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Balade à vélo à Rottnest Island

Cinq heures du matin, l’alarme de mon téléphone retentit, m’indiquant qu’il est temps de me lever. Tel un zombie, je me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche, me brosser les dents puis je pars  dans la cuisine, sans plus attendre, afin de préparer le casse-croûte de ce midi. Trois quarts d’heure plus tard, je retrouve Jennifer dans le salon de l’auberge, prête pour partir en excursion.

Temps fort de notre séjour à Perth, nous partons visiter Rottnest Island, une île située à environ 19 kilomètres de la côte australienne. Pour s’y rendre, nous devons prendre un ferry au port de Fremantle, un des quartiers sud de la ville.

La traversée en bateau

Nous prenons la voiture car le port n’est pas tout prêt d’ici. Traverser la ville du nord au sud, devrait nous prendre une demi-heure si le trafic est fluide. Vers six heures du matin, je ne pense pas qu’il y ait des kilomètres de bouchon, car les gens partent un peu plus tard pour rejoindre leur lieu de travail.

Nous arrivons, sans aucun problème, au terminal de notre ferry, qui partait vingt minutes après. Ne voulant pas tourner trop longtemps dans Fremantle pour trouver une place gratuite, nous préférons nous garer sur le parking du port et payer environ 8$ la journée. Au moins, nous sommes juste à côté du ferry, dans un lieu gardé et sécurisé.

Afin de valider nos tickets (achetés la veille sur Internet) nous nous arrêtons au guichet du terminal pour Rottnest Island où l’agent, à la réception, nous donne une carte de l’île ainsi que deux bons pour récupérer des vélos à l’arrivée. Pour faire le tour de l’île (d’une surface d’environ 19 kilomètres carrés) en une seule journée, il est nécessaire de se munir d’un moyen de locomotion. Il faut savoir également que la voiture est interdite, à l’exception des rangers, des pompiers et des agents de propreté afin de protéger la faune et la flore de Rottnest Island. Du coup, les touristes ont le choix entre deux modes de déplacement (en dehors de la marche) : le vélo ou le bus. Contrainte de ce dernier : celui-ci ne s’arrête qu’aux spots principaux. Désirant être libre de nos mouvements, nous avons préféré la première option, plus écologique et sportive.

Il est temps d’embarquer à bord du ferry et de traverser les quelques kilomètres qui nous séparent de cette île mystérieuse. En attendant, j’en profite pour vous raconter, en quelques lignes, l’histoire de Rottnest Island :

« À l’origine, peuplée par les aborigènes, l’île est rattachée au continent avant que la montée des eaux ne les sépare définitivement, il y a 7000 ans de cela. Déserte pendant des milliers d’années, ce n’est qu’au XVIIème siècle  que des marins hollandais décident d’en explorer les terres et ils y découvrir des indigènes plutôt accueillants : des marsupiaux, encore inconnus, les quokkas. Ces derniers donneront l’idée à Willem de Vlamingh, un capitaine hollandais, de nommer l’île, Rottnest, signifiant littéralement « nid à rats » en néerlandais.

Au XIXème siècle, Rottnest Island fut habité par un colon britannique et sa famille qui exploitèrent le sel se trouvant dans les lacs et les exportèrent sur le continent. Enfin, durant cette même période, l’île servit d’établissement pénitentiaire (comme cela a été le cas avec le château d’If à Marseille, dont je vous conseille la lecture du livre d’Alexandre Dumas, le Comte de Monte Cristo) pour les aborigènes, condamnés pour vol et/ou incendie, puis les soldats Allemands, Autrichiens et Italiens durant les deux guerres mondiales.

Aujourd’hui, environ 300 habitants vivent à Rottnest Island, principalement grâce au tourisme. L’île est connue pour ses balades, ses spots de plongée, de surf et de pêche ainsi que ses quokkas, animaux réputés être les plus heureux du monde, du fait de leur faciès naturellement souriant. »

À la découverte de l’île

Après cet interlude historique, nous voilà arrivés à Rottnest Island. Sans plus attendre, nous débarquons, prenons nos vélos et commençons notre visite. Après avoir étudié la carte sur le bateau, nous avons préétabli notre parcours qui est assez simple : faire le tour de l’île en empruntant la voie numéro numéro trois, la plus longue (environ 22 kilomètres).

Carte de Rottnest Island. Crédit photo : Site Internet Sealink Rottnest Island

Nous partons au sud pour découvrir de magnifiques dunes et plages de sable fin dont le vent marin a dessiné des ondulations sur le sol, donnant une impression de légèreté et volupté. Nous nous arrêtons quelques instants pour profiter d’un magnifique spectacle d’une mer calme, relaxante et d’un soleil en pleine ascension.

Matin Rottnest Island
Un début de matinée prometteur. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Plage sable fin
L’une des nombreuses plages de sable fin. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Puis, impatients de rencontrer les fameux quokkas, nous reprenons nos montures pour longer la côte.

De belles rencontres

Passant devant des toilettes publiques, nous en profitons pour faire un petit arrêt avant d’entamer plusieurs kilomètres de pédalage. En sortant, j’ai la grande surprise de tomber nez à nez avec deux magnifiques paons, s’approchant très près de moi. Sûrement habitués à la présence humaine, ces derniers doivent attendre que je les nourrisse. Malheureusement, ne connaissant pas leur régime alimentaire, je préfère ne rien leur donner. Je n’ai pas envie de rendre malade ces splendides animaux dont l’un deux déploie sa queue sous mes yeux.

Paons Rottnest Island
Les paons de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Voulant les caresser, j’approche doucement ma main vers eux et la pose sur le dos du paon le plus proche. Observant la manœuvre, le deuxième court vers nous et me mord la main, le plus fort qu’il peut. Heureusement, les oiseaux n’ayant pas de dent, je ne ressens qu’un léger pincement. Par contre, ayant compris le message, je prends mes distance et décide de les laisser vaquer à leurs occupations.

Quelques mètres de vélo plus tard, nous faisons encore une halte. Pourquoi cet arrêt précipité ? Eh bien, nous venons d’apercevoir un petit groupe de quokkas sur le bas-côté ! Ni une, ni deux, nous faisons une tentative d’approche, les mains bien visibles pour qu’ils sachent que nous venons en amis. Méfiants au départ, ces derniers viennent à notre rencontre ou plutôt à la rencontre de nos sacs à dos d’où émanent, certainement, des effluves de nourriture. Sur leurs deux pattes arrière, ces marsupiaux nains, nous regardent avec de grands yeux et un large sourire, les rendant complètement irrésistibles. On a envie de les prendre dans nos bras et leur faire de gros câlins.

Quokka
Le sourire de notre première rencontre avec un quokka. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Plages, baies et panoramas

Nous empruntons une route vallonnée qui met notre endurance à rude épreuve. Malgré le changement de vitesse de nos VTT, nous avons des difficultés durant certaines montées.

Route Rottnest Island
Sur la route de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nos efforts sont récompensés lorsque nous arrivons à Parker Point, où l’on peut contempler un superbe panorama dans une baie avec des bateaux amarrés, profitant d’une session de plongée. Une nouvelle fois, nous croisons un quokka qui nous salue juste avant de partir trouver un endroit au calme.

Parker Point Rottnest Island
Parker Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Eau bleu turquoise Parker Point
L’eau bleu turquoise de Parker Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quokka caché
Un quokka à Parker Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après Parker Point, nous posons nos vélos à Little Salmon Bay, une petite crique où nous profitons du soleil pour nous relaxer et prendre quelques photos sur les rochers devant une eau bleu turquoise. Cela me donne envie de me baigner mais les températures ne sont pas assez élevées pour mettre un doigt de pieds dans l’eau et ne pas ressortir frigorifié. Il faudra se contenter de la vue.

Route Rottnest Island
Quelque part entre Parker Point et Little Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Little Salmon Bay
Little Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pose Little Salmon Bay
On admire l’océan à Little Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Quelques mètres plus loin, nous voyons, sur la plage de Salmon Bay, deux pêcheurs, accompagnés d’un pique-assiette, quelque peu gênant. Trop éloignés pour voir ce qu’il se passe, nous les rejoignons afin d’assister à un spectacle très amusant. Un pélican s’est posé entre les deux pêcheurs et attend patiemment que ces derniers sortent des poissons. Opportuniste, cet énergumène, arrive à en arracher un, en plein vol, encore accroché à l’hameçon, provoquant la fureur des vieux pêcheurs. Après quelques insultes, ces derniers, bons joueurs, préfèrent se concentrer sur leur ligne plutôt que de chasser le pélican (d’autant plus qu’il reviendrait sûrement quelques secondes plus tard). En nous voyant, les pêcheurs nous sourient et nous disent, en haussant les épaules, « that’s life » (c’est la vie) d’un air résigné. Je ne peux m’empêcher de rire à cette boutade avant de leur souhaiter bon courage et bonne chance pour la suite de leur partie de pêche.

Salmon Bay vue
Vue panoramique sur Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican petit-déjeuner
Le pélican attendant son petit-déjeuner. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pélican Salmon Bay
Le pélican de Salmon Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le phare de Rottnest Island

Nous arrivons à un carrefour où deux choix s’offrent à nous. Continuer le tour de l’île sur une route plane ou visiter le Wadjemup Lighthouse, le phare de Rottnest Island situé, bien évidemment en haut d’une colline. Sans hésitation, nous prenons la deuxième option. Nous sommes ici pour une journée seulement donc autant en profiter le plus possible.

La montée est, comment dire, très pentue et il nous faudra utiliser toutes nos forces pour nous hisser en haut de la colline. Arrivés au sommet, nous avons droit à une vue à 360 degrés sur Rottnest Island. Le phare se situant au centre de l’île, nous pouvons apercevoir les plages, les baies alentours ainsi que les lacs que nous verrons de plus près cet après-midi.

En attendant, nous nous arrêtons au pied du phare, gardien de l’île et protecteur des navires, passant au large, pour rejoindre Fremantle. Pour les touristes que cela intéresse, il est possible de visiter le Wadjemup Lighthouse pour quelques dollars. Cependant, nous préférons l’admirer gratuitement d’en bas.

Phare Rottnest Island
Le phare de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Wadjemup Lighthouse
Le phare sur la colline Wadjemup. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une balade en bonne compagnie

Nous reprenons la route empruntée pour rejoindre le phare qui, en sens inverse, est beaucoup plus facile. Vous décrire tous les arrêts seraient beaucoup trop long mais je peux vous dire qu’il y a des dizaines de spots à voir et à admirer : Nancy Green Island où un quokka s’est amusé à fouiller mon sac à dos et à balancer certaines affaires sur le sable, Mary Cove, Wilson Bay, Eagle Bay, des lacs comme le Pink Lake qui comme son nom l’indique arbore une couleur rose pâle…

Plage Rottnest Island
Admirez des paysages magnifiques. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pont rocher
Un rocher en forme de pont comme sur la Great Ocean Road. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Nancy Green Island
Nancy Green Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
côte sableuse
Les côtes sableuses de Rottnest Island. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Points de vue
Des points de vue magnifiques. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Pink Lake Rottnest Island
Le Pink Lake. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

À chaque arrêt, nous rencontrons des quokkas avec qui nous faisons des selfies (pour ceux qui le veulent bien). Je ne sais combien de photos j’ai prises avec ma GoPro. Moi qui avais peur de n’en croiser aucun, mes craintes ont très vite disparues.

Quokkas Déjeuner
Deux quokkas attendant un petit bout de notre déjeuner. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quokka plage sourire
Un beau sourire pour la photo ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Selfie
Un selfie réussit ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Quokka sac à dos
Un quokka fouillant mon sac à dos. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
GoPro Quokka
Un quokka curieux par ma GoPro. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Retour sur Perth

En milieu d’après-midi, nous terminons notre boucle et arrivons au quai du ferry qui nous ramènera d’ici une heure à Perth. Je profite de ce temps libre pour acheter des cartes postales, faire des dernières photos avec mes amis les quokkas et me poser avec Jennifer sur l’herbe fraîche d’où nous pourrons apercevoir le ferry accoster.

Cette journée à Rottnest Island a été incroyable ! Ce sera, sans nul doute, l’un de mes meilleurs souvenirs en Australie. Si vous passez par Perth, vous devez obligatoirement visiter cette île merveilleuse où j’aurais bien aimé dormir une nuit. Je pense que pour profiter pleinement de ce lieu, deux jours sont nécessaires. Un pour faire le tour de l’île à vélo et un autre pour faire de la plongée et découvrir la faune marine que je ne verrai pas. Cependant, mon road trip étant loin d’être fini, il y aura d’autres occasions pour prendre masque, palmes et tuba et partir à la découverte de l’océan Indien.


À la découverte de Perth

À peine réveillé, Paolo vient vers moi d’un air furieux. Ce dernier n’a pas du tout apprécié que Jade l’appelle dans la nuit, celle-ci n’arrivant pas à rentrer dans l’auberge (la serrure de la porte d’entrée étant un peu rouillée). Suite à cet incident, dont je ne suis pas responsable, il me menace de m’expulser de l’hôtel, sans me restituer ma caution. Après avoir parlementé de longues minutes et  lui faire entendre raison, il me donne un « simple » avertissement. Cette discussion irréelle me met dans de bonnes conditions pour entamer cette première journée en mode solo. Je n’en reviens pas d’avoir été sanctionné pour une faute que je n’ai pas commise. Dire que j’ai payé pour plusieurs nuits, je vais devoir prendre mon mal en patience… Petit conseil aux backpackers séjournant à Perth, évitez à tout prix le Palmerston Lodge qui me donne la sensation d’être à l’asile d’Arkham dans Batman. En effet, outre le concierge fou furieux, les personnes vivant ici depuis un long moment sont, comment dire, très bizarres (gentilles mais pas très nettes).

Visite du centre-ville

Ce matin, j’ai pris rendez-vous chez un garagiste afin de procéder à la révision de ma voiture. Avant d’entamer un parcours de plus de 4000 kilomètres, pour rejoindre Darwin, située dans l’état du Northern Territory, il est primordial de faire un check-up complet. D’autant plus que j’ai déjà bien roulé depuis mon départ de la Gold Coast, avec un peu plus de 5500 kilomètres au compteur.

Je laisse ma voiture au garage Kmart (une chaîne de grandes surfaces discount, proposant également un service réparation pour les voitures) où le mécanicien me propose de me téléphoner avant de procéder à toute réparation. Cela me permettra d’avoir une estimation des coûts et des pièces à changer.

En attendant, je décide de partir découvrir le centre-ville de Perth. Comme dans toute grande métropole australienne, je commence ma visite par le Central Business District (CBD) ou quartier des affaires en français. Au milieu des buildings appartenant à de grandes banques, fonds d’investissements et autres géants du secteur financier, je déambule sans destination particulière, empruntant les rues au hasard.

CBD Perth
Vue sur le CBD de Perth. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
CBD Perth
Maison au style alsacien dans le CBD. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Très rapidement, je me trouve à proximité des grands centres commerciaux et boutiques de prêt-à-porter, électronique, souvenirs… J’en profite pour acheter une nouvelle GoPro ainsi qu’une perche qui flotte à la surface de l’eau. Les occasions de découvrir la faune marine ne manquant pas sur la Western Australia, je préfère m’équiper convenablement et remplacer la caméra perdue dans les profondeurs de l’océan à Port Lincoln.

Je décide de prendre la toute dernière version, en n’oubliant pas d’acheter une carte mémoire et une perche en plastique flottante et fluorescente. Je demande au vendeur de me donner deux factures afin de me faire rembourser la TVA à l’aéroport. Pour ceux qui ne le savent pas, lorsque vous faites un achat de plus de 300$ (environ 190€), vous pouvez récupérer la TVA, correspondant à environ 9% du prix. Ce n’est pas grand chose mais c’est toujours ça de pris. Pour ma part, ce sera 50$ (soit 30€) d’économie.

La GoPro en ma possession, je continue la visite du CBD en empruntant des rues piétonnes où je croise, de temps à autre, des sculptures en plein air, dans un style assez proche de celles de Brisbane. D’ailleurs, je trouve que Perth ressemble sur certains aspects à Brisbane : un CBD adjacent à un fleuve traversant la ville, de grands jardins botaniques où les habitants font leur jogging matinal, un quartier spécifique pour faire la fête… L’une des différences majeures entre les villes est la présence de plages à Perth alors que Brisbane doit se contenter d’un « lagoon » artificiel.

Statues CBD
Des statues éparpillées dans le CBD. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une mauvaise nouvelle

La visite du CBD terminée, je pars me balader à Elizabeth Quay sous un grand et beau soleil. Je dois dire que cette partie de la ville est très agréable. Je traverse une grande esplanade où trône une immense sculpture en arc de cercle, traversée par les rayons éblouissants du soleil. Sur le côté, un espace avec des jets d’eau a été aménagé. Ce dernier, encerclé par des bancs et des parasols, permet aux familles de se rafraîchir les jours de forte chaleur.

Esplanade Elizabeth Quay
Esplanade à Elizabeth Quay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Sculpture Elizabeth Quay
Le soleil illumine la sculpture qui trône sur Elizabeth Quay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Jets d'eau Elizabeth Quay
Un espace avec des jets d’eau permettant de se rafraîchir en été. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Juste en face, à côte de terminaux où plusieurs ferrys attendent patiemment que les voyageurs aient fini d’embarquer, j’aperçois une petite île que l’on peut rejoindre grâce à un pont sinueux. Je décide d’y jeter un œil et découvrir ce que celle-ci cache. Une aire de jeux pour enfants et un restaurant proposent aux passants de faire une halte avec une vue sur les immeubles du CBD. Chose inhabituelle, devant la terrasse du restaurant, des oiseaux ont un comportement des plus étranges. Sorte de cormorans, ces derniers plongent dans l’eau, tête la première, puis reviennent sur le rivage où ils étendent leurs ailes et « bronzent » au soleil, attendant que leurs plumes soient complètement sèches.

Ile ferry
Vue sur l’île à côté des terminaux de ferry. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Oiseau bronzage
Après une petite baignade, il est temps de se sécher. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Oiseaux Elizabeth Quay
Un peu de farniente pour ces oiseaux. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Pendant que je les observe, je reçois un appel du garage où j’ai laissé ma voiture en début de matinée. Au téléphone, j’ai la surprise de discuter avec un mécanicien français qui me donne de bien tristes nouvelles sur l’état de santé de ma Furiosa. Outre les quatre roues à changer et la vidange, il m’informe que les suspensions et les freins doivent être remplacés. Pour couronner le tout, une fuite d’huile dans le moteur, dont il ne trouve pas la provenance, est plutôt inquiétante et n’augure rien de bon si je décide de ne pas m’en occuper. Il finit de m’achever par le coût des réparations qui s’élèverait au minimum à 1500$, sans la réparation du moteur pour laquelle il faudrait rajouter au moins 2000$ à la facture initiale. Sachant que j’ai acheté ma voiture pour 2350$ (frais partagés avec mon ancienne coéquipière Fabiola, au début de mon aventure à Cairns), sa réparation me coûterait largement plus que l’achat ! La mort dans l’âme, je demande au garagiste de ne rien toucher. Je viendrai la récupérer en début d’après-midi. Avant de raccrocher, il m’explique qu’il faudra que je paie 50$ de check-up (normal) mais également 150$ pour la vidange alors que j’avais explicitement demandé de ne rien toucher tant qu’il ne m’avait pas contacté. Me sentant quelque peu arnaqué, je lui fais part de mon mécontentement qui me permettra seulement d’avoir une remise de 50$ sur le coût total…

Rencontre de ma première coéquipière

Sonné par cette fâcheuse nouvelle, je rentre déjeuner à l’auberge avant de me rendre au garage. Sur le chemin, je réfléchis à une idée me permettant de rejoindre Darwin et surtout de visiter la côte Ouest. Une seule solution me vient à l’esprit, louer un petit camping-car pendant un mois, temps nécessaire pour arriver dans le Northern Territory.

Aux alentours de midi, j’arrive au Palmerston Lodge où je tombe nez à nez avec Jennifer, ma nouvelle coéquipière de road trip. Ayant fait quelques Skype, nous n’avons pas trop de mal à nous reconnaître. Cette dernière, après avoir séjourné à Nouméa et visité Sydney, vient d’arriver à Perth.

Avant de lui expliquer la situation, je lui laisse le temps de s’installer dans sa chambre et de faire la connaissance de Paolo qui, comme à son habitude, a un comportement extrêmement étrange. Puis, une fois Jennifer débarrassée de ses affaires, je me lance et lui parle de l’état de la voiture. Véritable poubelle ambulante, j’ai pris la décision de l’amener à la casse, avant de quitter Perth avec un camping-car dont il faudra discuter du coût, ensemble, avec notre dernier acolyte, arrivant le lendemain en soirée. Je m’excuse du désagrément mais Jennifer me rassure et ne m’en tient pas rigueur. Ce sont des aléas, indépendants de ma volonté.

Après un rapide déjeuner, nous partons récupérer la voiture, qui nous servira à nous déplacer tout au long de notre séjour dans la capitale du Western Australia. Délesté de 150$, je propose à Jennifer de visiter, demain, Rottnest Island, une île au large de Perth, accessible uniquement par ferry. Étant l’une des attractions principales de la région, elle accepte volontiers. Du coup, nous achetons un ticket aller-retour pour Rottnest Island auquel nous ajoutons la location de vélo, nécessaire si nous voulons faire un tour complet de l’île. Ce sera aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avant d’entamer un voyage de plusieurs semaines où nous serons ensemble 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.


Une page se tourne

Cette nouvelle journée est assez spéciale puisqu’elle sonne le glas de la première partie de mon road trip. Dernières heures passées avec Jade dont le vol de retour en France est prévu tard cette nuit (ou très tôt dans la matinée). Cependant, avant ces au revoir, il est l’heure de dire adieu à Margaret River ainsi qu’à notre hôte, Guillherme.

Un trajet dans la joie et la bonne humeur

Toutes les affaires rangées dans la voiture, nous partons en direction de Perth, capitale du Western Australia. Quatrième ville d’Australie (après Sydney, Melbourne et Brisbane), sa population s’élève à plus de deux millions d’habitants. Il s’agit de la seule et unique grande métropole sur la côte Ouest. Celle-ci est assez désertique comparée à la partie Est de l’Australie.

L’ambiance dans la voiture est vraiment positive même si nous sentons que la fin est proche. Musique à fond, nous avalons les derniers 270 kilomètres sans nous en rendre compte. Durant le trajet, nous discutons un peu de la suite de nos aventures. À son retour à Annecy (sa ville d’origine), Jade désire trouver un travail en Suisse, comme beaucoup de français habitant près de la frontière : les salaires y sont plus attractifs qu’en France.

Pour ma part, j’ai déjà organisé la deuxième partie de mon road trip. Changement d’équipe, j’ai trouvé deux nouveaux coéquipiers pour remonter la côte Ouest jusqu’à Darwin. Jennifer, une bordelaise, actuellement en voyage à Nouméa et Steven, un français en Working Holidays en Australie depuis quelques mois. Cette fois-ci, pas de nationalité étrangère. Loin d’être une volonté de ma part de rester entre français, mon choix s’est fait au feeling après avoir discuté avec plusieurs candidats. Je souhaitais trouver des personnes simples, ouvertes d’esprit, respectueuses et n’ayant aucun problème à partager les frais communs (essence et alimentation principalement).

Tout le voyage est d’ores et déjà programmé. Après de multiples recherches, j’ai sélectionné les principaux sites touristiques à visiter, très différents de ceux présents à l’Est et au Sud. Les attraits de l’Ouest se portent avant tout sur des parcs nationaux gigantesques. Le Western Australia et le Northern Territory sont très sauvages, avec de grandes parties désertiques, inaccessibles à certaines périodes de l’année, à traverser. Les orages et les pluies diluviennes inondent les routes non goudronnées, transformant la terre en une mélasse boueuse. Heureusement, ce ne sera pas le cas durant le road trip : la saison actuelle est plutôt sèche et aride.

Premier aperçu de Perth, Scarborough

Sur la rocade de Perth, notre attention se focalise désormais sur la route ponctuée de multiples sorties. Une simple erreur pourrait rallonger notre temps de manière exponentielle, comme cela avait été le cas à Sydney.

Nous devons rejoindre Scarborough, la plage principale de Perth, où nous avons rendez-vous avec un ami de Jade. Contrairement à Sydney, Melbourne ou Brisbane, la conduite en ville n’est pas tellement compliquée. Moins de voitures, des voies rectilignes sans ces embranchements visibles au dernier moment, c’est une véritable partie de plaisir.

Nous arrivons en début d’après-midi. L’allée en bord de mer est en travaux. Jade m’explique qu’un grand projet a été mis en place afin de rénover cette partie de la ville pour en faire une voie piétonne et commerciale. Nous profitons du soleil, d’une ambiance calme et reposante pour nous balader sur la plage immense où seuls quelques surfeurs sont à l’eau.

Balade Scarborough
Balade sur la plage de Scarborough. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Surf Scarborough
Les surfeurs de Scarborough. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Lifeguards Scarborough
Pose avec les lifeguards de Scarborough. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En milieu d’après-midi, l’ami de Jade nous rejoint sur la plage. Thiago habite à Perth, où il travaille dans l’informatique pour une grande entreprise. Cette dernière lui a offert un sponsoring, ce qui lui permet de rester de manière permanente en Australie, tant qu’il travaille pour eux. Le rêve pour un grand nombre de backpackers ! Pendant son temps libre, il s’improvise tatoueur, facturant ses services moins chers que ceux des salons traditionnels. D’ailleurs, c’est un peu pour cette raison que nous passons cette fin de journée avec Thiago. Jade souhaite se faire tatouer une citation sur son bras. Elle a demandé les services de son ami, qui lui offre une large réduction sur le prix de sa prestation. Nous suivons Thiago pour une séance de tatouage dans son appartement : celui-ci se situe dans un immeuble juste en face de la plage. Il lui faut environ deux heures pour réaliser celui de Jade, qui est ravie du résultat.

Tatouage Scarborough
Préparation de la zone à tatouer. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Concentration tatouage
Concentration extrême pour le tatoueur. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

De mon côté, j’en ai profité pour trouver une auberge de jeunesse non loin du centre-ville, et offrant des places de parking. Après un tour rapide sur Trip Advisor et Booking, mon choix se porte sur le Palmerston Lodge, dans le quartier de Northbridge. C’est là que sont concentrés la plupart des bars de Perth.

La séparation

Aux alentours de 20 heures, nous quittons Thiago pour rejoindre notre backpack qui nous réserve bien des surprises. À l’entrée, Paolo nous accueille et nous fait un rapide tour de l’auberge qui est plutôt bien entretenue (ce sera l’un des seuls points positifs de cet hôtel avec le Wifi gratuit). Durant la visite, j’apprends que le parking est en fait une toute petite cour derrière la maison où seules deux voitures peuvent rentrer. Heureusement, l’hôtel est à moitié vide et j’ai la chance d’avoir une place jusqu’à la fin de mon séjour. Nous revenons à la réception où il nous explique chaque point du règlement de manière assez sèche, avant de le terminer par la phrase suivante : « à la moindre incartade, vous serez virés de l’auberge, sans aucun remboursement ». Après nous avoir montré notre chambre et donné les clés, Paolo nous quitte précipitamment. Je commence à regretter d’avoir réservé ce backpack pour plusieurs nuits…

Fatigué et devant me lever tôt pour accompagner Jade à l’aéroport, je pars me coucher sans plus attendre. Pour sa dernière soirée en Australie, celle-ci a prévu de rejoindre ses amis à Scarborough pour une fête d’adieu. Elle me propose de l’accompagner mais je refuse poliment son invitation. Je lui prête ma voiture afin qu’elle puisse circuler facilement car à cette heure-ci, les transports en commun sont déjà fermés.

En plein sommeil, je suis réveillé par un bruit bizarre provenant de la porte d’entrée de la chambre, donnant sur le jardin. Encore endormi, je m’approche et trouve Jade dehors. Elle n’arrive pas à ouvrir la porte. Elle m’indique avoir essayé de me téléphoner, ainsi qu’à Paolo, mais sans succès. Le problème désormais réglé, je repars me coucher pour seulement deux petites heures.

Quatre heures du matin, il est temps de partir pour l’aéroport de Perth. Durant le trajet, je prends conscience qu’une page se tourne. La première partie de mon road trip ayant duré un mois est déjà terminée. Que le temps passe vite ! J’ai l’impression d’avoir quitté la Gold Coast la veille… Plus de 5000 kilomètres parcourus, des dizaines de sites visités, des temps forts incroyable (notamment avec les lions de mer) et des obstacles franchis… Je pense qu’il y a de quoi être fier.

Devant le guichet d’enregistrement des bagages, je quitte Jade avec un sentiment de mélancolie. Nous nous sommes très bien entendus tout au long de la route, avec juste de petits accrochages (normal lorsque l’on vit H24 ensemble), vite oubliés. Malgré la tristesse de la séparation, je suis impatient et excité de voir ce que l’avenir me réserve. Et je peux vous le certifier, ce ne sera pas de tout repos, bien au contraire.


Margaret River, Mecque du surf de la côte ouest

La nuit passée, dans un lit confortable, a été des plus réparatrice. J’ai dormi comme un bébé, ce qui ne m’était pas arrivé depuis très longtemps. Après une bonne douche chaude, je rejoins Jade et Guillherme dans le salon, prêt pour une promenade dans les alentours de Margaret River.

Un détour à la casse

Avant d’entamer les visites touristiques, nous faisons un léger crochet par la casse de la ville. La veille, Guillherme m’a fait remarquer que les pneus de ma voiture étaient totalement lisses et donc dangereux en cas de pluie. Le risque d’aquaplaning étant très élevé en roulant dans cet état, il me propose d’aller chercher des roues d’occasion à la casse du coin dont il connaît la réputation. Profane en mécanique, j’ai toujours peur de me faire avoir, de payer trop cher pour un service médiocre. D’autant plus que j’ai déjà utilisé une partie de mon budget voyage pour changer la batterie à Port Macquarie.

Devant la casse, un mécano, d’un âge très avancé, prend les références des roues de ma voiture ainsi que de celles de Guillherme (qui a également besoin de les changer). Ayant les mêmes types de pneus, nous cherchons ensemble, dans un capharnaüm sans nom, ces trésors cachés. Malheureusement, nous en trouvons seulement deux. D’un commun accord, je laisse ces derniers à Guillherme qui avait eu l’idée de venir ici.

Les réparations faites, je repars bredouille, devant reporter cette opération afin de continuer en toute sécurité mon road trip. Si Jade termine son voyage à Perth, pour ma part, j’ai encore des centaines de kilomètres à faire si je veux rejoindre Darwin, situé complètement au nord de l’Australie.

Un brunch dans un café du coin

Nos ventres criant famine, nous décidons, à l’unanimité, de partir prendre un brunch dans un petit café, connu avant tout par les locaux. Le Margaret River Bakery est un coffee shop assez atypique en termes de décoration. Les murs extérieurs sont décorés par des assiettes que l’on pourrait retrouver chez nos grands-parents. Puis, arrivé à l’intérieur, j’ai l’impression de me retrouver dans un appartement plus qu’un café. Une ambiance chaleureuse avec des tables, chaises et fauteuils dépareillés, des plantes disséminées sur une terrasse en bois… Tout ceci créé un environnement apaisant, une sorte de cocon où l’on a envie d’y rester pendant des heures !

Bakery Margaret River
Bienvenue au Margaret River Bakery. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous passons commande devant une magnifique vitrine où sont exposés des sandwichs gourmands et de superbes pâtisseries que l’on a envie de goûter sans plus attendre. Puis, nous partons nous installer en terrasse, essayant de trouver une table libre, ce qui n’est pas une mince affaire compte tenu du monde présent.

Une fois assis, nous n’attendons pas très longtemps avant que nos plats n’arrivent. Même s’il n’y a rien d’exceptionnel, les sandwichs et boissons sont parfaitement exécutés, ce qui ravit nos papilles.

Brunch Margaret River Bakery
Un délicieux brunch à Margaret River. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Surfers Point

Rassasiés, nous partons rejoindre Surfers Point, une plage incontournable lorsque l’on visite la région. Il s’agit d’un des spots de surf les plus réputés d’Australie. Chaque année, se tient le Margaret River Pro, l’une des compétitions de surfeurs professionnels les plus importantes au monde.

Nous arrivons sur une plage totalement déserte où seules les traces de pas sur le sable prouvent la présence d’êtres humains dans les parages. Aucun surfeur à l’eau ce qui n’est pas très étonnant compte tenu des conditions météorologiques. Les vagues puissantes se cassent n’importe où et n’importe comment. Il serait totalement inconscient de tenter sa chance et prendre le risque de mourir noyé.

Surfers Point
La plage de Surfers Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Arc-en-ciel ciel voilé
Un bel arc-en-ciel sous un ciel voilé. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Océan violent Surfers Point
L’océan est plutôt violent aujourd’hui. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous nous contentons de marcher sur le sable pour profiter de la vue malgré le froid ambiant. En effet, on ne peut pas dire qu’il fasse très chaud aujourd’hui. Le vent, l’air frais marin et les nuages gris cachant les rayons du soleil, nous obligent à nous couvrir chaudement si nous ne voulons pas tomber malade. Nous prenons un grand nombre de photos pour immortaliser ce moment exceptionnel : sur les rochers, avec, en arrière plan, l’océan déchaîné, à côté de la statue d’une femme tenant dans ses bras un poisson (me semble-t-il) ou encore sur les hauteurs pour avoir une vue panoramique.

Statue Surfers Point art
L’art en milieu naturel. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Réflexion Surfers Point
Réflexion en face des vagues déchaînées de Surfers Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En prenant les escaliers, menant à une autre partie de Surfers Point, je remarque des inscriptions placées sur chacune des marches. En observant de plus près, je m’aperçois que, sur des plaques métalliques, sont gravés les noms des vainqueurs du Margaret River Pro avec l’année de leur victoire. Curieux de savoir qui a remporté le tournoi lors de mon année de naissance en 1987, je me mets à la recherche de mon champion. Il s’agit de Tom Carroll, un australien, né en 1961, premier surfeur millionnaire grâce à un gros contrat signé avec Quiksilver, plutôt pas mal 🙂

Surf Champions Surfers Point
Le nom des champions de surf à jamais gravé à Surfers Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Retour à la maison et soirée à Dunsborough

Le temps tournant à l’orage, nous retournons en centre-ville pour déjeuner dans un restaurant asiatique avant de retourner chez Guillherme. La pluie forte et intense nous décourage de ressortir. Nous préférons nous caler devant la télévision et regarder une série plutôt que de se tremper dehors.

Dans l’après-midi, bien au chaud sous une couverture, Jade organise notre soirée avec deux de ses amies habitant dans une ville non loin de Margaret River. Nous partons à la nuit tombée, c’est-à-dire vers 18 heures, pour rejoindre Dunsborough, situé à trois quart d’heures au nord de notre position. Le trajet n’est pas très rassurant et même digne d’un film d’horreur. Sur une petite route au milieu d’une forêt dense, qui ne m’inspire rien de bon, nous ne croisons quasiment personne. En plus, nous devons faire attention à la faune environnante, avec des kangourous qui n’hésitent pas à se jeter sous les roues des voitures.

Heureusement, nous arrivons sans encombre à Dunsborough où nous rejoignons les amies de Jade, de nationalité brésilienne, dans l’un des seuls pubs encore ouvert à cette heure-ci. N’étant pas dans de grandes villes comme Sydney ou Melbourne, les commerces ferment relativement tôt dès que le soleil se couche. Malgré le froid, nous passons une très bonne soirée où chacun raconte un peu son histoire et ses projets. Bien évidemment, comme beaucoup d’étrangers, le seul but est de rester en Australie par tous les moyens et de manière permanente, ce qui est très compliqué. Encore pire que la France, le Brésil souffre non seulement d’une crise économique importante mais aussi de la violence des gangs, du trafic de drogue ou encore de la corruption des politiciens, poussant leurs habitants à tenter leur chance dans d’autres pays.

Après cette discussion très intéressante, nous quittons Dunsborough aux alentours de minuit pour rejoindre Margaret River. Demain, nous entamons notre dernier trajet pour arriver à Perth, la destination finale de Jade, avant qu’elle ne reparte pour la France et dise adieu à ce pays merveilleux qu’est l’Australie.


Visite éclair à Albany, direction Margaret River

Ce matin, je me réveille plutôt serein et surtout soulagé par la décision prise, la veille, suite à une énième dispute avec Patricia. Puisque la cohabitation est devenue impossible, il est désormais temps de nous séparer afin de terminer ce road trip de la meilleure manière possible.

Au revoir et bon vent

Nous amenons Patricia à la gare routière d’Albany (la plus proche de notre position). Le trajet en voiture se fait dans un silence assourdissant qui met tout le monde mal à l’aise. Heureusement, il nous faut seulement une demi-heure pour arriver à destination où nous avons une agréable surprise. La station de bus est située à proximité d’un centre d’information touristique et surtout de douches publiques en accès libre.

Nous en profitons pour faire un brin de toilette avant de s’atteler à la réorganisation du coffre de la voiture. Nous laissons Patricia ranger et prendre ses affaires, sans la presser. Cette dernière semble embêtée car elle ne peut pas tout emporter avec elle. Sans compter son énorme sac de randonnée, elle dispose d’un carton entier de produits de beauté ainsi que de la tente et du matelas, donnés par son copain de la Gold Coast. Croyant que cela nous handicaperait pour la fin de notre voyage, Patricia décide de jeter dans la benne à ordures le matelas ainsi que d’autres affaires de camping au lieu de les laisser. Si nous n’étions que tous les deux, je comprendrais son geste mais faire ça à Jade, j’ai un peu plus de mal. Désormais, connaissant son vrai visage, je ne suis pas étonné de son comportement mesquin, digne d’un enfant de cinq ans. Malheureusement pour elle, la voiture étant déchargée quasiment à moitié, nous avons la place de dormir à deux à l’arrière. Plus besoin de la tente ni d’un matelas une place pour passer la nuit dans un camping.

Enfin, le bus en direction de Perth arrive. Sans un seul mot d’adieu, Patricia quitte notre groupe avec un goût amer dans la bouche, au vu de son visage, cachant une certaine nervosité. Je pense qu’elle ne s’attendait pas à ce que je prenne une telle décision, croyant qu’il ne s’agissait que de paroles en l’air. Seulement voilà, ma patience a ses limites, à ne pas franchir.

Vue panoramique sur Albany

La côte Ouest m’étant totalement étrangère, je propose à Jade de demander conseil au centre d’information pour connaître les lieux incontournables à visiter à Albany. La dame à l’accueil nous tend une carte des alentours en entourant tout ce qu’il est possible de voir en une journée. Le vol de Jade, en partance de l’aéroport de Perth, ne nous laisse plus beaucoup de marge de manœuvre pour rester plusieurs jours au même endroit.

Après avoir écouté avec attention les conseils du centre d’information, nous partons sans plus attendre vers notre première étape à savoir le Mount Clarence où nous pourrons profiter d’une vue panoramique sur Albany et ses plages. Effectivement, nous ne sommes pas déçus par le paysage qui s’offre à nos yeux. La ville s’étend tout autour du Mount Clarence et longe la côte, offrant des kilomètres de plage.

Mount Clarence Albany
Vue sur la ville d’Albany depuis le Mount Clarence. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Middleton Beach Mount Clarence
La plage de Middleton Beach depuis les hauteurs du Mount Clarence. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Au sommet de cette montagne, trône une grande statue : un cavalier, à la gloire des troupes australiennes et néo-zélandaises, ayant combattu durant la Première Guerre Mondiale. J’ai l’impression qu’Albany tient à honorer la mémoire de ces soldats et de l’ANZAC Day (Australian and New Zealand Army Corps), jour férié, célébré chaque année le 25 avril. Outre cette statue, vous trouverez également plusieurs musées de la guerre (que nous n’aurons pas l’occasion de visiter par manque de temps).

Cavalier Anzac Day
La statue du cavalier de l’ANZAC Day. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Les plages d’Albany

Nous redescendons le Mount Clarence pour nous rendre à Middleton Beach (nom n’ayant rien à voir avec la duchesse de Cambridge – un peu d’humour ne fait pas de mal). Nous profitons d’un temps ensoleillé pour nous balader au bord de l’eau. Ce cadre idyllique avec une eau bleu turquoise serait parfait pour bronzer sur une serviette, si seulement, il n’y avait pas autant d’algues s’échouant sur la plage.

Albany océan
La côte d’Albany. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Algues Middleton Beach
La plage de Middleton Beach et ses algues. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Je suis un peu frustré de ne pas faire ce road trip en été. Voir autant de plages avec une eau cristalline, sans se baigner, c’est un peu comme aller à Burger King pour commander une salade accompagnée d’une eau minérale… Bien évidemment, je peux toujours faire quelques brasses sauf que mon corps m’en empêche, craignant le choc thermique ainsi que la fraîcheur de l’air.

Middleton Beach, visitée en long, en large et en travers, nous quittons ce bel endroit pour Frenchman Bay, une toute petite plage au sud d’Albany. Là encore, le sable est recouvert d’algues, ce qui ne donne pas forcément envie de s’y attarder alors que cet endroit a un charme fou.

Plage Fisherman Bay Albany
La petite plage de Fisherman Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Algues Fisherman Bay
Les algues ont envahi Fisherman Bay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous terminons notre visite par une promenade à Albany Wind Farm que je recommande à tout le monde. Une passerelle en bois vous permet de longer plusieurs kilomètres de falaises afin de contempler l’océan et ses vagues gorgées d’écume. Caractéristique surprenante, plusieurs éoliennes ont été installées le long de la côte pour profiter de l’énergie du vent qui souffle en rafale.

Falaises Albany Wind Farm
Promenade le long des falaises d’Albany Wind Farm. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Éoliennes Albany Wind Farm
Les éoliennes d’Albany Wind Farm. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En route pour Margaret River

En milieu d’après-midi, nous voilà fin prêt à reprendre le volant pour environ quatre heures de route. Destination, Margaret River, petit village de renommée internationale. Pour les fans de surf, Margaret River est connu pour accueillir l’une des compétitions annuelles les plus importantes au monde où l’élite des surfeurs s’affronte ardemment. Il s’agit également de la dernière étape de notre road trip avant Perth.

Connaissant bien la région, Jade fait la liste des principaux sites touristiques à voir. Elle contacte également un de ses amis, Guillherme, un brésilien habitant là-bas. Elle lui demande s’il peut nous héberger pour deux voire trois nuits afin d’éviter de dormir dans un camping, assez éloigné de la ville. Très gentiment, il accepte, ce qui nous enlève une large épine du pied.

En début de soirée, nous arrivons à Margaret River. Pendant que nous attendons Guillherme, finissant bientôt sa journée de travail, nous buvons un verre au Settlers Tavern (ou « The Tav » pour les habitués), LE bar de la ville, situé dans la rue principale, où se côtoient surfeurs et habitants. L’ambiance pub est très conviviale et chaleureuse (un peu normal car tout le monde a l’air de se connaître).

Enfin arrivé, Guillherme nous propose d’aller directement chez lui. Épuisés, nous acceptons volontiers la proposition. Dans un quartier résidentiel, le backpacker brésilien vit dans une grande maison, appartenant à son employeur, un fermier du coin. Nous faisons le tour du propriétaire où j’ai la surprise d’avoir une chambre avec un grand lit et une salle de bain ! À la découverte de ce « palace », je suis tout ému car je n’ai pas dormi dans un vrai lit, avec ma propre chambre depuis très longtemps.

Lit Margaret River
Fini la tente ou la voiture, enfin un vrai lit ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Douche Margaret River
Une douche rien que pour moi. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce moment de joie intense terminé, nous discutons un peu avec Guillherme qui sera notre guide pour la journée de demain. Très rapidement, je prends congé afin de profiter d’une douche bien chaude pour détendre mon corps fatigué. Propre et relaxé, je m’emmitoufle sous une couche de draps et couettes avant de m’endormir en quelques secondes.