesse et surtout de votre naïveté afin de vous faire travailler comme un forcené pour in fine ne pas être payé (pour ceux que ça intéresse, n’hésitez pas à lire mes articles sur ma recherche de fermes dans la Queensland).

Ma visite d’aujourd’hui a un tout autre objectif, beaucoup plus agréable. Bon, Carnarvon nous sert uniquement de ravitaillement. Après une visite rapide de la rue principale près de l’océan, des courses au supermarché, le plein d’essence et un nouvel arrêt aux toilettes, nous quittons Carnarvon sans regrets.

Les « geysers » de Quobba Blowholes

Non loin de Carnarvon, un site « pseudo » touristique nous incite à y faire un détour. Étant un jour en avance sur notre programme (dû à la fermeture du parc national de Kalbarry), nous pouvons nous permettre de prendre notre temps.

Les Quobba Blowholes sont des sortes de « geysers » naturels, offrant un spectacle amusant pour des voyageurs curieux, souhaitant partir hors des circuits touristiques les plus populaires de la côte ouest. Comme pour certains sites de la région de Shark Bay, le chemin de terre à emprunter n’est pas très agréable mais faisable pour tout type de voiture, du moment que vous ne rouliez pas à toute berzingue.

Attention, avant de vous y rendre, consultez l’état des marées de la région car ces geysers ne sont visibles qu’à marée basse. Je vous le dis car ayant oublié de nous en préoccuper, nous sommes arrivés une dizaine de minutes avant que les geysers ne disparaissent sous les eaux. Pour les apercevoir, il est nécessaire de s’approcher du bord des falaises où l’on peut observer, à certains endroits, des trous d’où jaillit l’eau. Les vagues, arrivant à pleine vitesse, s’engouffrent dans un réseau souterrain d’où elles en ressortent via des petits puits, créant ainsi des geysers.

Carnarvon Quobba Blowholes
Les falaises de Carnarvon. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quobba Blowholes
Un trou par lequel sortent des jets d’eau. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Geyser Quobba Blowholes
Un « geyser » en action. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Geyser Quobba Blowholes
C’est assez impressionnant lorsqu’on le voit de ses propres yeux. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le spectacle terminé, nous nous promenons le long de la côte jusqu’à une petite plage où l’eau est d’un calme olympien. C’est surprenant de voir qu’à quelques mètres de distance, la fureur de l’océan laisse place à une baie silencieuse et reposante.

Plage Quobba Blowholes
Juste à côté des tumultes des Quobba Blowholes, une plage calme et reposante. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La plage de Coral Bay

En fin de matinée, nous quittons la région de Carnarvon afin de visiter Coral Bay et ses plages de sable fin. 270 kilomètres de désert plus tard, nous posons notre van en face de l’océan. Changement d’ambiance, Coral Bay a l’air d’être un lieu de villégiature pour les voyageurs venus découvrir l’Australie. Même si la ville est minuscule, elle n’en reste pas moins remplie de touristes et de commerces dont les activités sont principalement tournées vers les loisirs aquatiques. Locations de palmes et tubas, croisières en bateau, cours de plongée sont autant d’offres que proposent les habitants ou saisonniers de Coral Bay.

centre-ville Coral Bay
La rue principale de Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coral Bay plage
Vue sur la plage de Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après être passé devant plusieurs agences touristiques, je commence à céder à la tentation. Je pars me renseigner sur une activité que je n’ai pas eu l’idée de planifier. Au large de Coral Bay, il est possible de nager avec des raies manta dont la taille de certaines est, paraît-il, impressionnante. Ces animaux marins ne sont pas d’un naturel agressif alors qu’ils ont la possibilité de l’être. En effet, leur dard possède un venin très puissant qui peut tuer un homme. Malgré ce danger, les raies manta sont fascinantes et incroyablement belles. Leurs grandes « ailes » donnent l’impression qu’elles volent sous l’eau et les rendent majestueuses.

Me voyant déjà dans l’eau, entouré par des raies, je discute avec l’employée d’une agence pour tenter de booker une place pour le lendemain. Malheureusement, mon enthousiasme va vite déchanter… Les conditions en mer vont être très mauvaises pour ces deux prochains jours. De fortes rafales de vent et de la pluie sont prévues, rendant toute excursion en mer impossible. Encore une fois, il faudrait attendre plusieurs jours à Coral Bay avant de pouvoir nager au large… Le temps étant un luxe que je ne peux m’offrir, je suis contraint d’abandonner cette idée et de reprendre les plans initialement prévus. Décidément, la météo m’aura fortement joué des tours durant tout mon road trip 🙁 Ça en devient même insupportable !

Du coup, nous utilisons le reste de notre journée pour nous balader sur la plage de Coral Bay, vrai havre de paix malgré le nombre de touristes qui, éparpillés, ne sont pas plus gênants que ça. Dans une baie sans remous, le soleil décline peu à peu, annonçant la fin de la journée. Nous rencontrons, encore une fois, un pélican posé sur le sable, face à la mer. Le temps d’une photo, ce dernier se laisse approcher facilement.

Coral Bay plage balade
Balade le long de la plage de Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan Indien Coral Bay
Relaxation au bord de l’océan Indien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pieds dans l'eau Coral Bay
Après avoir mis mes pieds, je peux vous dire que l’eau n’est pas si chaude que ça… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Coral Bay plage
Un pélican en mode farniente à Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coral Bay plage soleil
Un beau coucher de soleil à Coral Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les termitières du désert

Aucun camping gratuit n’étant présent aux alentours, nous préférons reprendre la route afin de trouver un endroit où passer la nuit. Bien entendu, Coral Bay propose un camping et des hôtels mais ces derniers sont pris d’assaut. De toute façon, n’ayant pas forcément le budget pour, nous ne nous serions sans doute pas arrêtés ici.

Néanmoins, même si ce n’est pas très correct, nous utilisons les sanitaires du camping situé en face de la plage pour nous doucher à l’eau chaude. Je sais, cette pratique n’est pas autorisée mais nécessaire compte tenu de notre petit portefeuille… Depuis le Billabong Roadhouse, nous n’avons pas trouvé de douches publiques et après mon trouble gastrique de la nuit dernière, j’ai fortement envie de me laver et me sentir bien propre.

La toilette terminée, il est temps de partir, un peu frustré de ne pas être resté plus longtemps. Pour les amateurs de plongée, cette partie de la côte ouest australienne est un arrêt incontournable que je ne pourrais pas tester 🙁

Sur la route, nous apercevons, des deux côtés, de gros monticules de terre alvéolés. Sachant ce que c’est mais n’en ayant encore jamais vu en vrai, je décide d’arrêter le van pour nous approcher de l’un d’entre eux. Il s’agit de grosses termitières comme j’ai pu en voir à la TV dans des reportages sur Afrique et l’Australie. C’est incroyable de se dire qu’un si petit insecte peut concevoir une telle structure. Ce qui est également incroyable (mais dans le mauvais sens), ce sont les détritus qui jonchent le sol, laissés à l’abandon par des touristes, camionneurs ou je ne sais quel autre imbécile. Dans un décor comme celui-ci, comment peut-on être aussi irrespectueux et polluer notre nature ? Il ne faut quand même pas sortir de l’ENA ou Saint-Cyr pour mettre ses déchets dans un sac en plastique et les jeter dans la première poubelle venue ! Parfois, je me dis que la fainéantise et la stupidité de l’Homme vont causer notre perte…

Termitières désert
Des termitières dans le désert australien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Termitière ouest australien
Le soleil se couche derrière les termitières de l’ouest australien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Enfin bref, nous faisons encore quelques kilomètres avant de trouver un camping entouré de termitières. Ce lieu atypique, comme je les aime, est parfait pour terminer cette journée. Demain, nous arriverons à notre principale étape de ce road trip où nous avons prévu de passer plusieurs jours et de faire énormément d’activités. Seul petit bémol, la météo devrait être assez calamiteuse ce qui risque de gâcher un peu notre séjour.

Désert fin de journée
Fin de journée dans le désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien


Shark Bay, la splendeur péninsulaire

Petit déjeuner, douche, rangement du van… Le cérémonial du matin terminé, nous repartons sur les routes désertiques. 200 kilomètres nous séparent de notre prochaine destination, située sur une péninsule célèbre pour sa faune marine et sa flore atypique.

Le soleil se lève doucement sur un désert ocre, donnant l’impression d’être seul au monde. Les broussailles, de part et d’autre de la voie rapide, sont les uniques éléments de relief d’un paysage sableux s’étendant à perte de vue. Cette nature, pourtant « hostile », produit paradoxalement un sentiment de calme, de plénitude et de bien-être alors qu’elle devrait nous inspirer tout l’inverse. C’est vrai, il n’y aurait rien de pire que de tomber en panne et mourir de soif sans avoir pu contacter qui que ce soit.

Un accident évité de justesse

Mis en confiance par une route où rien ne se passe, je relâche mon attention et conduis à la vitesse maximale autorisée, même si, en soi, je peux me permettre de la dépasser (les radars et les policiers n’étant pas légion). Malheureusement, la torpeur du désert cache bien des pièges pouvant surgir de nulle part dont l’un des plus fréquents que je vais expérimenter de près.

Accaparé par mes pensées, je redescends de mon nuage en un millième de seconde lorsque, tout à coup, j’aperçois deux kangourous traverser la route devant moi. À plus de 110 kilomètres par heure, je freine tant bien que mal, tout en me déportant sur la voie de droite, me retrouvant ainsi à contre-sens. Sentant certaines roues décollées du bitume, je braque une nouvelle fois pour revenir à gauche et rééquilibrer le poids afin d’éviter de dangereux tonneaux. Mon cœur bat à 100 à l’heure, je me gare sur le bas-côté pour reprendre mes esprits, conscient que nous nous sommes sortis indemnes de cette situation périlleuse.

Je vérifie le pare-chocs pour ne constater aucune éraflure, impact ou tôle froissée. Dans le feu de l’action, je n’ai pas réussi à ressentir si nous avions, oui ou non, écrasé ou tapé l’un des kangourous suicidaires. Steven, qui était placé côté passager, me raconte que je suis parvenu à les éviter de quelques centimètres à peine. La queue de l’un d’entre eux a littéralement frôlé le van ! Soulagé, je contrôle tout de même de part et d’autre de la route qu’aucun marsupial n’est en train d’agoniser. Sincèrement, à choisir, je préférerais avoir un accident que de tuer un animal et avoir sa mort sur la conscience.

Rien à signaler, le calme du désert a repris ses droits, ne laissant presque aucune preuve de l’incident, mis à part les traces de freinage sur le bitume. Avant de repartir, nous regardons également l’état de nos affaires à l’arrière du van qui ont dû être fortement chamboulées. Effectivement, c’est un vrai capharnaüm ! Mais plus embêtant, l’intérieur du van sent fortement l’essence, dû aux bidons renversés pendant le dérapage… Nous nettoyons et rangeons tant bien que mal mais rien à faire, l’odeur reste imprégnée. Une fois ressaisi, je reprends le volant et termine le trajet en restant sur mes gardes. J’ai bien appris la leçon : le désert de la côte ouest n’est pas aussi « désert » qu’il en a l’air

ROute désert
Une route pourtant si calme… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les dauphins de Monkey Mia

À l’extrémité de la péninsule, constituant la région de Shark Bay (signifiant littéralement, la baie des requins en français), nous arrivons au parc de Monkey Mia. N’étant pas considéré comme l’un des parcs nationaux de la côte ouest, notre pass acheté à Yanchep ne fonctionne pas ici. Par conséquent, nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée de 12$ par personne (7.5€) valable 24 heures.

Ci-dessous, la carte de la région de Shark Bay et ses principaux sites touristiques :

Après avoir payé, nous garons le van à l’entrée afin de nous rendre sur la plage principale où a lieu plusieurs fois par jour l’événement attirant tous les visiteurs de Monkey Mia. Le personnel nous invite à nous rapprocher du bord de l’eau pour faire connaissance avec des dauphins ayant élu domicile dans les parages. Deux animateurs, munis chacun d’un micro, nous racontent la naissance du parc de Monkey Mia, la présence des dauphins, leur mode de vie ainsi que leur alimentation.

Durant leur discours, nous pouvons apercevoir ces mammifères aquatiques nager et slalomer entre les employés, attendant avec impatience la fin des explications. En effet, en guise de conclusion, les dauphins ont droit à une petite récompense pour leur présence. D’autres membres de l’équipe de Monkey Mia nous rejoignent, munis de seaux contenant des maquereaux. Ce sont principalement des bénévoles, composés avant tout de backpackers.

Pour les personnes intéressées, sachez que la liste d’attente est très longue et qu’il vous faudra même payer certains frais pour avoir le bonheur de travailler dans le parc durant une semaine voire deux ou trois maximum.

Dauphin Monkey Mia
Un petit coucou de la part d’un dauphin de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dauphin Monkey Mia Show
Un dauphin fait le show à Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Dauphin Monkey Mia soigneur
Les dauphins se faufilent entre les jambes des soigneurs. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Spectacle étonnant et amusant, les dauphins, très disciplinés, s’alignent face à nous à un mètre du bord. Chacun dispose d’un soigneur attitré, se plaçant juste à côté d’eux. Sélectionnés au hasard parmi la foule, des spectateurs sont invités à nourrir ces charmants animaux. Étant près d’une cinquantaine, je ne me fais aucune illusion sur mes chances d’être pris… Mais, miracle, un soigneur me fait signe d’approcher. À cet instant, je repense à l’accident, évité de peu, et me dis que c’est sûrement le karma qui me récompense du fait d’avoir sauvé la vie d’un kangourou 😊

Monkey Mia Dauphin nourrir
Je suis l’heureux élu, autorisé à nourrir un dauphin de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le spectacle terminé, nous en profitons pour nous balader le long de la plage où des pélicans gambadent tranquillement. Peu farouches, ils se laissent facilement approcher, sûrement habitués à être nourris par les touristes. D’ailleurs, à chaque fois que nous nous approchons d’eux, par réflexe, ils ouvrent grand leur bec, attendant une petite friandise.

Plage balade Monkey Mia
Balade le long de la plage de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Monkey Mia
Un des nombreux pélicans de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Mouette Monkey Mia
Duel entre un pélican et une mouette. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican bec ouvert
La plupart gardent le bec ouvert lorsqu’ils rencontrent des touristes. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Monkey Mia Pélican bouche
Du coup, j’essaie d’en imiter un. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis la plage, des boutiques souvenirs proposent peluches, cartes postales et autres bibelots à l’effigie des dauphins, stars de Monkey Mia. Elles proposent également des locations de masques et tubas car il est autorisé de se baigner à certains endroits de la plage où s’est déroulée l’animation de ce matin. Pour les plus chanceux, des dauphins peuvent rejoindre les nageurs et jouer avec eux. Malheureusement, l’air très frais, le vent et la température de l’eau me dissuadent de toute baignade.

Pause Monkey Mia
Une pause en face de l’océan au parc de Monkey Mia. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les lieux incontournables de Shark Bay

La matinée à Monkey Mia terminée, nous partons de l’autre côté de Shark Bay pour visiter Denham, « chef-lieu » de la région. La petite ville côtière n’a rien d’exceptionnelle mais reste, néanmoins, charmante. La grande allée, en bord de mer avec une eau cristalline, est de toute beauté. Toutefois, notre halte à Denham est surtout l’occasion de prendre conseil auprès du Discovery Center sur les principaux sites touristiques de Shark Bay.

Denham Centre Information
Le Denham Discovery Center. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Denham allée
L’allée principale de Denham. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Denham plage
Balade le long de la plage de Denham. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Carte en main et écoutant les indications reçues, nous partons pour Eagle Bluff. Ce panorama sur l’océan Indien, au sommet d’une falaise, est accessible via une route en terre, très mauvaise. Donc attention, si vous n’avez pas un 4×4, mieux vaut rouler doucement. Effectivement, la vue est très belle. Il est même possible de voir des animaux marins nager. Cependant, avec la distance, nous ne pouvons distinguer s’il s’agit de tortues, requins ou raies. Tout ce que nous voyons ce sont deux grosses taches en mouvement non loin du bord de la falaise.

Falaise Eagle Bluff
Vue sur l’océan Indien depuis Eagle Bluff. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Eagle Bluff île
Une île au loin d’Eagle Bluff. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Par la suite, nous rejoignons l’une des plus belles plages que j’ai pu visiter de toute ma vie. Shell Beach n’est pas une plage de sable mais comme son nom l’indique, est composée de coquillages. Ces derniers, d’une couleur nacrée, jonchent le sol sur plusieurs kilomètres. Entre Monkey Mia, Denham, Eagle Bluff et Shell Beach, on ne peut être qu’émerveillé par Shark Bay et ses multiples facettes plus magiques les unes que les autres.

Shell Beach plage
Shell Beach, de prime abord, une plage comme tant d’autres. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Shell Beach coquillages
Mais en y regardant de plus près, le sable a été remplacé par des milliards de coquillages. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par Hamelin Pool. Comme pour Eagle Bluff, il vous faudra emprunter une route caillouteuse sur quelques kilomètres, moins désagréable que la précédente, je vous rassure. Sur le chemin, nous croisons un émeu beaucoup moins stupide que les kangourous de ce matin. Restant sur le bas-côté, ce dernier n’a nullement l’intention de traverser, bien au contraire. Cette fois-ci, mes sens étant éveillés, j’ai largement le temps de freiner de manière sereine. Personne sur la route, nous avons même le luxe de stopper totalement le van pour l’observer et prendre des photos avant qu’il ne déguerpisse dans le désert.

Emeu Shark Bay
Un émeu sur le bas-côté de la route. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hamelin Pool est composé de trois maisons et d’un paysage digne d’un film d’horreur telle que La colline a des yeux ou Massacre à la tronçonneuse. Des voitures sont garées mais personne à l’horizon, la poste (seul commerce dans le coin) est fermée… J’ai l’impression que les gens sont partis en catastrophe, abandonnant leurs affaires ici. Les seules traces de vie que nous rencontrons sont un chien qui aboie et des poules en cage…

Hamelin Pool Maisons fantômes
Bienvenue à Hamelin Pool, une « ville » fantôme… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Malgré tout, nous décidons de continuer et empruntons à pied un petit sentier nous amenant en bord de mer. L’attraction de Hamelin Pool repose sur les stromatolites, des entités bactériennes, calcaires et sédimentaires, considérées comme les plus anciennes formes de vie organisée sur Terre (elles existaient déjà plus de 3,5 milliards d’années de cela). Aujourd’hui, il n’existe que peu d’endroits où l’on peut observer des stromatolites. Par ailleurs, Hamelin Pool est le site le mieux préservé du monde. Bien entendu, interdiction de se baigner, la baie étant une zone protégée.

Hamelin Pool Stromatolites
Hamelin Pool et ses bassins de stromatolites. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Stromatolites Hamelin Pool
Les stromatolites d’Hamelin Pool. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Hamelin Pool réserve Stromatolites
Hamelin Pool est la plus grande réserve de stromatolites du monde ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voilà, notre circuit à Shark Bay est déjà fini :-(. Si nous avions eu plus de temps, j’aurais bien aimé rester quelques jours supplémentaires pour profiter au maximum de cette région. En effet, nous n’aurons pas l’occasion de visiter le parc national François Péron situé près de Monkey Mia (nom donné en hommage à un zoologiste français du XIXème siècle, vive la France !). Mais bon, l’accès n’est autorisé qu’aux 4×4 et aux pros de la conduite car le chemin est paraît-il très accidenté. Beaucoup de voyageurs s’embourbent ou crèvent un pneu en cas d’inattention ou d’erreur de manœuvre.

Au fur et à mesure que je découvre la côte ouest, je me rends compte qu’avoir un véhicule tout terrain est primordial pour ne rien rater. Néanmoins, je suis tout de même content d’avoir Justin qui nous a bien sauvé la mise après que Furiosa ait rendu l’âme à Perth. Voyager sur la côte est était une expérience incroyable mais je dois avouer que je vais de surprise en surprise en découvrant l’ouest australien. Plus sauvage, moins touristique et une faune surprenante, l’ouest a de beaux atouts qu’il est impératif de découvrir lorsque l’on voyage en Australie.


Entre océan et désert, le paradoxe australien

Je ne pouvais pas rêver mieux qu’un réveil au bord de l’océan Indien accompagné d’un lever de soleil aux couleurs orangées où seul les clapotis de l’eau résonnent. Parmi les premiers campeurs debout, nous admirons cette vue paradisiaque avant de ranger nos affaires et repartir sur les routes de la côte ouest.

Un « Pink Lake » pas très rose…

Une grande partie de notre matinée se résume uniquement à conduire sur une voie rapide rectiligne afin de rejoindre notre première étape de la journée. Après trois heures de conduite assommantes, notre GPS nous indique que nous sommes arrivés à destination. Le Hutt Lagoon fait partie du cercle très fermé des Pink Lake disséminés à travers le continent australien. Ces lacs salés peuvent changer de couleur et arborer une robe rosée en fonction des températures et du temps. Mon road trip précédent (de Surfers Paradise à Perth) m’avait amené à l’une de ces étendues d’eau singulières dans les environs d’Esperance. Malheureusement, le soleil et la chaleur n’étant pas au rendez-vous, la couleur de l’eau n’avait rien d’exceptionnelle comparée aux lacs d’eau douce.

Avant de pouvoir admirer le Hutt Lagoon, nous tentons de trouver l’entrée principale où nous pourrions garer notre van et continuer le chemin à pied. Malgré nos efforts, n’arrivant pas à la trouver, nous nous contentons de nous arrêter sur le bas-côté et empruntons un sentier de fortune trouvé totalement par hasard.

Devant le Pink Lake, je dois vous avouer que je suis un peu déçu par le paysage se présentant sous mes yeux. Une route traversant le lac d’est en ouest, interdite au public, nous empêche d’avancer plus loin. Disciplinés, nous restons à notre position pour tenter de déterminer si la couleur du Hutt Lagoon est bien rose. Encore une fois, on ne peut pas dire que ce soit le cas, les conditions climatiques n’étant pas suffisantes pour modifier le pH de l’eau. Cependant, en s’accroupissant un peu et en observant le côté sud du lac, nous parvenons à distinguer de légères nuances rosées, plus visibles sur les photos que nous prenons par rapport à la réalité.

Pink Lake Hutt Lagoon
Le Hutt Lagoon ou Pink Lake. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rose Hutt Lagoon
La meilleure photo que j’ai pu avoir de la couleur rose du lac… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce n’est pas encore aujourd’hui que je verrais un Pink Lake rose. Le seul endroit où j’ai pu en voir un, était du temps de ma jeunesse, lorsque j’habitais dans les Bouches-du-Rhône, dans le sud de la France (pour ceux que cela intéresse, il se trouve du côté de Fos-sur-Mer, sur la route menant à Istres 😉).

Une deuxième désillusion…

Sans plus attendre, nous reprenons notre route pour atteindre Kalbarri où nous allons faire une halte de deux jours. La ville n’a en soi rien de particulier mais ses alentours regorgent de richesse naturelle dont le fameux parc national de Kalbarri. Différent de Yanchep avec ses kangourous et ses randonnées boisées ainsi que Nambung avec ses Pinnacles, ce troisième national park propose de nombreux treks dans un décor de western. Gorges, falaises abruptes et rivières traversant des rocs de couleur ocre, proposent aux visiteurs de nombreuses activités « outdoor » telles que le canyoning ou le rafting.

Afin d’obtenir un plan du parc, nous entrons dans le centre d’information de Kalbarri où nous apprenons une mauvaise nouvelle. Le Kalbarri National Park est fermé pour plusieurs mois afin de sécuriser les chemins de randonnée non praticables… Cependant, en échange d’une vingtaine de dollars, il est possible de visiter l’attraction principale, le Nature’s Window, où l’on peut admirer le paysage rocailleux depuis les hauteurs des falaises. Pour cela, il faut réserver une place dans un bus mis à disposition par la ville, unique moyen de transport autorisé à circuler à l’intérieur du parc. Seulement deux trajets en bus par jour sont organisés ce qui crée une liste d’attente nous obligeant à rester cinq jours à Kalbarri pour avoir une place de libre. Ne pouvant rester autant, nous nous résignons à passer notre chemin et partir d’ici sans rien avoir visité.

Natures Window
Voilà ce que nous aurions pu voir au parc national de Kalbarri (Nature’s Window). Crédit photo : mariehalter via Pixabay

Un plan de substitution

Pour ne pas repartir bredouille, l’employé du centre d’information nous propose de découvrir la côte de Kalbarri s’étendant sur plusieurs kilomètres. Ce plan B, tombant à point nommé, nous permettra d’atténuer notre déception et profiter de cet après-midi ensoleillé.

Muni d’une carte détaillée de la côte, nous repartons vers le sud pour commencer par le premier point d’observation, le Natural Bridge. Comme j’ai pu déjà en rencontrer sur la Great Ocean Road, le Natural Bridge est un pont en pierre formé sous l’effet de l’érosion des millions d’années auparavant.

Natural Bridge Kalbarri
Le Natural Bridge de Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Chaque site inscrit sur la carte nous permet d’admirer un peu plus la houle des vagues qui s’abat sur les falaises de Kalbarri. Island Rock, Shellhouse Grandstand, Eagle Gorge, Pot Alley, Jake’s Point sont autant de panoramas où il est obligatoire de s’arrêter pour prendre de superbes photos.

Plage Kalbarri
Vue sur la plage de Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Panorama Côte Kalbarri
Panorama sur l’océan Indien à Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Rainbow Valley Kalbarri
Notre van prenant la pose sur la côte. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En revanche, tout au long de notre visite, nous sommes dérangés par de grosses mouches tentant de se poser constamment sur notre peau. Je ne sais pas si c’est la chaleur ou l’humidité ambiante (ou notre hygiène corporelle, même si nous faisons très attention) mais je dois avouer que je me serais bien passé de ces nuisibles… Je ne vous parle pas non plus des énormes cafards gambadant par terre que j’essaie d’éviter.

Cafard Kalbarri
Attention aux cafards sur la côte de Kalbarri ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Bon, revenons à nos moutons. Pour les plus sportifs, il est possible de faire une petite marche à travers la Rainbow Valley (que je vous conseille). En prenant le sentier, vous descendez au niveau de l’océan pour arriver au Mushroom Rock, des rochers dont la forme ressemble à des champignons. Nous faisons une halte le temps de quelques photos avant de reprendre le chemin en sens inverse et revenir au parking.

Rainbow Valley Kalbarri
La Rainbow Valley. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Randonnée Rainbow Valley
Début de la randonnée dans la Rainbow Valley. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Mushroom Rock Kalbarri
Les Mushroom Rocks. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Kalbarri côte
Méditation à Kalbarri. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La traversée du désert

En fin d’après-midi, nous terminons le circuit sur la côte de Kalbarri pour commencer à conduire au milieu d’un désert sec et aride. J’appréhende un peu cette portion de route que personne n’emprunte hormis quelques backpackers et de gros camions. Comme la plaine de Nullarbor sur la côte sud, vous n’avez strictement rien à faire, si ce n’est tenir le volant durant des jours.

Désert côte ouest
Seul dans le désert… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Désert voiture côte ouest
Un long chemin nous attend à travers le désert. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Au bout de deux heures, nous arrivons à une station essence où l’arrêt est obligatoire. Le Billabong Roadhouse nous permet de remplir le réservoir de notre van ainsi que deux bidons par mesure de précaution. Tomber en panne dans le désert, sans réseau téléphonique pour appeler à l’aide, c’est une expérience que je souhaiterais éviter. Ayant prévu de repartir pour se rapprocher le plus possible de notre destination, j’en suis vite dissuadé. En discutant avec l’employée de la station-service, d’une grande gentillesse, celle-ci me propose de passer la nuit, gratuitement, sur le parking juste derrière (car il n’y a aucun camping avant des centaines de kilomètres). De plus, le Billabong Roadhouse propose aux voyageurs de se doucher gratuitement, un vrai confort pour des backpackers comme nous ! En entendant la conversation, une backpacker me suggère de rester ici également.

Billabong Roadhouse
On fait le plein de carburant au Billabong Roadhouse. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Écoutant toujours les bons conseils et après en avoir parlé à mon acolyte, Steven, nous nous installons sur le parking où des dizaines de voitures sont déjà garées. Après un bon décrassage et un rapide dîner, il est l’heure d’aller se coucher. Malgré l’impossibilité d’entrer dans le parc national et de voir la couleur rose du Pink Lake, nous avons tout de même passé une belle journée, sauvée par la visite de la côte de Kalbarri. Néanmoins, j’espère que notre programme ne sera plus trop bousculé car je vous avouerais que je commence à en avoir assez des déconvenues ponctuelles depuis mon départ de la Gold Coast.


Les Pinnacles et Jurien Bay, la nature à l’état brut

La première nuit à l’arrière de Justin, notre nouveau van, a été bien plus reposante et confortable que je ne l’aurais imaginée. Protégés du froid (contrairement à la tente) avec un espace suffisant pour ne pas être gênés par les bagages (contrairement à Furiosa), nous avons pu dormir d’une seule traite jusqu’au petit matin.

La plage déserte de Kangaroo Point

Le petit-déjeuner vite ingurgité, nous partons vers notre prochaine destination, située à une centaine de kilomètres au nord de notre camping. Après Yanchep et ses kangourous, place à Nambung, un autre parc national du Western Australia, célèbre pour son paysage très atypique. Néanmoins, avant de rentrer dans le vif du sujet, nous faisons un léger détour à Kangaroo Point, une plage sauvage face à l’océan Indien.

Comme son nom le laisse penser, ce site est connu pour ses kangourous se baladant au bord de l’eau à l’apparition des premiers rayons de soleil. Le parc national, à quelques kilomètres de là, n’ayant pas encore ouvert ses portes, nous en profitons pour tenter de rencontrer de nouveaux amis à poils sautant joyeusement sur le sable. Malheureusement, nous n’aurons pas cette chance… À notre arrivée, la plage est complètement déserte. Nous restons environ une demi-heure à observer cette nature paisible (même trop paisible) avant de prendre la décision de quitter les lieux. Sans kangourou, je dois avouer que Kangaroo Point n’a rien d’exceptionnel (du moins, lorsque vous avez visité des dizaines de plages auparavant). Pour ceux ayant l’intention de préparer un road trip sur la côte ouest, je ne recommande pas spécialement de vous arrêter ici, hormis si vous désirez voir des kangourous sur la plage. Si tel est le cas, il faudra vous armer de patience et arriver extrêmement tôt sans quoi vous repartirez comme nous, bredouilles.

Kangaroo Point plage
La plage de Kangaroo Point sans kangourou… Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan Indien Kangaroo Point
Le calme de l’océan Indien. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En revenant à la camionnette, nous croisons une voiture de rangers faisant une ronde matinale, sûrement pour vérifier que personne ne campe dans les parages. Je l’avais déjà dit dans des articles précédents mais je vais me répéter : le camping sauvage est strictement interdit en Australie ! Pour ceux tentés de braver cet interdit, vous encourez jusqu’à 300$ d’amende par personne (190€). Les contrôles étant très fréquents, surtout dans les parcs nationaux, je vous déconseille de camper dans des zones non autorisées. D’autant plus qu’il existe des applications comme Wikicamps qui vous donneront une liste complète de campings gratuits en fonction de votre position. Certes, il vous faudra peut-être rouler plusieurs kilomètres avant d’en trouver un mais c’est toujours mieux que de payer une prune.

Le désert des Pinnacles

Quelques minutes après avoir quitté Kangaroo Point, nous arrivons à l’entrée du parc national de Nambung. Si vous avez pris le pass vous permettant de visiter les parcs du Western Australia, comme nous l’avons fait à Yanchep, vous n’aurez qu’à le montrer à la personne au « péage » afin qu’elle vous ouvre la barrière.

L’attrait majeur de Nambung réside en son désert particulier et fascinant. Un sable fin, de couleur ocre, s’étend sur des hectares, à perte de vue. Ce paysage sec et aride est situé à seulement quelques kilomètres de l’océan Indien, que l’on peut d’ailleurs voir en arrière-plan.

Vous me direz, en quoi ce désert a-t-il de si différent comparé aux autres ? Eh bien, sa particularité porte le nom de Pinnacles. Comme vous pourrez le voir sur les photos ci-dessous, des formations rocheuses, ressemblant à des menhirs, se dressent fièrement sur les dunes de sable jaune. Éparpillés un peu partout, ces piliers créent une ambiance très étrange, comme si nous n’étions plus sur la Terre. Datant de plusieurs millions d’années, les Pinnacles sont composés de calcaire ainsi que de coquillages et peuvent atteindre jusqu’à quatre mètres de hauteur. Alors qu’il s’agit uniquement d’une œuvre de la nature, j’ai la fausse impression qu’au contraire ils ont été sculptés par l’Homme, compte tenu de leur disposition.

Pinnacles Nambung
Bienvenue dans le désert des Pinnacles à Nambung. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous partons à pied observer de plus près les Pinnacles et bien entendu faire des photos. Disons-le tout de suite, oui ces rochers ont une forme phallique vous faisant penser à ce que vous savez… D’ailleurs, certains touristes s’en amusent en prenant des positions plutôt tendancieuses immortalisées par leur appareil photo. La faune, peu présente, est composée uniquement de mignonnes perruches roses dont certaines ont élu domicile au sommet des « menhirs ».

Menhirs Nambung
Les « menhirs » du parc national de Nambung. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pinnacles désert Nambung
Des Pinnacles à perte de vue. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Perruches Pinnacles
Deux perruches roses posées sur un pinnacle. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous marchons jusqu’au sommet d’une dune afin d’admirer le panorama et repartir ensuite vers le parking. Avant de quitter le parc national de Nambung, nous empruntons avec la voiture un chemin de terre permettant de faire un circuit dans le désert des Pinnacles. La route, à sens unique, balisée des deux côtés par de gros cailloux est très agréable (d’autant plus avec le soleil et une petite musique en fond sonore).

Nambung panorama
Panorama du parc national de Nambung depuis une dune. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Route Nambung
La route du parc national de Nambung accessible en voiture. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Balade voiture Pinnacles
Balade en voiture entre deux menhirs. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Van désert Pinnacles
Notre van, Justin, dans le désert des Pinnacles. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après plus de deux heures à arpenter le désert en long, en large et en travers, nous disons adieu à cet endroit étrange pour retourner sur la côte. Le timing n’était pas adéquat durant notre road trip mais si vous en avez la possibilité, je vous conseille de visiter les Pinnacles en fin de journée pour profiter du coucher du soleil, puis observer les étoiles à la nuit tombée. Le spectacle est paraît-il incroyable.

L’eau bleu turquoise de Jurien Bay

Voulant en découvrir davantage sur cette région, nous nous arrêtons à Jurien Bay, une ville côtière non loin de Nambung. Nous faisons une rapide halte au centre d’information de la ville pour avoir quelques recommandations sur les attractions principales des environs. L’employée nous recommande de passer l’après-midi sur la plage à seulement quelques mètres d’ici.

Nous nous y rendons, histoire de passer une petite heure qui s’est avérée plus longue que prévue. La plage de Jurien Bay est très agréable pour une balade au bord de l’eau. Encore une fois, nous sommes quasiment seuls devant l’océan, d’un calme plat, où certaines personnes en profitent pour faire de la plongée en masque et tuba. Pour notre part, nous nous contentons de marcher sur le sable où nous croisons des cormorans et d’autres oiseaux marins plonger dans l’eau pour en ressortir quelques poissons.

Plage Jurien Bay
La plage de Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage déserte Jurien Bay
Une plage déserte avec un sable fin et une eau turquoise. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Ponton abandonné
Un ponton laissé à l’abandon à Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jurien Bay ponton
Un cadre idéal pour une photo souvenir à Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan Indien Jurien Bay
L’océan Indien depuis la plage de Jurien Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce cadre idyllique nous ferait presque oublier notre programme de la journée, loin d’être terminé. Avant-dernière étape, nous partons admirer la plage de Sandy Cape. Pour cela, nous empruntons une route de terre qu’il faut prendre avec précaution surtout lorsque vous n’avez pas de 4×4. Les nids-de-poule et les graviers auront vite fait d’endommager votre voiture si vous n’y prêtez pas attention. Malgré la mauvaise route, je ne regrette pas du tout d’avoir pris ce chemin. Des dunes de sable, une plage reposante et un coucher de soleil permettent de terminer cette journée en apothéose.

Sandy Cape plage
Sandy Cape, une plage parfaite pour se relaxer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coucher soleil plage
Le soleil commence à descendre à Sandy Cape. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Sur un camping, vous pouvez passer la nuit à Sandy Cape contre quelques dollars. Pour notre part, ayant un budget assez serré, nous préférons trouver un lieu où dormir gratuitement. D’autant plus qu’à quelques kilomètres de là existe un parfait free camp, lui aussi en bord de mer. Nous avons la chance de trouver une place, parfaitement positionnée, juste devant l’océan. Attention, les campings gratuits pouvant être vite pris d’assaut, je vous suggère d’arriver en début de soirée pour être sûr d’avoir un endroit où garer votre voiture. Dans la nuit, beaucoup de voyageurs sont arrivés mais ont dû faire demi-tour car plus aucune place n’était disponible. Bercé par le bruit des vagues, je m’endors comme un bébé, heureux de cette deuxième journée de road trip.

Camping gratuit plage
Un lieu parfait pour passer la nuit, juste devant l’océan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coucher soleil camping
Coucher de soleil devant la plage de notre camping. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien