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Great Ocean Road en Australie – Jour 1

Après une nuit de sommeil sur une aire d’autoroute, nous reprenons les bonnes vieilles habitudes du road trip. Terminé le confort d’une auberge de jeunesse, nous revoilà sans douche mais surtout sans chauffage. Le froid commençant à s’installer, ça n’aurait pas été du luxe d’avoir de quoi se réchauffer, surtout le matin en sortant de la tente complètement humide.

Sans plus attendre, nous remballons nos affaires et partons à notre première destination : Torquay. Cette petite ville est le point de départ de notre troisième temps fort (après Sydney & Melbourne), la Great Ocean Road.

Mais qu’est-ce que la Great Ocean Road (GOR en abrégé) ?

Il s’agit d’une route côtière qui s’étend sur 263 kilomètres dans l’État du Victoria, juste après Melbourne. Cette route a été construite après la Première Guerre Mondiale par les soldats revenus du front en Europe. Créée à des fins logistiques et économiques (transport de matière première et liaison avec des villes isolées du reste du pays), la GOR est désormais un haut lieu touristique. Tout au long de cette route, la nature offre un spectacle à couper le souffle. Entre falaises, plages et villages de pêcheurs, la GOR propose aux touristes une expérience magnifique et une diversité d’activités à ne rater sous aucun prétexte.

Circuit GOR
Circuit de la GOR. Crédit photo : Internet

Torquay, la ville du surf

Maintenant que vous connaissez le contexte, nous pouvons revenir à nos moutons et découvrir Torquay. Réputée avant tout pour le surf, la ville en a fait son fonds de commerce. En elle-même, Torquay n’a rien d’exceptionnel. Sa seule particularité repose sur le fait qu’un grand nombre de commerces soit dédié au surf : écoles, locations d’équipement, musée, sans compter les marques connues internationalement telles que Quiksilver et Rip Curl (dont les fondateurs sont originaires d’ici). D’ailleurs, cette dernière enseigne a donné son nom à une compétition où les plus grands surfeurs du monde viennent s’y affronter une fois par an : le Rip Curl Pro Surf & Music Festival.

Nous traversons la ville en voiture pour nous rendre à l’attraction principale de Torquay, Bells Beach, la plage où les surfeurs de la région viennent s’y retrouver.

Bells Beach plage
Vue sur la plage de Bells Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une fois garés sur le parking, nous rejoignons un panorama où l’on peut contempler la plage et les surfeurs attendant la vague parfaite. Le froid n’a pas calmé leurs ardeurs au vu du nombre de personnes à l’eau. Munis d’une combinaison épaisse, de gants, boots et cagoules, ces sportifs aguerris rentrent avec plaisir dans l’océan glacial de ce début d’hiver. Au vu de leur courage, je me rends compte que je suis plutôt un surfeur du dimanche. Il est hors de question que je mette ne serait-ce qu’un orteil dans l’eau même avec l’équipement adéquat. Cela me rappellerait un mauvais souvenir lorsque j’avais surfé dans l’eau froide de Lacanau (ville française située dans le sud-ouest) en automne 2013. En pleine session de surf, j’avais fait un malaise, mon corps étant en hypothermie. J’étais ressortir de là, la peau et les lèvres bleues Schtroumpfs. Autant mon corps s’acclimate aux fortes chaleurs, autant il ne fait pas le poids face au froid hivernal et à l’eau gelée. Par conséquent, je préfère observer les surfeurs de la plage et rester au sec.

Bells Beach Surf
Ils n’ont pas froid ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Surfeurs
Des surfeurs en pleine action. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Toutes les personnes à l’eau ont l’air d’avoir un bon voire un très bon niveau ce qui est nécessaire compte tenu des vagues de Bells Beach. Ce spot est plutôt réservé aux gens expérimentés. Je vois mal un débutant se débrouiller ici sans se mettre en danger. Le surf nécessite de connaître ses capacités mais aussi ses limites à ne pas franchir. L’océan étant un élément naturel incontrôlable, un accident peut vite arriver.

Surfeur Bells Beach
Surfeur analysant les vagues de Bells Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Bells Beach
Bells Beach. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Nous restons environ une heure ici avant de repartir en ville. Ce matin, en passant par la route principale qui traverse Torquay, nous avons vu qu’un marché bio s’était installé pour la journée. Autant y faire un tour avant de s’en aller. Il nous faut à peine 10 minutes pour visiter l’ensemble des stands proposant avant tout, des fruits et légumes. Malheureusement, les prix et la qualité des produits nous ont dissuadés de faire le moindre achat. Certes, la production respecte la charte du bio mais le goût des mandarines, pommes ou encore bananes de différents producteurs ont le même défaut. Ces fruits sont totalement insipides, sans aucune saveur.

Marché Bio Torquay
Marché bio de Torquay. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Aireys Inlet

La déception de ce marché nous a poussés à faire nos courses dans la grande surface du coin avant de partir à notre seconde étape, Aireys Inlet et son phare situé au sommet de la falaise de Split Point.

Plage Split Point
Plage avec le phare en arrière-plan. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

À peine arrivés, nous décidons de déjeuner non loin du phare sur l’une des tables de pique-nique mises à disposition. Au menu, saucisses et semoule. Le repas se fait dans le silence absolu car la tension est encore palpable depuis le clash de la veille entre Patricia et moi. Personne ne voulant faire un effort pour arranger les choses, nous préférons tout bonnement nous ignorer. Une nouvelle discussion ne ferait qu’envenimer la situation.

Bizarrement, je m’en accommode sans difficulté et me contente de parler avec Jade qui est de bonne humeur. Nous sommes vraiment subjugués par la beauté des paysages qui augure de bonnes surprises pour la suite. Pour le moment, le seul hic est le temps nuageux avec quelques passages menaçant au-dessus de nos têtes ainsi que le froid marin.

Le repas terminé, nous partons en direction du phare blanc. Ce dernier joue à merveille son rôle de gardien, protecteur des navires trop téméraires. Sa splendeur n’est rien comparée aux falaises qui nous entourent. La roche, de couleur ocre, s’érode au fil du temps sous l’effet des vagues salées et des marées continuelles. À certains endroits, les rochers se sont même écroulés, laissant au milieu de l’eau, de hautes tours en pierre, isolées du reste du continent.

Split Point Falaises
Les falaises de Split Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Phare Split Point
Le phare de Split Point. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ayant perdu Patricia de vue, nous partons, Jade et moi, sur l’autre versant, juste derrière le phare. Encore une fois, nous tombons sur un spectacle magnifique. Un bras de mer s’enfonce dans les terres verdoyantes du Victoria avec en arrière-plan un petit village installé sur une colline boisée.

Versant Split Point
L’autre versant de la falaise. Crédit Photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le Memorial Arch

La visite d’Aireys Inlet finie, nous reprenons la route après avoir retrouvé Patricia. Nous conduisons jusqu’au Memorial Arch qui annonce officiellement le début de la GOR. Comme son nom l’indique, ce monument est une arche en bois qui a été bâtie afin de rendre hommage aux travailleurs ayant construit la GOR, également des vétérans de la Première Guerre Mondiale.

Memorial Arch
Le Memorial Arch. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

L’arche telle qu’on peut l’admirer aujourd’hui n’est pas l’originale. En réalité, le Memorial Arch a été remplacé de nombreuses fois ces dernières décennies pour différentes raisons :

  • Rénovation ;
  • Feux de forêt ;
  • Mais surtout, accidents de la route

Dans les années 70, il avait été question de détruire le Memorial Arch, jugé trop dangereux pour les automobilistes par le gouvernement australien. L’idée avait vite été abandonnée sous la pression de la population très attachée à cette arche.

Nous nous arrêtons près du Memorial Arch afin de prendre quelques photos avant de reprendre la GOR pour trouver un camping gratuit où passer la nuit.

GOR Memorial Arch
A nous la GOR ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Camping dans la forêt

Nous longeons la côte pour finalement arriver jusqu’à la ville de Lorne, quatrième étape que nous visiterons demain matin. Non loin de là, j’ai repéré sur Wikicamps un terrain où il est possible de dormir gratuitement. Par contre, cet espace est dépourvu de toilettes et de point d’eau. Qu’à cela ne tienne, on s’en passera.

Route Lorne
Sur la route de Lorne. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le camping se situe à l’entrée d’un parc national, au milieu de grands eucalyptus où l’on peut observer des koalas si l’on a de la chance. Arrivés juste avant que la nuit ne tombe, nous installons rapidement la tente sur le dernier emplacement disponible. Nos voisins, un couple de jeunes backpackers, a loué un van très original puisqu’il s’agit de la reproduction parfaite de la Mystery Machine de Scoubidou ! Un sentiment de jalousie m’envahit tout à coup à la vue de leur engin tout droit sorti d’un dessin animé. Même si je suis attaché à ma Furiosa, je l’aurais bien troquée sans aucune hésitation contre la Mystery Machine

Scoubidou
Scoubidou bidouuu ! Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Le soleil se couche, annonçant la fin de cette journée marathon. La GOR est véritablement une merveilleuse surprise. J’avais lu beaucoup d’avis positifs sur Internet mais je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi magnifique ! Et ce n’est que le début. Le programme du lendemain étant plutôt chargé, je préfère ne pas veiller trop longtemps pour être en forme dès le réveil. Après avoir dîné, je pars au lit sans plus attendre, attendant impatiemment que le soleil se lève.


Melbourne : diversité des oeuvres d’art au « National Gallery of Victoria »

Pour cette dernière journée à Melbourne, j’ai décidé d’accompagner les filles pour finir ce séjour ensemble. Je les laisse choisir le programme, en espérant ne pas retourner dans un lieu que j’ai déjà visité. Avant de nous en aller, nous rangeons nos vêtements dans les valises puis rendons les clés de la chambre à la réception et  nous rentrons nos affaires dans la voiture. Une fois notre visite de Melbourne terminée, nous pourrons ainsi quitter la ville sans plus attendre.

Une ambiance électrique

Le temps que tout le monde soit prêt, nous partons en milieu de matinée pour nous rendre au National Gallery of Victoria. Il s’agit de l’un des principaux musées de Melbourne qui propose aux visiteurs une grande diversité d’œuvres d’art de tout style : peintures bibliques, paysages, portraits, photographie, statues antiques, art contemporain mais aussi des biens mobiliers et des œuvres tellement atypiques que je ne saurais les classifier.

Il nous faut un peu plus de 30 minutes pour arriver à destination. Sur le trajet, nous ne pouvons pas dire que l’ambiance soit au beau fixe. Je discute uniquement avec Jade qui, sans le vouloir, sert d’intermédiaire. Par exemple, je lance une conversation à laquelle Jade prend part. Puis, cette dernière se tourne vers Patricia pour avoir son avis. Celle-ci se sentant obligée d’y répondre, rétorque, uniquement à Jade, de manière très concise (se limitant souvent à un oui ou un non).

Bon, reprenons le cours de notre récit. A l’entrée du musée, je remarque qu’une exposition sur Van Gogh a lieu. Immédiatement, je pense à la France et à ma chère région où ce grand peintre s’est installé durant une partie de sa vie. Si vous passez par Arles (sud de la France), vous verrez qu’à côté des monuments datant de l’ère gallo-romaine, des expositions mettent à l’honneur cet artiste qui a réalisé de nombreuses peintures en s’inspirant du paysage arlésien. Malheureusement, l’exposition Van Gogh étant payante, nous préférons rester dans la partie gratuite (qui est déjà très vaste).

National Gallery of Victoria
Bienvenue au National Gallery of Victoria. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

A l’intérieur du National Gallery of Victoria

Nous contournons le mur d’eau, placé à l’entrée du musée, pour arriver dans une grande salle où une sorte d’immense lustre en cristal trône au milieu de la pièce. Tout autour, des escalators amènent aux étages supérieurs où chaque niveau renferme une thématique particulière avec ses dessins, peintures, sculptures qui lui sont propres.

Mur d'eau NGV
Le mur d’eau du National Gallery of Victoria. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Entrée NGV
Rez-de-chaussée du National Gallery of Victoria. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Photo NGV
Très beau jeu de lumière sur cette photographie. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous montons tous les trois au premier étage et arrivons dans une pièce réservée à l’art asiatique : vases Ming, costumes de guerrier japonais, statues de divinités hindouistes ou encore dessins à l’encre de Chine. Tout cela nous fait voyager à travers l’Asie, de l’Inde jusqu’au Japon en passant par la Chine, le Cambodge ou encore la Thaïlande.

Armure Japon NGV
Une armure de guerre japonaise. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Avalokiteshvara
Avalokiteshvara, personnage de la mythologie bouddhiste. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Vases Asie NGV
Vases et vaisselles asiatiques. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

N’ayant pas le même rythme, Jade, Patricia et moi-même, commençons à nous séparer petit à petit. Chacun a sa propre « sensibilité artistique » (si je peux m’exprimer ainsi), des goûts personnels et une curiosité plus ou moins exacerbée. Notre intérêt, très différent les uns des autres, nous amène donc à nous arrêter à des œuvres qui ne sont pas les mêmes.

Quittant la salle sur l’art asiatique en dernier, j’atterris dans l’exposition d’art contemporain. Je dois avouer que j’ai passé assez rapidement cette partie du musée car je ne suis pas un grand fan de ce style artistique. Lorsque l’on doit réfléchir un certain temps pour comprendre le sens de l’œuvre, le message de l’artiste… je décroche. Mon attention s’évapore comme neige au soleil et je n’ai alors qu’une envie, découvrir les autres salles du National Gallery of Victoria.

Art contemporain NGV
Pièce dédiée à l’art contemporain. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Cubisme NGV
Le cubisme, un art très particulier. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous arrivons alors dans l’une de mes parties préférées où sont exposées principalement des peintures et sculptures mettant en scène des passages de la Bible, des légendes gréco-romaines, des statues de divinités grecques ou encore des portraits provenant de l’époque de la Renaissance. Même si je suis très loin d’être un érudit en la matière, je suis très sensible à ces deux périodes de notre histoire qui, pour moi, sont les plus intéressantes. L’Antiquité, naissance des arts et cultures notamment avec les Grecques et Romains qui ont écrit l’histoire de l’Europe. La Renaissance, véritable « soap opera » avec toutes ses coucheries, ses adultères, ses trahisons, ses meurtres, ses alliances et mésalliances qui ont construit notre Europe mais aussi les autres continents.

Salle renaissance NGV
Salle réservée à l’époque de la Renaissance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Je passe 70% de mon temps dans cette aile du musée. Je m’arrête pour apprécier un tableau représentant l’Odyssée d’Homère où Ulysse rencontre les sirènes, un autre avec Moïse et ses tables de la loi où sont inscrits les 10 commandements ou encore des statues représentant Vénus et Apollon. Je ne vais pas vous décrire tout ce que j’ai vu car il me faudrait plus de 20 pages pour tous les recenser !

Anguish Albrecht Schenck
Anguish, œuvre plutôt macabre d’Albrecht Schenck. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Odyséee Homère NGV
Représentation de l’Odyssée d’Homère. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Moïse tables de la loi
Moïse et ses tables de la loi. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

La visite se termine avec l’art mobilier où sont exposées chaises, lampes, tables avec des styles très osés. Je m’arrête devant certains d’entre eux pour réfléchir et savoir si ces derniers ont leur place dans une maison. De mon point de vue, je n’en ai pas listé énormément. Entre un canapé construit à l’aide de centaines de nounours et une chaise « capsule » en forme d’orque, il me semble compliqué de les intégrer dans une maison quel que soit le parti pris architectural… Je crois que les seules pièces que j’aurais pu mettre chez moi seraient les lampes fluorescentes, les chaises et tables psychédéliques tout droit sorti d’un film d’Austin Powers et encore, je n’en suis pas sûr.

Art mobilier NGV
Je ne sais pas si c’est très confortable ? Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Chaise Orque NGV
Très accueillant pour s’asseoir, n’est-ce pas ? Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Retour au Queen Vic & départ de Melbourne

En début d’après-midi, après que tout le monde a fini la visite du National Gallery of Victoria, nous partons vers le Queen Victoria Market que les filles n’ont pas encore eu le temps de voir. Même si j’aurais préféré aller ailleurs, je suis le groupe sans aucun commentaire. Je ne vais pas vous refaire une description de ce marché que vous pouvez découvrir dans l’article précédent. Nous profitons d’être dans le « temple » de l’alimentation pour nous arrêter déjeuner car il est déjà 16 h. Le ventre rempli, nous pouvons repartir vers St Kilda où la voiture nous attend patiemment. Nous faisons juste un crochet par l’agence de voyage où, la veille, Patricia s’était renseignée sur les prix de la cage aux requins à Port Lincoln et passer ainsi la journée avec Jade et moi. Enfin, madame s’est décidée ! Il était temps !

Il nous faut bien plus d’une heure de marche avant d’arriver à notre véhicule. Je m’assois derrière et laisse les filles prendre le volant. A peine avons-nous démarré qu’une violente dispute éclate entre nous (enfin plus particulièrement entre Patricia et moi). Ne pouvant plus retenir ma colère, j’explose et dis à Patricia ce que je pense d’elle et de son comportement depuis le début de notre road-trip. Cette dernière n’a pas la possibilité de dire un seul mot tellement j’ai de reproches à lui faire.

Je passe bien 10 minutes à l’engueuler en anglais et lui exprimer mon épuisement face à ses réflexions, ses attitudes égoïstes qui ne sont pas tolérables, surtout lorsque l’on partage un voyage itinérant avec d’autres personnes. Pour ma part, un road-trip est basé sur l’esprit d’équipe et l’entraide, deux qualités qu’elle ne possède pas. Après m’être défoulé, Patricia me répond sans vraiment d’arguments. Son seul reproche, sur lequel je suis d’accord, est de ne pas avoir exprimé plus tôt mon ressenti vis-à-vis de ses attitudes. Chacun ayant exposé ses doléances, nous restons muets jusqu’à ce que nous arrivions au free camp situé sur une aire d’autoroute à quelques minutes de Torquay, notre prochaine destination.

Je crois que nous sommes arrivés à un point de non-retour où il va être compliqué de rétablir une amitié qui n’existe plus. Même si l’envie est forte, je ne peux l’abandonner ici, dans la nuit noire, sans aucun moyen de transport. Pour l’instant, je ne prends aucune décision, ce serait trop hâtif, je préfère attendre pour voir ce que cela va donner. Si tout le monde y met du sien, nous pourrons aller ensemble jusqu’à Perth. Si ce n’est pas le cas, il faudra prendre la décision de nous séparer. Compte tenu du fait que la voiture m’appartient, la solution sera simple : Patricia sera « éjectée » dans une ville à partir de laquelle elle devra rejoindre Perth par ses propres moyens.


Art et gastronomie à Melbourne

Nouvelle journée, nouvelle visite ! Après le marathon de la veille où je n’ai pas arrêté un instant, je décide de passer une journée au calme. Le programme n’étant pas très chargé, je prends un peu plus mon temps pour quitter l’auberge. Je décide de partir seul car malgré tous les efforts que je tente de faire, je n’arrive toujours pas à rester à côté de Patricia, d’autant plus qu’elle ne fait pas trop d’effort de son côté.

Rester zen en toutes circonstances…

Mes affaires prêtes, je quitte la chambre pour aller prendre le tram afin de visiter le nord de Melbourne. Dans les couloirs, je croise les filles encore en pyjama. Patricia me demande si je suis toujours énervé contre elle et je ne peux m’empêcher de lui dire la vérité : oui, bien évidemment. Elle acquiesce et va se doucher sans dire un mot. Jade étant toujours là, j’en profite pour lui rappeler que nous devons « booker » notre tour dans la cage aux requins car d’ici quelques jours nous serons arrivés à Port Lincoln, seule ville en Australie proposant cette activité. Patricia souhaitant finalement se joindre à nous, Jade me propose de voir ça demain sans faute. Aujourd’hui, elles ont planifié d’aller dans une agence de voyage afin de s’informer sur les prix du tour que nous avons choisi et dans le but de prendre sa décision finale.

Que de temps pour se décider ! Ce n’est pas possible de réfléchir autant pour une simple cage aux requins ! On ne lui demande tout de même pas de choisir d’envoyer ou non un missile nucléaire sur un pays ennemi. Gardant ces réflexions pour moi, je lui dis qu’il n’y a aucun problème et pars en lui souhaitant de passer une bonne journée.

L’énigme des transports en commun

Muni de ma carte Myki (nom de la carte des transports publics de Melbourne), je rentre dans le tram après avoir réfléchi de longues minutes au chemin à emprunter. J’ai beaucoup de mal à me repérer dans cette ville. Les lignes de tram et les trajectoires des bus s’entrecroisent pour devenir un vrai labyrinthe où je perds tout sens de l’orientation.

Je ne vous parle même pas de l’utilisation de la carte Myki que les habitants de Melbourne utilisent une fois sur deux. Les transports en commun sont totalement gratuits dans tout le CBD, il n’est donc pas nécessaire d’utiliser son pass. Comme vous l’aurez compris, tout ce qui se trouve à l’extérieur du CBD est payant. Maintenant, la question est de savoir si le trajet que je vais emprunter nécessite l’utilisation de la carte. Partant de St Kilda, je devrais payer le trajet de mon point de départ jusqu’à l’entrée dans la zone gratuite, enfin c’est ce que je pensais.

J’utilise mon pass mais je me rends compte rapidement que je suis le seul à l’utiliser. À l’exception des gens qui s’arrêtent à une station hors du CBD, personne ne sort sa carte … La question que je me pose est alors la suivante : si je pars d’une zone payante pour m’arrêter dans la zone gratuite, tout mon trajet serait-il gratuit ? Ça n’a aucun sens mais n’ayant pas envie de me prendre la tête avec ça, je choisis de ne plus passer ma carte, le problème est réglé !

Bienvenue à Fitzroy

Ce casse-tête ayant duré tout le trajet, je m’aperçois que je suis quasiment arrivé à mon lieu de destination : le quartier de Fitzroy. Je descends à la limite de la zone payante et je continue mon chemin à pieds.

Allée Fitzroy
Allée principale du quartier de Fitzroy. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Fitzroy est un des principaux lieux touristiques de Melbourne. La particularité de ce quartier se trouve sur les maisons, immeubles, écoles, restaurants… Des centaines de dessins (des œuvres d’art pour certains) ont été tagués sur les murs offrant ainsi aux visiteurs un musée gratuit, à ciel ouvert. Il suffit simplement de marcher dans les rues pour tomber sur de magnifiques graffitis, pas de comparaison possible avec ceux que l’on peut voir sur les ponts autoroutiers ou les trains des métros de Paris… Ici, on peut observer de véritables peintures avec des styles très différents les uns des autres : réaliste, contemporain ou abstrait, tout le monde trouvera son bonheur. Étant déjà venu l’an passé, j’en profite pour voir si les tags ont été modifiés ou si certains se sont ajoutés à la collection.

Fitzroy tag
Welcome to Fitzroy. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Une matinée très arty

Avant de partir à l’assaut de Fitzroy, je pense qu’un petit-déjeuner serait parfait pour commencer la visite en douceur… Je passe devant plusieurs coffee shops mais seul le Attaboy Roy attire mon attention – tables en bois, lierre sur les murs intérieurs, lampes et plafonniers suspendus – un cadre simple et naturel comme je les aime. Je commande un chaï latte ainsi qu’un cronut (mélange subtil entre un croissant et un beignet). La pâte feuilletée croustillante cache un cœur coulant au Nutella, un délice pour les papilles !

Petit-déjeuner Fitzroy
Un petit-déjeuner comme je les aime. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien
Coffee Shop Attaboy Roy
Ambiance bois et pureté dans ce coffee shop. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ce petit-déjeuner gourmand ingurgité, je pars me balader dans les rues de Fitzroy à la recherche du plus grand nombre de tags possible. Durant toute la matinée, j’observe les murs et m’arrête quelques minutes pour en contempler certains.

Licorne Fitzroy
Vous n’avez pas bu, c’est bien une licorne rose. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Zen fitness fitzroy
Zénitude dans cette salle de sport. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

reggae fitzroy
Inspiration reggae pour ce portrait ? Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Latino Fitzroy
Ambiance latino. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Hormis les graffitis, il est également possible de voir des sculptures. Je ne saurais dire pourquoi mais ma préférée est celle qui est située à Whitlam Place que j’avais déjà vue lors de ma première visite. Il s’agit de la représentation du courage, un homme porte un costume de lion en tenant à la main une médaille. Cette statue me fait penser au lion peureux dans le film le Magicien d’Oz qui cherche désespérément le moyen de devenir courageux. La réponse n’est bien entendue ni magique, ni palpable, elle doit venir du moi profond que le lion trouvera finalement. Je me dis alors que cette sculpture représente cela : le courage ne se voit pas, ne se porte pas comme un costume, il faut lever sa carapace pour pouvoir le puiser dans son fond intérieur.

Courage Melbourne
Représentation du courage par William Eicholtz. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Courage statue
Le courage vu de face. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Après avoir fait quelques recherches sur Internet, il s’est avéré que le message de l’artiste n’était pas vraiment celui que je m’étais imaginé ! Le sculpteur William Eicholtz s’est bien inspiré du lion du Magicien d’Oz mais cette statue est avant tout un hommage aux membres de la communauté LGBT d’avoir le courage d’être eux-mêmes. La médaille que l’homme tient dans sa main est dédiée à Ralph McLean, le premier maire ouvertement gay d’Australie, qui a travaillé pour la commune de Fitzroy de 1984 à 1985. Bon, je suis passé à côté du message principal mais en même temps, si on ne le sait pas, on ne peut pas le deviner…

Ma visite de Fitzroy se termine en début d’après-midi, lorsque mon ventre crie famine. Je quitte alors le quartier pour partir déjeuner dans le centre de Melbourne.

Déjeuner japonais & Queen Victoria Market

Pour le déjeuner, j’ai une envie toute particulière de manger un curry japonais. Pour ceux qui ne connaissent pas, le curry japonais ressemble à son homologue indien avec les particularités d’être plus doux, moins épicé et d’avoir une sauce plus épaisse. Je ne suis pas un grand fan du curry indien mais je pourrais tuer pour un curry japonais !

Je regarde sur Internet pour trouver le meilleur restaurant en la matière et choisis celui qui se trouve en pole position, le Don Don situé non loin du quartier de Chinatown. Dans une petite ruelle, je trouve l’entrée. L’immeuble ressemble plus à une habitation qu’à un restaurant japonais. Une simple porte, sans carte devant pour présenter les plats. A travers les fenêtres, j’aperçois un grand nombre de clients attablés alors qu’il est plus de 14h… J’entre et je me dirige vers le comptoir pour commander mon curry, servi en une minute.

Don Don Melbourne
Bienvenue au Don Don. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

A la première bouchée, je suis totalement conquis. Ni trop fort, ni trop fade, je sens parfaitement le goût du curry sans en être écœuré. Le poulet est bien cuit ainsi que le riz qui colle parfaitement et qui permet de pouvoir utiliser convenablement les baguettes.

Curry Japonais
Un bon curry japonais. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Rassasié et satisfait, je quitte le Don Don pour me rendre au Queen Victoria Market. Sorte de Halles, le Queen Vic (surnom donné par les habitants) propose aux clients des produits frais et des spécialités venant des quatre coins du globe : dernier arrivage de poissons, viande à la découpe, charcuterie et fromage italiens, français ou encore espagnols, arancini sicilien et bien d’autres choses encore. Même si je suis à peine sorti de table, la vue de cette nourriture étalée devant moi me donne l’eau à la bouche. Raisonnable, je passe devant les commerçants sans m’arrêter, de peur d’être incapable de résister à la tentation.

Queen Victoria Market façade
Le Queen Victoria Market ou Queen Vic pour les intimes. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Queen Victoria Market marché
Marchands dans le Queen Vic. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Balade sur les quais du Yarra

La promenade gourmande terminée, je quitte le Queen Vic pour découvrir les quais du fleuve Yarra qui traverse la ville de Melbourne d’Est en Ouest. Je passe devant la cathédrale Saint Paul, un des plus importants édifices religieux d’Australie. Son style néo-gothique tranche totalement avec les buildings érigés juste derrière lui. On voit bien comment la ville de Melbourne s’est construite. Comme dans beaucoup de villes, les premiers habitants se sont installés le long du fleuve, construisant des monuments à l’architecture élaborée. Un travail de sculpture recherché, l’utilisation de matières premières tels que le bois ou la pierre en sont les caractéristiques. Puis au fil des siècles, les immeubles se sont épurés, cimentés pour former de grands buildings cubiques.

Cathédrale Saint Paul Melbourne
La cathédrale Saint Paul. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

La gare de Flinders Street, datant de la même époque que la cathédrale, se dresse fièrement de l’autre côté de la route. Sa couleur jaune moutarde la différencie clairement des autres immeubles aux couleurs plus ternes.

Gare Flinders Street Melbourne
La gare de Flinders Street. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Flinders street
Gare de Flinders Street vue de Federation Square. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Enfin, à côté de ces deux grands monuments, la Federation Square propose aux passants une toute autre architecture, plus contemporaine. Il s’agit d’un haut lieu culturel où vous pourrez profiter de galeries d’art, d’expositions, d’un écran géant ou encore de bars et restaurants. En traversant l’un des buildings de la Federation Square, je tombe sur un spectacle où des danseuses chinoises d’un certain âge répètent une chorégraphie -sûrement traditionnelle – avec un éventail à la main. Comme beaucoup de personnes, je m’arrête, curieux de les regarder s’entraîner.

Federation Square architecture
Federation Square et son architecture moderne. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Building Federatin Square
A l’intérieur d’un building du Federation Square. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

Ma visite n’étant pas finie, je reprends ma route pour longer les bords du Yarra, aménagés en zone piétonne. Je me fais un parcours de santé, tout en admirant le fleuve, cerné de part et d’autre par les immeubles de Melbourne. Certains des arbres plantés le long de la promenade sont couverts d’une énorme écharpe, certainement tricotée par des artistes . Je ne sais pas d’où vient cette mode, mais j’avais déjà vu cela dans d’autres villes en Australie et en Europe également. Peut-être que l’on veut attirer notre attention sur le respect de notre planète en prenant soin de nos arbres et, par extension, considérer autrement nos océans, nos montagnes… Ou peut-être que c’est juste pour le fun, sans aucune intention particulière. En tout cas, message ou pas, ça m’a fait réfléchir.

Quai Yarra fleuve Melbourne
Balade sur les quais Yarra. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

 

Arbre quai Yarra
Quelqu’un avait peur qu’il ait froid. Crédit photo : CHAN OU TEUNG Fabien

En arrivant au Crown, le casino de la ville, je me rends compte que la journée est déjà terminée. La nuit commence à tomber et avec elle, ma visite des quais. Je reprends le tram (en utilisant la carte Myki) pour m’arrêter à St Kilda et aller me coucher. Demain sera la dernière journée passée à Melbourne avant de reprendre le soir même la route pour continuer notre road-trip.


Melbourne, deuxième jour

Levé le premier, je me prépare tranquillement tout en organisant le programme de ma journée. Encore une fois, je pars seul car j’ai envie de profiter pleinement de ce séjour et ne pas avoir à attendre que tout le monde soit prêt. Sans parler du fait que je n’ai pas très envie de rester avec Patricia qui risque de me polluer ma journée inutilement.

Un petit-déjeuner français

Ce matin, j’ai envie de prendre un bon petit-déjeuner dans un style purement français. Oui, de temps en temps, je dois avouer que le mode de vie à la française me manque un peu, surtout au niveau gastronomique ! L’année dernière, lors de ma première visite, Aricia m’avait amené dans un petit café français qui ne paie pas de mine, mais donne un avant-goût de notre boulangerie traditionnelle. Situé près du Casino Crown, le coffee shop « A Treat of France », propose aux clients de bonnes boissons chaudes accompagnées de viennoiseries, desserts ou en-cas salés.

Après un court trajet en tram, j’arrive dans le quartier de Southbank et rentre dans le café où je suis accueilli chaleureusement. Je commande un chocolat chaud et un pain au chocolat avant de m’installer à une table. J’en profite également pour recharger mon téléphone portable. La journée étant riche en visites, je veux être capable de prendre autant de photos que je le souhaite.

Nourriture française
Il y a comme une odeur de France. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Une matinée dans les jardins de Melbourne

Le ventre rempli, je m’envole pour ma première destination, à savoir le Royal Botanic Garden. S’étendant sur plusieurs hectares, ce jardin botanique est composé d’une végétation diverse et variée : des arbres et plantes exotiques venant des quatre coins du monde, un grand lac où les canards barbotent et passent du bon temps, ou encore des serres abritant des fleurs fragiles mais d’une grande beauté.

Au beau milieu de cette flore abondante, des bancs ont été installés un peu partout afin que les « randonneurs » puissent faire une pause de quelques minutes et contempler le paysage avant de reprendre leur marche. Des artistes se sont également installés afin de reproduire cette beauté végétale sur leur toile ou leur papier Canson. Gouache, crayons, fusains ou encore pastels, chacun utilise son « arme » favorite pour mettre en exergue cette nature et tous les petits détails qui échappent à l’œil des passants, mais donnent à ce paysage tout son caractère.

Royal Botanic Garden
Venez profiter de la nature en pleine ville. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Lac RBG
Lieu parfait pour profiter du soleil. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Royal Botanic Garden
Ou peut-être ici aussi. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Ayant perdu la notion du temps, je regarde ma montre pour m’apercevoir que je suis ici depuis déjà deux heures. Je réactive le Wifi de mon téléphone (que j’avais éteint pour économiser de la batterie) et ai la surprise de lire un magnifique message de Patricia. Cette dernière m’accuse de la laisser de côté, de ne faire aucun effort et même de ne pas l’intégrer dans les activités que nous avons réservé avec Jade avant de partir en road trip. Elle est quand même gonflée ! Quand je pense que je lui ai demandé au moins trois fois si elle voulait venir avec nous pour faire, par exemple, la cage aux requins à Port Lincoln, j’aurais mieux fait de ne pas lui proposer. Ses reproches auraient alors été justifiés. Je déteste les gens indécis qui ne savent pas trop ce qu’ils veulent faire mais qui, par la suite, font des reproches et se sentent délaissés voire abandonnés. Encore une fois, mon sang méditerranéen se met en ébullition et je décide de lui répondre de manière brutale et violente mais sans insultes. Suite à ma réponse qui m’a bien défoulé, j’éteins une nouvelle fois le Wifi pour revenir à des choses plus agréables.

Le Mémorial des guerres mondiales

A l’entrée du Royal Botanic Garden, la ville de Melbourne a érigé le Shrine of Remembrance, un sanctuaire en souvenir des femmes et hommes ayant combattu durant les deux guerres mondiales. Ce lieu de mémoire est également un musée exposant des uniformes, des armes utilisées à cette époque et l’Histoire à travers les yeux de l’Australie.

Cet édifice de granite a été bâti par deux architectes, vétérans de la première guerre mondiale, ayant posé la première pierre en 1927. Pour ceux calés en histoire, vous aurez constaté que la construction a eu lieu durant l’entre-deux-guerres et non après la Seconde Guerre Mondiale. A l’origine, ce sanctuaire était destiné à rendre hommage à la guerre de 1914-1918 uniquement. Compte tenu de la suite des événements, le Shrine of Remembrance est désormais un monument dédié à la guerre mondiale de 1939-1945 également.

A la vue de ce sanctuaire, je ne peux m’empêcher de comparer l’architecture du monument à celle de la Grèce antique. Ce toit très triangulaire, ces grosses pierres alignées parfaitement et ces statues de divinités accompagnées de lions majestueux me font penser au Parthénon d’Athènes. N’étant pas un expert en la matière, je ne suis pas sûr de ce que j’avance, jusqu’à ce que je lise la plaque commémorative confirmant mes pensées. Les architectes ont bien pris le parti de s’inspirer des grands monuments gréco-romains de l’Antiquité.

Shrine of Remembrance
Le Shrine of Remembrance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Statue Shrine of Remembrance
Une statue au style gréco-romain. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Étant un vrai fan de cette époque, je reste à contempler de l’extérieur le Shrine of Remembrance pendant plusieurs minutes avant de me décider à rentrer.

Un parti-pris historique étonnant

A l’intérieur, un hommage aux combattants est en train de se dérouler. Par respect, j’essaie de faire le moins de bruit possible et prends les escaliers pour me diriger sur le toit. Arrivé au sommet, j’ai la chance d’observer une vue magnifique. Devant moi, la grande allée pavée, commençant à l’entrée du sanctuaire, se dirige en ligne droite vers le CBD (Central Business District ou centre des affaires en français) de Melbourne avec ses grandes tours.

Vue Melbourne
Vue du haut du toit du Shrine of Remembrance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

J’en profite pour prendre de belles photos avant de redescendre au rez-de-chaussée et constater la fin de la cérémonie. Au milieu de la pièce, une grande statue d’un soldat trône fièrement, avec à ses pieds un bouquet de fleurs rouges. Derrière lui, des plaques commémoratives ainsi que des drapeaux (dont j’ignore l’origine, hormis le Royaume-Uni et l’Australie) ont été exposés également.

Statue Melbourne
Statue d’un officier australien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

De l’autre côté de la pièce, je m’aperçois que des escaliers conduisent au sous-sol. Ma curiosité me pousse à descendre et je me retrouve ainsi dans un « musée » relatant l’histoire des deux guerres mondiales. Beaucoup d’objets et d’habits sont présentés, mais aussi des vidéos et archives afin d’expliquer au public les tenants et aboutissants ayant amené à l’escalade de cette violence.

Avant de me précipiter dans ce musée, je décide de faire un arrêt aux toilettes pour me « rafraîchir » un peu. En fermant la porte des toilettes, je m’aperçois que sur le côté de la cabine, un panneau d’instructions a été accroché. A la lecture des explications, accompagnées de dessins afin que cela soit plus compréhensible, je ne peux m’empêcher de rire. Je m’arrête plus particulièrement sur les deux premières illustrations indiquant qu’il est strictement interdit de faire ses besoins par terre ou de se mettre debout, en équilibre sur la cuvette des toilettes. C’est tellement ridicule que ça en devient risible. Je crois que le pire, c’est de savoir que des personnes ont été assez stupides pour le faire, d’où cette mise en garde.

Toilettes Shrine of Remembrance
Notice d’utilisation des toilettes du Shrine of Remembrance. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Bon, retournons à la partie culturelle de ma visite. Je suis content que les Australiens aient eu l’idée de créer ce petit musée, car on ne peut pas dire que dans ce pays, la culture soit très développée. L’Australie et ses habitants sont très gentils et accueillants, mais il faut avouer que la curiosité, l’histoire et la culture au sens large du terme ne soient pas leur point fort. C’est peut-être parce qu’ils sont éloignés du reste du monde qu’est né ce désintérêt, mais en tout cas, ça fait du bien de voir de temps en temps ce genre d’endroits.

Par contre, je suis quelque peu chiffonné par la manière dont est relatée l’Histoire. Sans dénigrer leur participation aux deux guerres mondiales, ayant engendré des pertes humaines de leur côté, je ne pense pas que l’Australie ait fait partie des acteurs majeurs des batailles. A la lecture des textes et après avoir visionné les documentaires du musée, on a l’impression que c’est pourtant le cas.

Un deuxième élément m’interpelle également. Pour la Seconde Guerre Mondiale, à aucun moment, on ne parle d’Hitler, Staline, Mussolini ou encore du général De Gaulle, personnages pourtant emblématiques de cette guerre. Les explications du musée s’attardent plutôt sur la participation de l’Australie à certaines batailles en Europe et en Afrique du Nord, ou encore à l’attaque de Pearl Harbor. D’ailleurs, les grands méchants de l’histoire sont plutôt les Japonais, les nazis arrivant au second plan dans certains récits.

Étant en Australie, je trouve normal de mettre en avant le pays et son implication dont je n’en avais aucune idée. Par contre, j’ai le sentiment que l’histoire des deux grandes guerres a été quelque peu modifiée. N’oublions pas que l’action a eu lieu principalement en Europe avec la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie ou encore le Royaume-Uni.

Uniformes guerre
Uniformes portés durant la guerre. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Un bon déjeuner à Chinatown

Suite à cette explication de l’Histoire très surprenante, je quitte le Shrine of Remembrance pour aller déjeuner dans le quartier de Chinatown. Si vous voulez un repas copieux et pas cher, il n’y a rien de mieux que les restaurants asiatiques !

Je fais le tour des petits « bouis-bouis » typiques avec leurs canards laqués pendus et exposés en vitrine avant d’entrer dans l’un d’entre eux. Comme ils se ressemblent tous, j’ai choisi purement par hasard. Enfin, pas totalement non plus. J’ai sélectionné celui où la clientèle était composée uniquement de Chinois (gage de confiance).

A peine arrivé, je suis installé rapidement et commande dans la foulée. Au bout de seulement quelques minutes, mon plat arrive : un mélange canard laqué et porc au caramel accompagné de riz. Le repas est vraiment délicieux, je ne regrette pas du tout mon choix.

Plat chinois
C’est bon !!! Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Balade dans le CBD avant les retrouvailles

Comme je l’avais programmé avant d’arriver à Melbourne, je dois retrouver mon amie Aricia en cette fin d’après-midi. En attendant que l’heure arrive, j’en profite pour me balader un peu dans le CBD de Melbourne.

CBD
Bienvenue dans le CBD de Melbourne. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
CBD
Architecture bizarre mais sympa. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Je me promène entre les buildings, passe devant les boutiques du centre-ville, m’extasie devant la vitrine du salon de thé où j’avais mangé de délicieux gâteaux l’année dernière et me pose dans le jardin du Melbourne Museum avec sa magnifique fontaine. Pour terminer ce merveilleux tour, je passe devant Parliament House (le parlement australien) où j’assiste à une manifestation contre la privatisation des services aux personnes handicapées (si mes souvenirs sont justes).

The Walk Arcade
The Walk Arcade, parfait pour faire du shopping. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Gourmandises Melbourne
J’ai comme un petit creux, pas vous ? Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Mariage jardin melbourne
Un mariage dans les jardins de Melbourne. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Fontaine jardin melbourne
Splendide fontaine dans le jardin du Melbourne Museum. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Depuis que je suis arrivé en Australie en septembre 2015, c’est bien la première fois que j’assiste à cela. N’étant plus habitué aux grèves répétitives (mises en place pour un oui ou pour un non en France), je suis surpris d’y assister à Melbourne. Du coup, comme beaucoup de badauds autour de moi, je m’arrête et observe un peu cet étrange balai entre :

  • Les manifestants ;
  • Les policiers qui tentent de fluidifier le trafic routier ;
  • Les chaînes de télévision qui essaient d’avoir le meilleur plan possible afin de montrer à la fois le parlement, la manifestation et le désordre que cela génère. Tout ceci en mettant bien sûr en avant la formidable journaliste, blonde et jeune de préférence avec un décolleté plongeant. Du coup, je ne sais pas si le plan arrière est si utile que cela…
Manif Parlement
Manifestation devant le Parlement australien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Une formidable fin de journée

Cette promenade terminée, je m’empresse de rejoindre le lieu de rendez-vous avec Aricia dans une allée non loin de là. Je n’attends que quelques minutes avant de la voir apparaître au coin de la rue. Nous nous prenons directement dans les bras, tellement heureux de nous retrouver. Il faut dire que cela fait un peu plus d’un an que je ne l’avais pas vue ! La joie est immense, mais avant de commencer à discuter en détails de nos vies respectives, nous décidons de partir prendre une boisson chaude au San Churro, une chaîne de coffee shops très connue en Australie.

Nous discutons de tout et de rien pendant bien une heure avant de se décider à quitter le café pour nous balader dans les rues de Melbourne. Bien qu’il ne soit que 18h30, la nuit noire est déjà tombée sur la ville. Nous passons devant l’Université et le Hardrock Climbing où, grâce aux grandes baies vitrées, on peut voir de l’extérieur des gens grimper des murs d’escalades.

Escalade Melbourne
Le Hardrock climbing et ses murs d’escalade. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Restaurant et cinéma pour terminer en beauté

Après avoir traversé de nombreuses rues, nous arrivons au quartier italien où nous sommes attendus. Nous devons rejoindre Neil, le nouveau copain d’Aricia, qui nous attend devant un restaurant (italien, bien évidemment). Mon amie tient absolument à ce que je le rencontre car sa relation a l’air d’être bien partie pour être sérieuse.

quartier italien Melbourne
Je pense que l’on est bien dans le quartier italien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous arrivons devant le restaurant où je fais la connaissance de Neil. Plein d’énergie, très positif et ayant l’air de croquer la vie à pleines dents, ce dernier me parle un peu de lui et de ses passions. Grand amateur d’escalade, il a malheureusement dû s’arrêter suite à un accident l’ayant privé de l’usage de ses jambes. Désormais en fauteuil roulant, ce dernier me parle de son autre passion, le bateau. Loin d’être un amateur, Neil participe à de nombreuses compétitions internationales où il amène à chaque fois son bateau. Tout en faisant connaissance, nous dégustons un succulent plat de pâtes jusqu’à devoir quitter le restaurant.

dîner aricia
Aricia (à droite) et moi au restaurant italien. Crédit photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Nous avons réservé des places dans un cinéma de quartier pour voir le film Hidden Figures. A l’intérieur du Cinéma Nova, je ressens une ambiance très particulière. La décoration, les uniformes des employés et les salles vous embarquent dans un petit cinéma des années 50-60, comme on peut en voir dans certains films.

Nous nous installons confortablement sur l’un des sièges en velours marron de la salle et profitons de la séance. Le film est une véritable merveille ! Il raconte la vie réelle de trois femmes noires des années 60 travaillant en tant que mathématiciennes pour la NASA. Dans une époque où le racisme, la catégorisation des races ainsi que la misogynie étaient monnaie courante aux États-Unis, ces femmes brillantes se sont battues pour être respectées et reconnues dans leur métier. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vu, je vous conseille fortement de le regarder.

Le film terminé, Aricia et Neil me raccompagnent jusqu’à la station de tram la plus proche dont la ligne s’arrête à quelques pas de mon auberge. Ne sachant pas quand auront lieu nos prochaines retrouvailles, nous nous faisons un gros « hug » (calin) à l’australienne avant de nous séparer. Cette journée a été une véritable bouffée d’air frais. Tout en prenant mon temps, j’ai pu visiter tous les lieux que j’avais prévu de voir et ai passé un agréable moment avec Aricia et Neil.

Arrivé à l’auberge, je prends rapidement une douche avant d’aller me coucher, épuisé mais heureux. Je ne sais pas trop comment va se passer la journée de demain, mais avec l’ambiance très tendue, je ne pense pas que ce sera la grande rigolade…


À Melbourne, un début de séjour mouvementé

Sur le périphérique de Melbourne, nous mettons tous nos sens en éveil afin de ne pas nous tromper de chemin. Une erreur est si vite arrivée et pour rectifier le tir, cela peut rallonger le trajet de plusieurs minutes voire heures. Souvenez-vous de Sydney où il nous a fallu traverser deux fois la ville avant de retrouver le bon chemin pour aller sur Bondi Beach.

Maîtrisant parfaitement la conduite dans Melbourne, Jade fait un parcours sans faute jusqu’à notre auberge de jeunesse, le Pint on Punt, dans le quartier de St Kilda. Nous arrivons même en avance à la réception qui nous indique que nos chambres ne seront pas prêtes avant le début d’après-midi.

En attendant, que faisons-nous ? Ces derniers jours, n’ayant ni trouvé de douche, ni l’envie d’en prendre une au vu du froid de Canberra, nous aurions bien besoin d’un décrassage. Les salles de bain étant communes et à l’extérieur des chambres (classique dans les auberges de jeunesse), nous en profitons pour nous laver avec de l’eau bien chaude (grand confort lorsque l’on est en road trip).

Propres et détendus, il nous faut désormais trouver un parking gratuit où poser notre voiture durant notre séjour à Melbourne. Heureusement, la réceptionniste nous indique une rue à cinq minutes à pied d’ici où les places ne sont pas payantes. Par contre, à cette heure-ci, trouver un emplacement de libre peut s’avérer difficile. Qu’à cela ne tienne, nous tentons notre chance ! Et nous avons bien fait car nous en trouvons une : la dernière dans toute la rue !

Le début de la fin ?

De retour au Pint on Punt, nous organisons les quelques heures d’attente avant d’obtenir notre chambre. Par ailleurs, l’ami de Patricia devant l’héberger n’ayant plus donné signe de vie, elle est contrainte de rester à l’auberge avec nous. Cette décision de dernière minute va créer une réaction en chaîne qui va impacter la suite de l’aventure…

De son côté, Jade ayant un petit problème de santé, a pris rendez-vous chez un médecin cet après-midi. Compte tenu de ses difficultés de compréhension en anglais, nous avons décidé que je l’accompagnerai à sa consultation. Pendant ce temps, Patricia déposera dans la chambre nos affaires restées à la réception. Après avoir regardé l’heure, j’informe Jade qu’il serait temps d’y aller pour ne pas être en retard. Celle-ci me demande, sur un air moqueur, de ne pas autant stresser car le rendez-vous est prévu d’ici 40 minutes, contrairement à ce que je pensais. J’étais persuadé que nous devions être au cabinet médical à 13h15 alors que la consultation est prévue vers 14h.

Cette erreur de ma part amuse les filles qui, dès lors, ne peuvent s’empêcher de me dire de déstresser. Patricia en rajoute même une couche. A chaque fois que j’affirme ne pas être stressé, celle-ci n’a qu’un mot comme réponse : « Relax » sur un ton sarcastique. N’aimant pas du tout ce petit jeu, je pars furieux faire un tour du quartier où je n’aurai pas à entendre ces réflexions. Elles n’ont qu’à se débrouiller seules, l’une avec son médecin et l’autre avec les bagages.

Visite de St Kilda

Respirant l’air frais de l’océan, je pars en direction de la marina et des plages alentours. Le quartier de St Kilda est très agréable. De petits immeubles au style victorien, abritant toutes sortes de commerces et surtout une superbe jetée. En arrière-plan, nous avons droit à une magnifique vue de l’océan et de la ville de Melbourne avec ses buildings. St Kilda Pier, le ponton où je me trouve, est une des nombreuses attractions touristiques à Melbourne. C’est à cet endroit que l’on peut observer des pingouins venant toutes les nuits se reposer avant de repartir au large au petit matin. Parfait, je sais où aller ce soir 😊.

Ponton St Kilda Pier
Le ponton St Kilda Pier. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
kiosque ponton St kilda
Un kiosque placé sur le ponton de St Kilda. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Plage St Kilda
Vue sur l’une des plages de Melbourne depuis St Kilda Pier. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Dans la journée, St Kilda Pier est l’emplacement où les pêcheurs de Melbourne viennent se retrouver. Attirés par l’odeur alléchante des poissons fraîchement sortis de l’eau, les oiseaux marins sont aussi de la partie. Certains pêchent par eux-mêmes, faisant des plongeons dans l’eau afin de trouver de quoi se sustenter. D’autres, plus fainéants, préfèrent attendre que les pêcheurs sortent des poissons pour les leur voler une fois qu’ils les ont décrochés de l’hameçon (ils ne vont certainement pas s’entendre avec notre président Macron).

Pour ceux qui préfèrent plus de douceur, je les invite à aller au bout de la jetée pour observer de magnifiques cygnes noirs qui nagent avec élégance. Leur balade terminée, ils n’hésitent pas à se poser sur la petite plage (où l’on peut observer les pingouins le soir) pour profiter d’un bain de soleil bien mérité.

Cygne noir St Kilda Pier
Un magnifique cygne noir à St Kilda Pier. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Ce calme olympien me fait complètement oublier l’accrochage avec les filles jusqu’à ce que Jade me demande où je suis. Je lui explique sèchement que j’ai besoin qu’on me foute la paix et que je ne suis pas disponible pour son rendez-vous chez le médecin.

Après avoir bien profité de la vue de St Kilda Pier, je regarde ma montre et m’aperçois que la chambre va bientôt être disponible. Je décide de repartir à l’auberge pour ranger ma valise même si Patricia doit s’en charger.

Une deuxième réflexion / une deuxième balade en mode solo :

Étonnée de me voir arriver seul, Patricia me demande pourquoi Jade n’est pas là. Je lui explique que j’ai suivi ses conseils et suis parti me relaxer de mon côté. Voyant qu’il ne faut pas me titiller plus, Patricia a encore la stupidité de me lancer une pique sur un air d’énervement et de dédain : « Bien, je te félicite ! » Je décide de ne pas répliquer. Je prends ma valise, la mets dans ma chambre et repars sans plus attendre vers la marina de St Kilda.

Arrivé là-bas, j’emprunte la promenade qui longe les plages jusqu’à la plus célèbre : Brighton Beach et ses cabanes en bois de toutes les couleurs. Regardant la distance sur Google Maps, j’estime, à vue d’œil, en avoir pour 30 minutes environ. Nouvelle erreur… Juste pour l’aller, je mets bien 2h de marche pour rejoindre cette fameuse plage. Heureusement que le chemin, emprunté uniquement par les cyclistes, les joggeurs et les promeneurs comme moi, est agréable. Malgré le temps couvert et le froid ambiant, je me régale à la vue de cet immense océan et de la ville de Melbourne, surtout lorsque le soleil se couche.

CBD Melbourne
Vue sur le CBD de Melbourne depuis la promenade côtière. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Enfin, j’arrive à Brighton Beach qui correspond au Bondi Beach de Sydney (en moins bien quand même). J’avoue être assez déçu de cette plage que je pensais plus grande que cela. Comme toujours, les photos trouvées sur Internet vendent du rêve par rapport à la réalité. Les cabanons sont, quant à eux, plutôt sympas. Alignés tout le long de la plage, ces derniers, multicolores, donnent une touche fun au paysage. Certains sont de véritables œuvres d’art, représentant les symboles de l’Australie ou son art de vivre. D’autres plus contemporains, revêtent un style art-déco avec une géométrie parfaite.

Brighton Beach plage cabanons
La plage de Brighton Beach. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Cabanons Melbourne
Les cabanons qui sentent bon l’Australie. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
cabanon Space Invaders Melbourne
On dirait un méchant du jeu d’arcade Space Invaders, non ? Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

N’ayant plus que 5% de batterie sur mon téléphone, je m’empresse de prendre des photos avant d’éteindre mon appareil pour sauver le peu d’énergie restante. La nuit s’approchant à grand pas, je décide de repartir à l’auberge, en faisant un détour à St Kilda Pier pour voir les pingouins nains.

Une rencontre du troisième type

Timing parfait, dans la nuit sombre, j’arrive au ponton de St Kilda où les pingouins se sont déjà installés. Ces derniers, posés sur les rochers, se laissent photographier par les touristes venus les admirer. Des panneaux d’informations demandent aux gens de ne pas utiliser de flash et de faire le moins de bruit possible afin de ne pas les déranger. Malheureusement, j’aperçois certains touristes chinois qui ne respectent pas ces indications. Je m’approche d’eux et leur montre le panneau en leur expliquant gentiment d’éteindre leur flash. Il serait temps que les gens respectent les règles, primordiales à la sauvegarde de notre environnement, de la faune et la flore avec qui nous partageons la même planète !

Pour ma part, je rallume mon téléphone portable pour faire les dernières photos de la journée. Évidemment, sans flash, mes photos rendent moins bien mais mieux vaut en avoir que pas du tout. Ces instants immortalisés, je dis au revoir à mes nouveaux amis et rentre à l’auberge où je retrouve les filles.

Balade pingouin St Kilda
Balade nocturne pour ce petit pingouin. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
pose pingouin St Kilda
Une pose juste pour la photo. Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG
Pingouin mignon St Kilda
Qu’il est mignon !!! Crédit Photo : Fabien CHAN OU TEUNG

Une fin de journée sous tension

Toujours énervé, je préfère ne pas leur parler pour ne pas envenimer les choses. Cependant, Jade vient me voir pour discuter de ce qui s’est passé. Au départ très vindicatif, je me calme rapidement et explique les raisons qui m’ont poussé à réagir comme cela. J’aime organiser les choses, tout paramétrer, me lever tôt le matin afin de pouvoir profiter pleinement de mes journées. C’est mon caractère et j’aimerais bien qu’elles ne tournent pas cela en dérision et surtout qu’elles me respectent. Je n’aime pas certaines de leurs attitudes non plus mais ce n’est pas pour cela que je le leur reproche constamment. Chacun est comme il est. Après, si nos caractères ne matchent pas, mieux vaut se séparer.

Jade comprend mon point de vue et s’excuse de m’avoir froissé. Quant à moi, je fais mon mea culpa : je ne devrais pas lui parler de manière aussi violente. Pendant toutes ces explications, Patricia a préféré ne pas assister à cela alors qu’elle est la principale cause de mon énervement. Je commence à penser que c’était une mauvaise idée qu’elle m’accompagne dans mon road trip. Cette journée m’a fait réfléchir et j’envisage de plus en plus de me séparer de Patricia qui gâche mon voyage. Mais avant de prendre une décision aussi radicale, je choisis d’aller me coucher et d’attendre de voir comment le futur va se passer.